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La Constitution à  l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain


par Pihame BARBAKOUA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en droit public fondamental 2008
  

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B : La constitutionnalisation médiate

La constitutionnalisation médiate semble emprunter la voie de la coutume200 constitutionnelle. C'est ce que le Professeur KPODAR semblait dire lorsqu'il soutenait qu'on peut les « considérer comme le résultat d'un véritable processus

200 On entend par coutume une pratique généralement acceptée comme étant du droit. Voir GOHIN (O.), Droit constitutionnel, Paris, Litec, 2010, p.113

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coutumier »201. Seulement, comme le constate le grand théoricien des accords politiques, il faut qu'ils répondent « à tous les acabits caractéristiques d'une telle démarche »202. On doit alors faire appel à la pratique et à l'opinio juris sive necessitatis. Or, dans le cas des accords politiques, s'il est acquis qu'il y règne l'ambiance d'une pratique établie(1), la flottaison de l'opinio necessitatis semble ralentir le mécanisme de formation de la coutume constitutionnelle (2).

1 : L'ambiance d'une pratique établie : un diuturius usus acquis

Pour qu'il y ait coutume, il faut une pratique. Relativement aux accords politiques, on peut soutenir volontiers qu'il y a, non seulement une pratique établie, mais aussi répandue et prolongée dans le temps.

D'abord une pratique établie. Dans le cas des accords politiques, on peut considérer que sur le continent africain, il y a une multitude d'accords. On peut citer la multitude d'accords de Ouagadougou, l'accord de Linas Marcoussis etc. Sur le plan local, chaque pays compte à son actif plusieurs accords. Au Togo par exemple, les plus importants sont l'accord de Ouagadougou, l'accord cadre de Lomé, l'APG. Dans le cadre de la crise ivoirienne, on peut citer les accords d'Accra, de Lomé, de Lina Marcoussis, de Pretoria etc...

Dans le temps, le précédent des accords politiques aurait commencé avec la convention du 31 octobre 1991 entre Albert ZAFY et Didier RATSIRAKA à Madagascar203. Bien entendu, certains auteurs pensent et ceci à raison,204 que les conférences nationales205 peuvent être associées à ce précédent. Elles ne seraient pas, semble-t-il, loin de l'arbre à palabre africaine qui serait pour ainsi dire, l'ancêtre de ces retrouvailles qui aboutissent aux accords politiques. Tout compte fait, parlant

201 KPODAR (A.), « Communauté internationale et le Togo... » op.cit. p.42 202Idem

203 KPODAR (A.), « Politique et ordre juridique » op.cit, p. 2504

204 La conférence nationale au Togo a eu pour base les accords du 12 juin 1991.Voir KPODAR (A.), « La communauté international et le Togo » op.cit. p.38

205 Les conférences nationales sont des instances dans lesquelles non seulement les partis et les élites politiques, mais aussi tous les groupes sociaux, ethniques économiques, régionaux, religieux et professionnels son représentés. Leur objectif est de lance un processus qui soumettrait le pouvoir autoritaire (s'il n'est pas renversé) à la volonté du peuple et enfin de compte de réviser la constitution et d'organiser des élections multipartites. Ce modèle de transition que l'on a appelé « modèle jacobin » est dans le style des Etats généraux que la France a connu au 18è siècle. Son fondement théorique réside dans le crédo qui se fait écho de la philosophie de JJ ROUSSEAU, selon lequel « tous les pouvoirs émanent de la volonté générale du peuple. Voir MEDHANIE (T.) « Les modèles de transition démocratique », Afrique 2000, 1993, pp 61et suiv.

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de précédent, les accords politiques semblent remplir toutes les exigences du label. Seulement l'autre critère semble vaciller.

2 : Une opinio necessitatis vacillante

L'opinio juris sive necessitatis est la conviction d'être soumis au droit. Cette conviction doit être générale. Aussi bien les gouvernants que les gouvernés doivent se soumettre à une norme parce qu'ils sont convaincus qu'elle est une norme juridique. C'est cet élément qui donne une valeur juridique à une norme, peu importe son origine, surtout lorsqu'il s'agit de la coutume.

Seulement, il semble que c'est lui qui manque aux accords politiques. Ils (les accords politiques) n'auraient donc pas l'assentiment, ni de la masse, ni des signataires, qui préfèrent leur dénier toute valeur juridique, surtout quand cela les arrange.

Pour parvenir à avoir le label de coutume constitutionnelle, les accords politiques ont besoin de cette conviction.

Somme toute, pour pouvoir établir un droit constitutionnel spécial, les accords politiques ont besoin de cette force juridique. Celle-ci ne sera qu'un élément de plus qui les aiderait à juguler la crise.

En outre il faut dire que le complément de la constitution par les accords politiques, est justifié.

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