2.3.3 Le secteur aval et la marge littorale du bassin
versant
C'est dans cet espace que le nombre et l'emprise spatiale
des tanks sont les plus forts. Dans
les années 1970, on en dénombrait 1031
qui occupaient au total 16% de l'espace. La pluviométrie
enregistrée en 1990 est très inégale entre les deux
stations. Alors que celle de Vattanam se situe dans la moyenne, celle de
Ramanathapuram est négative de deux écart-types à la
moyenne. Des effets stationnels influent donc sur cette variable.
Etats de surface
|
TM
|
Surface (hectares)
ETM+
|
Végétation
|
faible activité
|
11172 (27%)
|
10098 (24%)
|
activité moyenne
|
1600 (4%)
|
6793 (16%)
|
forte activité
|
1850 (4%)
|
6192 (15%)
|
Sol nu
|
8625 (21%)
|
3503 (8%)
|
Eau
|
18530 (44%)
|
14722 (37%)
|
Total
|
41 777
|
41 308
|
52
Tableau 3 - Etats de surface dans le lit des tanks
(section
Image du 29/01/1991 (cf. figure 22) aval et
marge littorale)
La végétation à forte et moyenne
activité chlorophyllienne se concentre dans les non-system tanks
sur les sols noirs de la partie méridionale à un moment de
l'année où ces sols sont gorgés d'eau. La plupart des
petits tanks sont encore inondés dans la partie proche de leur digue ;
ce stock n'est toutefois pas suffisant pour assurer une deuxième culture
irriguée. La forme de ces tanks laisse transparaître les
systèmes de pentes qui s'organisent globalement d'ouest en est, avec
quelques variantes, notamment dans la partie septentrionale. Dans cette
dernière, un gradient positif de remplissage affecte les tanks d'amont
en aval. Ceci peut s'expliquer par des taux de sédimentation
supérieurs dans les tanks en amont d'une « cascade chain ».
Une même opposition affecte les tanks au sud, mais dans ce cas-ci, la
différence est aussi due à la topographie, qui présente
une rupture de pente discrète, mais détectable en effectuant des
profils topographiques, et significative pour un milieu de plaine alluviale
(Salaün, 2005). De manière générale, il est probable
que les tanks positionnés sur des versants à pentes fortes soient
davantage soumis au phénomène de comblement en raison du
ruissellement qui s'effectue au détriment des infiltrations. C'est donc
autour de ces petits tanks que la reforestation devrait être la plus
active et qu'elle génèrerait, comparativement aux fonds
dégagés par l'irrigation, des revenus plus importants que dans
les grands tanks de plaine.
Image du 11/11/1999 (cf. figure 22)
Une distinction assez nette oppose les tanks de la
partie méridionale, végétalisés et à secs,
de ceux de la partie septentrionale, stockant plus d'eau et laissant
apparaître les sédiments. À cette date, les tanks devraient
présenter des taux de remplissage important. L'accroissement du couvert
végétal durant cette phase est donc le signe d'un
désintérêt social à l'encontre des tanks. Cette
singularité se vérifie particulièrement sur les sols
noirs, dont les caractéristiques permettent la diversification des
cultures. Ces nouveaux systèmes de cultures sont aussi le
résultat de stratégies individuelles et financières qui se
développent au détriment des biens collectifs comme les
tanks.
Afin d'appuyer cela, on peut rappeler l'importance des
castes dominantes dans les organisations villageoises. Lorsque ces castes ont
l'opportunité d'accroître la disponibilité de l'eau
à des fins agricoles par le biais de puits, ou bien lorsqu'elles
s'engagent dans la financiarisation de leurs modes de production, les
institutions collectives et les paysans les plus vulnérables sont les
premiers à pâtir de cette situation, qui n'est pourtant pas viable
écologiquement à long terme. L'environnement physique et
économique (par le biais du
53
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar,
unité régionale d'analyse spatiale et sociale des
tanks
capital) sont donc deux déterminants importants
des stratégies agricoles. Ces dernières tendent pourtant à
s'émanciper du premier déterminant, ou du moins à s'en
désintéresser.
On peut relever que dans la partie nord, qui
présente un relief plus marqué et des systèmes de pentes
plus complexes, la situation est différente. Les tanks sont plus remplis
et, dans l'ensemble peu végétalisés. Ces
différences se manifestent donc comme le fruit de réponses et de
pratiques différenciées de la part des populations. Il y a donc
eu, entre les deux dates, une avancée significative de la
végétation au détriment des zones inondées dans le
sud et dans la partie centrale tandis qu'au nord, il n'y a pas eu de
changements importants, hormis un stock d'eau plus important qu'on peut, en
partie, attribuer à des facteurs climatiques.
La dynamique des zones inondées (cf. carte
23)
La carte suivante permet de révéler plus
distinctement, à l'échelle régionale, les
discontinuités spatiales et évolutives qui sont, pour
l'essentiel, le résultat de processus locaux.
Le recul de l'eau a affecté de manière
relativement homogène l'ensemble de l'espace étudié entre
1973 et 1991, exception fait des zones littorales. Une observation plus fine
révèle des « groupes » de tanks présentant des
états similaires qui s'expriment singulièrement dans la partie
méridionale. Ces remarques sont biaisées par les conditions de
sécheresse marquées autour des années 1990, ainsi que par
les différences importantes d'une station à l'autre qui ne sont
pas des éléments révélateurs d'une dynamique
durable.
La carte B est bien plus représentative d'un
phénomène de déclin des tanks dans leur fonction
première de stockage des eaux, tout du moins dans la partie
méridionale principalement. Précisons qu'à la date
considérée, la mousson n'est pas encore terminée, mais
qu'elle a néanmoins déversé la plus grande partie de ces
précipitations. Quand bien même, la végétation
présente dans le lit permet d'affirmer que la plupart des tanks vides
à cette date le resteront à la fin de la mousson.
La dernière carte exprime et renforce
même les hétérogénéités
décrites ci-dessus. La capacité de drainage différentielle
des sols peut expliquer certaines disparités à l'échelle
régionale (cf. annexe 3), mais ce sont les aspects sociaux, historiques,
comportementaux, politiques et technologiques qui permettront d'envisager avec
plus de certitudes ces différences fondamentales.
Les évolutions structurelles du lit des tanks
sont, dans l'ensemble, le reflet des dynamiques agricoles récentes qui
accordent une importance croissante à la diversification des sources
d'approvisionnement en eau d'irrigation au détriment de l'entretien
continu des tanks. Les disparités révèlent
néanmoins des degrés d'intégration variés,
témoins de l'existence de certains facteurs locaux à partir
desquels des stratégies diversifiées se sont
développées.
54
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité
régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks
Figure 22 - Cartes des états de surface du lit des
tanks de la partie aval du bassin versant de la Vaigai-Periyar et de sa marge
littorale
55
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité
régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks
N
+6
10000N
r
Y , r I - ~- 1,_ ·
Y~ ' jt .;"'
e 0
950,0 N
·
-
- J
940,0 N~j J
w
7,5 1
Kilomètres
10 10, J N
old A
1000,0 N fil 14 .46 4
4rrsi v 4;11)
1`
i,'.:1,-, ri r i .. f
I
l,~+ ~'- .R
1 · ie. .. ' ,, 4
~- 950,0 N .rt' r
f
i' 'r ÿ 4w ;s
..°V..-" ..)1j1141
1j 41 id -r 1..+ ,
1w ..--r1 s
w o'
o
w
P
16
0 7
Kilomètres
1010,0 N
r-----;''31,'37-'7'-----:::-.%,.,
N
1_ Ç /w--e
N u i
I~-Fief ,,,,t4...;,..1,1,-.0,415r'4 1
`\
4,1
950,ON ~ . · - fl
l ^ +j v "?.i4 t J J
~I f
+jjy1J ,( yy~Ç
49
' ·
*1 I+ a l
10 00,0 N
Carte de dynamique de l'eau des tanks â trois
dates
A: dynamique du 21/01/1973 au 29/01/1991
B: dynamique du 21/01/1973 au 11/11/1999
C: dynamique du 29/01/1991 au 11/11/1999
Légende commune
Etat stationnaire
MM Recul
Avancée
Source: Landsat M55153-053. Landsat TM 142-053 81
Landsat ETM+ 142-053 Conception; Mialhe François
Figure 23 -- Carte de la dynamique de l'eau à
trois dates
56
Des facteurs locaux explicatifs des
disparités territoriales
|