2.3.2 La section médiane et le
paléo-delta de la Vaigai
L'objectivité analytique de cette section est
modérée par la couverture nuageuse présente
sur
Etats de surface
|
TM
|
Surface (hectares)
ETM+
|
Végétation
|
faible activité
|
8311 (19%)
|
1850 (4%)
|
activité moyenne
|
4218 (10%)
|
5028 (12%)
|
forte activité
|
1657 (4%)
|
2368 (6%)
|
Sol nu
|
sec
|
22569 (51%)
|
9916 (23%)
|
humide
|
4964 (11%)
|
20073 (47%)
|
Eau
|
2183 (5%)
|
3494 (8%)
|
Total
|
43 902
|
42 729
|
Tableau 2 - Etats de surface dans le lit des tanks
(section médiane et du paléo-delta)
les images MSS et sur l'image ETM (du
15/05/2001).
L'élément primordial à
considérer en premier chef est l'opposition des contextes climatiques
entre les deux dates (cf. figure 21). La première image a
été acquise durant le cycle pluviométrique
déficitaire de 1989 à 1992, alors que la seconde l'a
été suite à une année 2000 plus pluvieuse que la
normale. Ceci peut d'ores et déjà expliquer les
différences d'humidité des sols (cf. tableau 2).
Image du 23/04/1990 (cf. figure 21)
49
L'alimentation en amont des system tanks par
les eaux du barrage de la Vaigai permet à certains d'entre eux de
stocker encore de l'eau à cette date pourtant avancée dans la
saison postérieure à la mousson. Le RBT est, lui aussi, plein,
résultat d'une gestion efficace qui a abouti un an plus tard à la
création de la « Ramanathapuram Big Tank Farmers Association »
regroupant les 13 villages servis par les eaux du tank (Seenivasan, 2003).
L'adhésion à cette association implique une participation
financière pour les paysans et les tenanciers afin de collecter des
fonds en vue de les réinvestir pour des opérations liées
au tank. Elle agit de concert avec les autres comités villageois, ainsi
qu'avec les neerkatties.
Les tanks végétalisés se situent
de part et d'autre du talweg, et sont donc pour nombre d'entre eux des
system tanks. Cette concentration dans les bas-fonds est
révélatrice d'une végétation pionnière
colonisant d'abord les tanks les plus humides et donc les mieux
alimentés, ce qui suppose des actions collectives, plus nombreuses, pour
enrayer la diffusion de ces végétaux, lorsque ce sont des
espèces invasives. Les densités de populations,
généralement plus élevées dans les bas-fonds,
peuvent être une cause des processus d'eutrophisation qui affectent les
eaux des tanks, en raison des déchets organiques plus importants en
terme de volume.
Au niveau du paléo-delta de la Vaigai, il y a
la combinaison de deux gradients qui expriment le passage de lits
végétalisés à des lits laissant apparaître
les sédiments déposés ; le premier, orienté
ouest-est, et le second centrifuge en partant du cours d'eau. La partie nord de
l'espace représenté exprime une forte
homogénéité entre les non-system tanks qui sont
tous à secs.
Image du 15/05/2001 (cf. figure 21)
La répartition des zones inondées est
différente de la précédente image. Celles-ci sont
concentrées dans des non-system tanks organisés en
cascade qui profitent des pluies d'été. Certains de ces
non-system tanks sont installés sur des buttes
latéritiques. Ces sols ferrallitiques sont le résultat d'une
altération intense, et ont des propriétés chimiques et
physiques peu favorables à l'agriculture (Duchaufour, 1997). C'est une
des raisons pour lesquelles les tanks sont nécessaires aux paysans afin
d'améliorer la disponibilité naturelle en eau, ce qui favorise la
coopération dans le cadre d'actions collectives (Mosse,
1997).
Comme précédemment, et pour les
mêmes raisons, les tanks végétalisés se localisent
principalement dans les bas-fonds. La couverture végétale totale
est toutefois plus faible. Parmi ces végétaux, certaines
implantations peuvent être le résultat de la politique
volontariste
50
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité
régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks
en matière de foresterie sociale. Cette
initiative, dont est responsable le Département des Forêts, a
plusieurs objectifs : (i) fournir du bois de chauffage (la consommation par
individu et par jour est estimée entre à 0.85 et 1.92 kg), (ii)
fournir du fourrage pour le bétail, (iii) limiter l'érosion des
sols, (iv) empêcher les empiètements anthropiques en amont et dans
le lit des tanks, (v) recueillir des fonds, partagés
équitablement entre le Département des Forêts et le
panchayat et (vi) renforcer l'autonomie de la population en
matière de gestion des arbres (Palanisami, 2001 ; Aiyasamy, 1982). Les
plantations concernent essentiellement les terres publiques. Les
propriétaires terriens ont une préférence pour les
cultures traditionnelles. Les principales essences d'arbres sont le
Prosopis juliflora, l'Acacia nilotica (babul), l'Eucalyptus
et le Caesalpinia coriaria (divi-divi) (Aiyasamy, 1982). Un manque de
communication entre les paysans et l'institution gouvernementale engendre
parfois des conflits. Des conflits d'ordre religieux, lié à la
présence de temples aux abords des tanks et sanctuarisant les lieux, des
conflits d'intérêts, en raison de la diminution de l'espace de
pâture, des conflits sociaux, lorsque les établissements
anthropiques illégaux sont déjà nombreux, et des conflits
naissant à la suite d'une méfiance des paysans à
l'égard de l'institution, du fait qu'ils ne soient pas toujours
informés du partage des fonds avec le panchayat. Dans certains
cas, ces conflits peuvent être exacerbés par des rivalités
entre les groupes, ou entre les castes du village, et par une absence de
leader, ce qui augmente la difficulté de communication. Leur rôle
écologique et social est pourtant primordial. Ces arbres sont
généralement plantés sur la bordure amont du lit des
tanks. Cette diversification des activités dans l'espace consacré
au tank engendre des revenus et peut donc augmenter l'intérêt de
la société pour ce bien collectif.
Résultats
Plusieurs enseignements peuvent être
tirés de ces deux cartes :
- Les non-system tanks organisés en
cascades offrent un rapport intéressant entre l'aire contributive et la
capacité de stockage qui leur permet de maximiser les eaux de
ruissellement et les précipitations in situ. Les contributions
et les stratégies individuelles et collectives doivent toutefois se
situer à un niveau élevé de coopération pour
éviter pertes et conflits, et permettent le maintien du statut public et
collectif de la ressource (Mosse, 1997) ;
- Le degré d'humidité des sols en saison
sèche peut être un indicateur d'une inondation récente ;
l'image de 2001 démontrerait donc que la dégradation des
structures n'efface pas totalement le rôle premier du tank, à
savoir le stockage de l'eau ;
- D'une année à l'autre, les tanks
végétalisés se situent dans les mêmes secteurs. Ceci
signifie que des conditions particulières sont associées à
la dynamique de la végétation, en particulier les
caractéristiques édaphiques des bas-fonds et du
paléo-delta : sols profonds mal ou imparfaitement drainés mais
assez fertiles. La dynamique de végétation concerne aussi la
strate herbacée à fort taux de recouvrement qui représente
une opportunité pour les éleveurs alentours.
- L'occupation, par des végétaux, des
bordures du lit des tanks peut, dans certains cas, être assimilée
à des ligneux dans le cadre de la foresterie sociale, et doit être
interprété comme un facteur positif, avec comme optique à
court terme une meilleur performance économique et donc une
rentabilité accrue du tank.
51
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité
régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks
Figure 21 - Cartes des états de surface du lit des
tanks de la section médiane du bassin versant de la
Vaigai-Periyar
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar,
unité régionale d'analyse spatiale et sociale des
tanks
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