3.1.4 : Option technologique
Le choix des options
technologiques dans l'approche participative
Une des justifications des méthodes participatives est
la reconnaissance d'une logique paysanne. L'approche participative vise
essentiellement une appropriation et une pérennisation des projets de
développement par les populations bénéficiaires. Pour ce
faire, les courtiers locaux doivent oeuvrer à une adaptation des
technologies aux conditions économiques et sociales des populations.
Cela suppose une bonne connaissance des pratiques sociales, économiques
et culturelles des populations par les courtiers locaux. L'appropriation des
technologies par les populations permet d'une part une intégration de
ces technologies dans le patrimoine technique, donc de les rendre
transmissibles aux cadets ; et d'autre part de pouvoir assurer leur
entretien et de les adapter à une évolution de
l'environnement.
Par ailleurs, dès lors que l'on reconnaît les
capacités paysannes et la légitimité de leurs savoirs
pratiques, la question n'est plus du « transfert » de techniques
`'sur mesure'' censées avoir une validité intrinsèque,
mais de renforcer les capacités paysannes ou leur proposer un
éventail d'option (Chambers 1994). Le rôle du
développement consiste non pas à transférer des techniques
issues de la recherche, mais à proposer aux paysans, en fonction de leur
situation et des problèmes qu'ils formulent, un éventail
d'options susceptibles d'apporter des réponses. Éventail
d'options à tester en situation pour en vérifier la pertinence
et/ou travailler avec les paysans à les adapter à leur
système productif (Chambers 1994).
Les expériences ont montrées que, face à
la décision d'innover, le producteur effectue un arbitrage entre les
avantages et les inconvénients de ces pratiques actuelles et de
solutions nouvelles possibles. Cet arbitrage est réalisé en
fonction de ses besoins sociaux ou économiques (intérêts)
et de l'appréciation qu'il se fait des conditions de faisabilité
de l'innovation qui peut leur paraître plus ou moins aisée ou
ardue, plus ou moins sécurisante ou risquée. Débattre de
ces critères de choix autour de tests et de situations concrètes
est une façon d'approfondir la compréhension des logiques des
paysans avec qui on travaille, et d'être progressivement plus pertinent
dans les propositions. Ceci demande de travailler et de dialoguer à
partir des concepts des paysans, de leurs indicateurs, de leurs termes.
Les limites de l'approche
participative dans le choix des options technologiques
Bien que sous-tendues par une volonté réelle de
faire participer les populations, les approches participatives dans la mise en
oeuvre des projets de développement font fi dans la plupart des cas des
savoirs locaux dans le choix de la technologie ou de l'innovation à
installer. Elles relèvent de ce qu'on qualifie de projet top
down. L'option technologique dont les populations `'ont besoin'' est
pensée et conçue par des spécialistes extérieurs
sans aucune référence à des savoirs locaux quelconques.
Alors qu'il est prouvé que l'incorporation des systèmes de
savoirs locaux appropriés dans les programmes de développement
contribue à l'efficacité, à l'efficience et à un
impact durable sur le développement (Gorjestani 2000).
La compréhension des systèmes de connaissance
des paysans est importante pour comprendre les réactions par rapport
à l'innovation, ou du moins la façon dont les paysans qui les
mettent en oeuvre les expliquent et les interprètent (Olivier de Sardan
1991). Une proposition technique cohérente d'un point de vue
scientifique peut sembler incongrue aux paysans si leurs représentations
des mécanismes en jeu sont fondées sur des bases totalement
différentes. La réaction est souvent un abandon pur et simple de
la technologie importée à coup de plusieurs millions de francs,
et le retour aux techniques locales. Les périmètres
maraîchers de Diéco et de Dodougou sont des illustrations
manifestes de cette réaction.
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