Chapitre 3: Analyse et discussion des résultats
Au regard des résultats obtenus, quatre
éléments d'analyse apparaissent. La première est une
réflexion sur la pratique du maraîchage, comme réponse
locale à la faible productivité agricole. Les trois autres
s'inscrivent dans le cadre de la problématique de la
pérennisation des projets de développement : il s'agit de la
définition des actions prioritaires, la réorganisation des
populations et la participation communautaire. Dans ce chapitre, nous nous
attellerons, au regard de nos connaissances empiriques et des théories
existantes, à démontrer à travers ces
éléments et contrairement à une thèse largement
vulgarisée, que les approches participatives ne conditionnent pas de
façon systématique l'appropriation et la pérennisation des
projets de développement communautaire.
Pratique du
maraîchage
3.1.1 : Les causes
Au cours des trente dernières années,
l'aridité climatique du Mali s'est accrue et les précipitations
enregistrées, ponctuées de périodes de sécheresse
extrême, ont été inférieures à la moyenne.
Les isohyètes se sont déplacées d'environ 200 km vers le
sud. La baisse de la pluviométrie et la diminution des apports en eau de
surface, tout comme le décalage dans le temps des saisons des pluies ont
entrainé une diminution continue des productions
céréalières (Illustration 2).
Illustration 2 : Production
céréalière des deux villages de 2002 à
2006
Production céréalières (en tonne)
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Dodougou
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Diéco
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2002 - 2003
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2003 - 2004
|
2004 - 2005
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2005 - 2006
|
2002 - 2003
|
2003 - 2004
|
2004 - 2005
|
2005 - 2006
|
Sorgho
|
12
|
9
|
11
|
10
|
19
|
10
|
11
|
11
|
Mil
|
26
|
21
|
23
|
22
|
40
|
31
|
34
|
32
|
Total
|
38
|
30
|
34
|
32
|
59
|
41
|
45
|
43
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Source : Service local de l'agriculture de Banamba,
2008
De façon générale, les productions sont
faibles et ne couvrent pas les besoins. En prenant comme année de
référence la campagne 2002 - 2003 qui est une campagne favorable
en comparaison des trois années suivantes, et en partant des normes de
consommation officielle (202 kg / personne toutes céréales
confondues), les besoins ont été couverts par la production
locale à 46 % pour Dodougou et 40 % pour Diéco. C'est pour
combler ce déficit en production céréalière, que
les populations des deux villages ont développé la pratique du
maraîchage.
La pratique du maraîchage s'inscrit parfaitement dans
cette logique paysanne qui apparait dans certains pays de l'Afrique de l'ouest
depuis les sécheresses de 1973 et 1984 et des politiques d'ajustement
structurel. Dans ces pays, beaucoup de paysans ont compris que dans la
conjoncture économique, où les cultures de rente et même
les cultures de subsistance ne sont plus rentables, il faut se reconvertir dans
d'autres cultures (Jacob 1995).
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