II. L'intérêt politique et la
citoyenneté
La participation à la vie politique constitue la
1ère manifestation de la démocratie et du rôle
de citoyen. Sa nature et son intérêt dépendent de la
représentation de l'image que se font les citoyens de la politique. En
effet, au regard des résultats du tableau 3, nous
relevons une forme de désintérêt manifesté par une
bonne partie des enquêtés par rapport à la politique. Une
situation qui parait un peu paradoxale vu le niveau d'instruction des
enquêtés. Car, le facteur le plus déterminant de la
participation politique demeure le niveau d'instruction. Alors, partant de
cette position doctrinale, on aurait pu s'attendre à un fort
intérêt à la
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politique de la part de nos enquêtés. Tel n'est
pas le cas. Ce désintérêt à la politique serait
lié au manque de confiance que les gens manifestent à l'endroit
du pouvoir politique, à la précarité qui les obligent
à reléguer la politique au second plan et surtout au statu quo
politique qui règne dans le pays.
Nous disons que cette situation pose le problème de
citoyenneté en ce sens qu'être citoyen, c'est d'abord faire sien
des droits et devoirs de la communauté politique à laquelle on
appartient. Ce sentiment d'appartenance fait alors naitre une fierté qui
est alimentée par une volonté de vivre ensemble et qui se
concrétise dans les élections et dans l'acquittement d'autres
obligations. Ainsi, un désintérêt à la politique, se
traduit par une chute de la citoyenneté et un libre cours à
l'incivisme.
Le danger de cette attitude a été
soulignée par Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en
Amérique, Paris, Gallimard, 1961. En effet, lorsque les conditions
ne sont pas réunies pour permettre aux individus d'exprimer pleinement
leur citoyenneté politique, ceux-ci alors, se replient chacun sur sa
sphère privée conduisant à une atomisation de la
société et un ultra individualisme. Le risque majeur de cette
situation, est la soumission plus ou moins volontaire de l'individu à la
volonté du plus grand nombre entrainant ipso facto une tyrannie de la
majorité.
III. La peur et la participation politique
Par rapport à la peur, l'analyse des données de
l'enquête (graphique 2) a échoppé sur la conclusion selon
laquelle la politique suscite beaucoup de peur pour plus de la moitié
des enquêtés. Sans doute, c'est la raison qui amène souvent
certains à éclipser leur activisme politique. C'est le cas de
certains fonctionnaires des services publics, qui par peur d'exposer leur
coloration politique au risque de rater plusieurs avantages liés
à son poste, décident de se rétracter vis-à-vis de
la politique. En outre,
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les troubles socio politiques qui ont accompagné
l'entrée de la démocratie dans notre pays et les signes de
violences à caractères politiques laissent des séquelles
traumatiques qui amènent les individus à se distancer de la
gestion du pays.
A la lumière de ce qui précède, on
s'aperçoit alors que la peur suscitée par la politique n'est pas
une peur en soi. Elle est alimentée par un certain nombre
d'évènements et de structures qui ont conféré
à l'espace politique cette onction dédaigneuse à l'endroit
des femmes togolaises.
S'agissant de son incidence sur l'intérêt
politique des femmes togolaises (sous tableau 9), les tendances ambivalentes
enregistrées conduisent aussi à moins systématiser
l'influence de la peur sur l'exclusion politique de la femme togolaise. Car, la
plus part de celles qui ne s'intéressent pas à la politique,
avancent des raisons autres que la peur.
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