4.1.3 Quelles sont les dynamiques qui tendent à
se développer dans le bassin versant de la Vaigai-Periyar ?
L'augmentation de la pression sur la
ressource
En raison des prélèvements excessifs
d'eaux souterraines dont le rythme est souvent supérieur à celui
de la recharge, les stocks d'eaux tendent à se raréfier et le
problème de l'épuisement de la ressource se pose avec
acuité. Ceci entraîne une double conséquence : un impact
social en raison de la compétition à laquelle se livrent les
agriculteurs et un impact environnemental en raison du rôle
écologique des nappes phréatiques. Les pollutions d'origines
anthropiques, et plus singulièrement agricoles, limitent, en second
lieu, les stocks d'eau utilisables (Janakarajan et al., 2002). On a
toutefois vu que, dans certains cas, un nombre élevé de puits en
nanjai ne signifiait pas un mauvais état général
des tanks, ce qui pourrait être le signe que certains villageois aient
intégré le rôle positif du tank en tant que bassin de
percolation (cf. partie 2). Les tanks de certaines zones, comme en
karicalkatu, semblent toutefois entraînés dans une
spirale de dégradation que les comportements actuels ne semblent pas en
mesure d'enrayer. A cela, il faut bien entendu ajouter la variabilité
naturelle des précipitations qui représente la source principale
du risque agricole.
La multiplication du nombre des conflits
d'usage
Les conflits d'usage sont fréquents lorsque
l'on considère l'utilisation des ressources naturelles renouvelables. Ce
cas de figure, déjà existant, tend à se multiplier dans
les années
82
Discussion
futures, et à plus forte raison dans les zones
qui sont sujettes à un désintérêt vis-à-vis
des eaux du tank au profit des eaux souterraines. Les relations entre ceux qui
ont l'accès, et ceux qui ne l'ont pas, risque donc de se
dégrader. Dans ce cadre, les jeux de pouvoir sont susceptibles de
prendre de l'importance dans les dénouements finaux. Néanmoins,
le contexte semi-aride étant un facteur très limitant de la
disponibilité en eau, on peut penser que des comportements rationnels,
s'inscrivant sur le long terme, succéderont à des comportements
que l'on peut juger irresponsables et versatiles. Dans tous les cas, le pouvoir
politique va sans doute faire face à une complexification de la
situation d ans les campagnes.
Des inégalités difficiles à
résorber
La modernisation de l'agriculture et son
évolution vers une agriculture productiviste affecte diversement les
strates de la société. Alors qu'on pouvait penser que les
nouvelles méthodes et les nouveaux objectifs affaibliraient les concepts
de pureté rituelle et de castes, l'intégration au marché
s'est accompagnée d'une adaptation de la société aux
nouveaux modèles, sans pour autant remettre en cause ses fondements
culturels et historiques (Guru, 2004). Le processus de globalisation n'a donc
pas créé de nouvelles opportunités pour les intouchables,
pas plus qu'il ne leur promet un avenir décent. La dépendance au
tank est, pour nombre d'entre eux, plus forte que pour le reste de la
population (Balasubramanian et al., 2003). L'accès aux eaux
souterraines s'avérant de plus en plus coûteux et de plus en plus
risqué, seul les principaux propriétaires terriens sont capables
de maintenir un approvisionnement acceptable et suffisant pour sécuriser
une part de leurs cultures. La co-propriété des puits pourrait
s'avérer être un moyen efficace de coopération. Les
exemples nombreux de conflits entre co-propriétaires peut toutefois
faire douter de l'efficacité réelle de ce principe (Janakarajan
et al., 2002). Il est ainsi probable que ce soit les zones, telles que
celle de mankalanatu, basées sur un haut niveau de
coopération, qui soient les plus efficaces en termes
d'égalité dans l'accès à l'eau.
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