CHAPITRE II : LA RELATION ENTRE LA TVA ET LE MARCHE
UNIQUE
Depuis que le système commun de TVA a été
mis en place au sein de l'Union Européenne, son objectif affiché
est de créer les conditions nécessaires à
l'établissement d'un marché intérieur
caractérisé par une concurrence efficace, avec la suppression des
taxes à l'importation et de l'exonération fiscale des
exportations dans les échanges entre les Etats membres.
Cet objectif sous-tend la conception d'un système de
TVA qui soit adapté au marché unique et fonctionne dans l'Union
de la même manière que s'il s'agissait d'un seul pays, les biens
et services étant taxés dans l'Etat membre d'origine.
Dans la pratique, il serait intéressant
d'établir les fondements même d'une harmonisation fiscale
(section II), prônée pour la bonne marche du
marché unique, après avoir passé en revue les
différents principes d'une TVA communautaire (section
I).
SECTION I : LES DIFFERENTS PRINCIPES D'UNE TVA
COMMUNAUTAIRE
Pour que le marché unique se comporte comme un
véritable marché intérieur, sans frontière fiscale,
un système « transitoire »14 est mis en place pour
permettre aux Etats membres de l'Union de se conformer progressivement aux
directives communautaires. Par transition fiscale15, il faut
entendre le passage des régimes fiscaux nationaux actuels à un
régime fiscal communautaire conçu dans l'optique de
l'intégration économique des pays de l'Union.
Ce système doit être remplacé à
terme par un régime définitif de taxation des échanges
entre les Etats membres reposant sur la base de leur imposition dans l'Etat
d'origine, faisant de l'union un seul et unique espace fiscal.
14 Jean-Charles TREHAN «Quelle politique
fiscale pour dynamiser le marché unique ? », Fondation pour
l'innovation politique, octobre 2006
15 opcit
14
Ce régime transitoire est fondé sur le principe
de destination (paragraphe I) pour les entreprises et sur le
principe d'origine (paragraphe II) pour les achats
transfrontaliers individuels.
PARAGRAPHE I : LE PRINCIPE DU PAYS D'ORIGINE
A- le principe
Selon ce principe, les biens et services sont taxés
là où ils sont produits, quel que soit le lieu où ils sont
consommés. L'avantage est double : il n'y a pas besoin de contrôle
aux frontières et, puisque les exportations ne circulent plus hors TVA,
les possibilités de fraude fiscale devraient être moins
nombreuses.
Considérons le cas de deux pays, le pays A où le
taux de TVA est de 5% et le pays B où il est également de 5%. Une
entreprise du pays A exporte vers B un bien dont le prix hors taxes est de
100f, et qui sera finalement vendu en B pour 300f hors taxes.
Selon le principe d'origine, le pays A lève une TVA de
5f sur le bien exporté, ce qui permet bien d'imposer à 5% la
valeur ajoutée produite sur le territoire de A. Dans le pays B,
l'entreprise importatrice collecte une TVA de 15f et déduit 5f (TVA
effectivement supportée sur le bien importé). La TVA nette
versée au gouvernement de B est de 10f, ce qui assure la taxation
à 5% de la valeur ajoutée générée sur le
territoire de B (soit 200f). Le pays A recouvre sur cette transaction une
recette fiscale de 5f correspondant à la valeur ajoutée
créée (100f) tandis que le pays B reçois 10f sur la valeur
ajoutée créée sur son territoire (200f) ; Soit une TVA
collectée cumulée de 15F répartie entre les deux pays.
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