II.2.2. Genre et participation politique
Le mot genre est la traduction du mot
anglais gender. Ce terme est apparu pour la
première fois en 1972 (dans un ouvrage d 'Ann Oaklay)
11 Le deuxième sexe1, Paris, Gallimard, 1976
12 La domination masculine, Paris, Seuil, 1998
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et s'est progressivement répandu à partir des
années 80. Il propose de faire la distinction entre la dimension
biologique (sexe) et la dimension culturelle (genre).
Selon Ayesha M. Iman et al (2004), le mot sexe comporte une
connotation physio biologique (chromosome, hormone) par contre le terme genre
fait référence aux constructions sociales et historiques des
rôles, des comportements, des attributs entre les hommes et les femmes et
qui se caractérisent par des inégalités.
Le tableau suivant nous édifiera plus sur la
distinction entre les deux terminologies.
SEXE
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GENRE
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Fait référence aux différences biologiques
qui sont universelles « sexe biologique
»
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Fait référence aux différences culturelles
construites par la société, et qui varient selon le milieu
social, le contexte culturel... /
« sexe social »
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Caractère inné :
défini à la naissance
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Caractère acquis : appris, non
défini à la naissance
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Ne change généralement pas au cours
du temps
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Peut changer au cours du temps
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Exemples :
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Exemples :
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Le père et la mère peuvent donner le biberon a un
enfant (il n'est pas
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Seules les femmes peuvent mettre au monde un enfant
Seuls les hommes ont de la barbe
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déterminé « biologiquement que seules les
femmes peuvent nourrir un enfant »)
Les hommes et les femmes peuvent exercer des
responsabilités politiques (il n'y a pas d'obstacle « physique
», biologique à la participation des femmes en politique »
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Source : recherche sur le net
Pour sa part, Joan Scott (1988), souligne que le genre renvoie
à l'organisation sociale de la différence sexuelle. Mais ceci ne
veut pas dire que le genre reflète ou met en oeuvre les
différences établies et naturelles entre les hommes et les femmes
plutôt, il renvoie à la connaissance qui confère des sens
aux différences corporelles. Ces sens varient selon les cultures, les
groupes sociaux et dans le temps, car rien de ce qui concerne le corps y
compris les organes reproductifs des femmes et des hommes ne
détermine de façon univoque comment les
divisions sociales seront établies.
La réalisation de l'idéal démocratique
passe par l'observation d'un certain nombre de principes dont la participation
politique. Celle-ci est définie selon Denni comme « l'ensemble
distinct et homogène des activités par lesquelles la masse des
citoyens est habilitée à entrer en contact avec le monde
séparé du pouvoir en respectant certaines contraintes
»13. Cette reconnaissance en la femme de la
capacité d'opiner sur la chose publique ne fut pas systématique,
mais le résultat d'âpres luttes et de sacrifices.
Ainsi dans Les Américaines, Histoires des femmes
aux Etats-Unis (1989), Sara Evans retrace les péripéties du
combat des femmes américaines pour leur émancipation civique et
politique. Alors que les premières histoires des femmes écrites
dans les années 70 s'intéressaient exclusivement à la vie
privée et familiale et perpétuant involontairement
l'éloignement de la femme de l'espace plus large du pouvoir et de la
politique, Sara Evans restitue aux américaines leur rôle essentiel
dans l'évolution de leur pays. En décrivant la vie des femmes -
indiennes, noires, femmes de la Frontière- elle montre comment les
américaines ont constamment redéfini leur place dans la
société et transformé les rapports sociaux. Un accent plus
particulier sera accordé aux associations féministes dont les
programmes novateurs vont ouvrir la voie aux reformes sociales mises en oeuvre
par l'Etat américain.
Pour Cynthia Harrison (1995), dans son article « Du
foyer au parlement, l'évolution du rôle de la femme dans la
société américaine » ; la participation
paritaire des genres tant à la politique qu'à la prise de
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13 Cité par Michel Hastings : Aborder la Science
Politique, Paris, Seuil, 1996 p. 57
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décision est un immense chantier moderne qui
caractérise le combat de tous ceux qui luttent pour la cause des femmes
et de l'égalité entre les sexes.
Yvette Roudy (1982)14 de sa part estime que le
droit politique fut sans doute de tous les droits, le plus difficile à
arracher puisque ce là on s'approche du pouvoir jalousement
gardé. La démocratie n'a jamais existé à
l'état naturel. Ainsi, de tous les combats politiques, celui des femmes
a été et demeure encore plus long parce que ouvert sur un double
front : le combat pour la cause générale et celle
spécifique. Les femmes sont exclues de la jouissance des droits pour
lesquels elles ont combattu comme ce fut le cas en France après la
Révolution. De ce fait, elles sont devenues majoritaires par le nombre,
minoritaires quant au pouvoir compliquant ainsi leur lutte. Dès
lors, l'auteur fustige le système capitaliste fondement
de ces inégalités et de cette marginalisation des femmes par
l'érection d'un pseudo principe libéral et
d'égalité.
En outre, partant d'un parallélisme entre
féminisme et Socialisme, Yvette Roudy préconise que toute lutte
pour la cause féminine doit s'inspirer des principes socialistes pour ne
pas faire frais du système capitaliste car si les femmes luttent seules
elles risquent de se marginaliser davantage et si elles se déversent
dans des partis politiques elles retombent sous la coupe des hommes rendant
ainsi vains les efforts pour son épanouissement et sa participation.
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