2. Le bassin versant de la Vaigai-Periyar, unité
régionale d'analyse spatiale et sociale des tanks
L'approche systémique utilisée
s'organise autour de la possibilité d'articuler à plusieurs
échelles les éléments et les informations tirées de
l'analyse. Il convient donc d'abord de s'attarder sur l'unité
fondamentale des systèmes hydrologiques continentaux, le bassin versant.
Les réponses sociales, par le biais des pratiques ou de l'organisation
communautaire, se sont dans un premier temps astreintes aux conditions
environnementales avant que la technique n'ait pu, dans un second temps, les en
détacher partiellement et inégalement. Nous entendons par
là, la distinction qui existe entre les system tanks et les
non-system tanks qui fait que les premiers sont moins
dépendants des conditions in situ. L'apparition des puits est
un autre exemple probant d'une technique dont l'efficacité et la
durabilité sont fonctions des pratiques sociales. Les conditions
climatiques qui règnent dans le bassin versant ont
nécessité la mise en oeuvre de systèmes
d'irrigation. Parmi ceux-ci, les tanks sont les plus
représentés. Ils ne sont cependant pas répartis de
manière homogène; ce sont ces disparités qu'il conviendra
d'abord d'analyser. Cette phase précédera l'étude
respective des system tanks et des non-system tanks ; selon
la qualité de leurs structures et selon la gestion organisée par
les strates de la société. Nous verrons enfin l'évolution
du lit des tanks, et les différents états de surface, sur une
période d'environ 30 ans grâce aux images satellites, qui laissent
entrevoir les dynamiques principales ainsi que les usages multiples, qui leur
sont liés.
2.1 L'inscription des tanks à l'intérieur du
bassin versant
2.1.1 Les données géographiques du cadre
d'analyse
Figure 7- Profil longitudinal de la Vaigai-Periyar dans
la zone étudiée (extrait à partir des SRTM)
Le bassin versant Vaigai-Periyar draine une aire de 7393
km2 à travers 13 taluks1. Les deux cours d'eau qui
le constituent, le Periyar et la Vaigai, confluent à l'amont du lac de
retenue créé par le barrage Vaigai, pour s'écouler ensuite
en direction de l'est et se jeter dans le golfe du Bengale au niveau de la
ville de Ramanathapuram.
Le profil longitudinal de la Vaigai-Periyar, dans la
zone étudiée, se divise en trois sections de pente
différenciées (cf. figure 7). Le premier tronçon de 50 km
présente la pente la plus forte, 0.32%. C'est la portion du talweg
occupée
par le Periyar jusqu'à sa jonction avec la
Vaigai avant le lac de retenue du même nom. Elle correspond à la
partie du bassin versant dans laquelle l'irrigation par tank est
minoritaire,
voire marginale, comparée à l'irrigation
par puits et par canaux. Les puits sont en effet nombreux dans cette partie en
raison de la présence de sols limoneux et argileux très
épais et bien drainés, d'une topographie avantageuse (zone de
piémont des Southern Ghats) ainsi que d'une pluviométrie mieux
répartie dans l'année que dans le reste du bassin. Le
deuxième
1 Unité administrative
indienne
30
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar,
unité régionale d'analyse spatiale et sociale des
tanks
tronçon, du 50ème au
150ème kilomètre accuse une pente de 0.18%. Il
s'étire de la confluence des deux cours d'eau jusqu'à 15
kilomètres après Madurai, et comprend le lac de retenue du
barrage de la Vaigai. C'est dans cette portion que l'on trouve la
majorité des canaux connectés à la Vaigai et drainant ses
eaux en direction des system tanks. La pente encore importante permet
des débits probablement élevés et une fourniture en eau
régulière du fait de la proximité du barrage. Ces facteurs
sont donc propices à l'alimentation des canaux. La dernière
portion, de pente plus modeste, 0.1%, s'étire jusqu'à
l'embouchure bordant le golfe du Bengale. Les 30 derniers kilomètres
accusent toutefois une pente quasiment nulle et correspond au
paléo-delta de la Vaigai. C'est dans ce tronçon final que les
non-system tanks sont les plus nombreux. Ceci peut s'expliquer par le
débit sans doute plus faible du cours d'eau en raison de l'utilisation
de ses eaux en amont, et donc d'une fourniture plus incertaine. Au niveau
climatique, le bassin versant bénéficie des deux moussons : celle
du NE contribue à environ 45% du total annuel tandis que la mousson
d'été y participe à hauteur de 30% par des averses qui
alimentent l'amont montagneux. La tête de bassin reçoit en moyenne
une plus grande quantité de précipitations que le reste, en
raison de la période des mango showers plus arrosée, et
d'une mousson d'été plus active.
Les conditions climatiques de son bassin sont
toutefois loin d'être favorables à la formation d'un cours d'eau
pérenne. Ainsi, avant la diversion du flot du Periyar, la Vaigai avait
pendant une ou deux semaines de très fortes crues qui étaient
vite évacuées, et se réduisait à un
misérable filet d'eau le reste de l'année (Adiceam, 1966). Depuis
la contribution du Periyar, elle a un débit plus considérable et
plus soutenu.
Figure 8- Carte des densités, et des populations,
des 13 taluks du bassin versant de la Vaigai-Periyar en 1991 (source -
Sipis)
En prenant en compte les limites administratives des
taluks, et non pas les limites physiques du bassin versant, la population
totale est de 2 523 477 personnes pour une densité moyenne de 307
habitants au km2 (cf. figure 8). Cette densité de population
n'est pas homogène le long du bassin versant : on remarque une
opposition entre la partie haute du bassin, densément peuplée, et
la partie basse moins dense, exception faite du taluk littoral de
Ramanathapuram. L'attrait particulier de ce taluk peut être
associé à des facteurs historiques de peuplement ainsi
qu'à des opportunités spécifiques aux espaces littoraux ;
ces facteurs n'étant pas indépendants l'un de l'autre. La forte
densité de population dans la partie centrale doit être
associée à la présence de Madurai, qui est la ville
principale du bassin versant, et de l'attraction qu'elle exerce sur les
campagnes environnantes. L'attrait de la partie supérieur est à
relier aux opportunités agricoles en raison des conditions
environnementales particulièrement favorables
31
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar,
unité régionale d'analyse spatiale et sociale des
tanks
qui y règnent. Malgré ces fortes
densités, la population active est majoritairement rurale et agricole
(environ 50%). L'attachement de la population à la terre est fort et
implique une maîtrise de l'eau pour répondre aux besoins de
l'agriculture.
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