IV. Le vote, la forme de participation politique la
plus répandue
Le vote représente la forme minimale la plus
répandue de la participation politique, comme on peut le constater dans
le tableau 4. Il constitue la mesure la moins contestable d'un
intérêt exprimé pour la politique. Cette
prééminence est due au fait qu'il est moins élitiste et
moins discriminatoire avec la disparition du suffrage capacitaire et
censitaire. Aussi, requiert-il un engagement personnel et peu d'initiatives.
C'est d'ailleurs l'acte solennel par lequel l'individu affiche sa
citoyenneté. Le vote demeure ainsi, le levier le plus basique par lequel
le citoyen maintient son pouvoir de contrôle sur la sélection du
personnel gouvernemental.
Au contraire, la faible proportion enregistrée pour la
participation protestataire s'explique par le caractère fondamentalement
agité de cette forme de participation et surtout le bras de fer qui
s'instaure dans la régulation de ces mouvements par le pouvoir
politique.
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Néanmoins, sous un angle politique, cette analyse
mérite quelques nuances. Car, le vote et les autres formes
généreuses de participations (lecture des journaux, discussions
politiques...) ne sont des signes d'attention à la politique puisqu'ils
n'impliquent aucune lutte pour la conquête des postes de l'appareil de
l'Etat. Alors pour peser réellement sur l'échiquier politique,
les femmes doivent fournir un effort supplémentaire pour revendiquer les
véritables leviers du pouvoir afin de jouer un rôle politique de
1er plan.
V. L'exclusion politique des femmes, un
phénomène aux origines exogènes
Pendant longtemps, les femmes ont été
laissées en marge de la gestion de la chose publique et la raison en
était que la femme de part sa nature n'avait pas de
prédispositions assez adéquates pouvant lui permettre de se
poindre dans cet univers particulièrement complexe. La plupart des
ébauches d'explication de cette exclusion rimaient avec la
théorie de la modernisation qui explique le sous développement de
certain peuple par une absence de mentalité dans ce sens, des raisons
inhérentes à leur état d'être.
Cependant, d'après les résultats du tableau 10,
l'on se rend compte que les facteurs exogènes demeurent les principales
causes de l'exclusion politique des femmes togolaises. On quitte alors du
naturel à l'artificiel. En plus, de tous ces facteurs exogènes
indiqués, on note une fréquence considérable de
l'analphabétisme. Ceci loin d'être anodin s'explique par le fait
que l'espace politique où le destin de toute une communauté se
discute, nécessite de ce fait, une compétence politique
fondée sur de solides connaissances qui puisent permettre
d'opérer des choix rationnels. Ainsi, à la question de savoir
pourquoi il n'avait pas
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beaucoup de femmes dans son gouvernement, M. Edem
Kodjo, alors Premier Ministre, rétorquait qu'il voulait bien former
un Gouvernement paritaire en matière de nombre de femmes et d'hommes,
mais les femmes compétentes qui puissent correspondre au profil du
Ministre, il fallait aller les chercher.
La violence politique demeure aussi l'un des facteurs les plus
évoqués dans l'explication de l'exclusion politique
féminine. En effet, l'apathie politique observée chez les femmes
togolaises après l'indépendance est liée en grande partie,
comme en témoigne le tableau 8, à l'instabilité politique
de l'époque. L'assassinat du père de l'indépendance avait
plongé la population dans une vive émotion, puisque
c'était une 1ère en Afrique qui s'est
révélée comme un véritable coup d'assommoir. Les
manifestations, les coups d'Etats répétitifs ont entretenu un
climat politique très agité qui n'est pas trop favorable à
la nature de la femme. Les évènements qui ont accompagnée
l'entrée de la démocratie dans notre pays et sa cohorte
d'hostilité et de violences, s'inscrivent aussi dans le même
registre.
Par contre, toujours en ce qui concerne le tableau 10, on
s'aperçoit que les pesanteurs socio culturelles comme la religion et les
us et coutumes, sont graduellement en train de perdre leur influence sur le
potentiel de l'engagement politique des femmes. Car, nous estimons que si cette
étude était faite à une époque un peu plus
reculée, ces facteurs se placeraient devant. L'effort des
autorités politiques dans l'éducation de la jeune fille,
l'urbanisation croissante, la vulgarisation des nouvelles manières de
vivre et de se comporter par le biais des médias détachent de
plus en plus les filles du carcan culturel et religieux. Aussi, cela
contribue-t-il à leur offrir des matières à comparaison et
des références débouchant sur une aspiration à plus
d'autonomie et de liberté.
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