II.2.3. Citoyenneté politique et
démocratie
Le terme citoyenneté est une émanation
gréco romaine. Selon Microsoft Encarta 2009, La notion de
citoyenneté remonte à l'Antiquité : elle a
été inventée par les Grecs et surtout pratiquée par
les Romains. Il
14 La femme en marge, Paris, Flammarion, 1982
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désignait à cette époque, toute personne
qui, par sa fortune et sa renommée, est appelé à exercer
une autorité politique.
En effet, dans la cité grecque, le citoyen se
distinguait à l'aune de trois (3) critères majeurs : le sexe, la
filiation, la renommée ou la fortune. Est alors citoyen tout homme
né d'un père athénien, disposant d'un cens et ayant
accompli son service militaire. C'est dans cette optique que les femmes, les
esclaves et les étrangers furent mis à l'écart de la
gestion politique. Dans ces conditions, la citoyenneté se
réduisait à la dimension politique, autrement dit,
citoyenneté et citoyenneté politique étaient deux termes
interchangeables. De ce fait, on s'aperçoit que la pratique de la
démocratie est intimement liée à la définition de
la citoyenneté, soit inclusive soit exclusive. C'est au
18ème siècle, qu'on assiste à
l'éclatement du concept avec les différentes révolutions.
Ainsi, pour Terence Humphrey Marshal, dans son Essai Social Class and
Citizenship, publié en 1950, il est inconcevable de séparer
les droits de la citoyenneté les uns des autres ou de les subordonner
les uns aux autres, mais il est possible de les périodiser dans le
temps. Ainsi, sur son échelle temporelle de l'évolution de la
citoyenneté, se trouvent en premier lieu les droits civils, ensuite ceux
politiques et enfin les droits sociaux.
Dans La citoyenneté politique des
femmes15, Berengère Marques Pereira exprime la
citoyenneté politique des femmes en deux modèles d'inclusion
à la démocratie : l'un «par le bas » à
travers une citoyenneté sise dans la société civile et une
démocratie participative, et l'autre «par le haut »
à travers une citoyenneté politique et une démocratie
représentative. Cela suppose une possibilité pour les femmes
d'accéder à des ressources
15 Bérengère, M.-P, Paris, Armand Colin, 2003
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permanentes et rechercher des solutions à leurs
problèmes à travers une participation sociale et politique,
qu'elle soit d'ordre contestataire ou institutionnelle.
Ce point de vue est corroboré par l'ouvrage collectif,
Le politique par le bas en Afrique noire16. Cet ouvrage
expose quelques traits de ce type de participation animé par les femmes
de Lomé dans les années de dictature politique au Togo. On
s'aperçoit alors que les formes protestataires et associatives
étaient les canaux de prédilection par lesquels elles passent
pour influencer le pouvoir politique. Ce faisant, elles étaient
uniquement porteuses des intérêts et revendications populaires,
relatives à l'amélioration de leur bien être. Du coup,
elles n'ont pas su négocier leur accès aux véritables
leviers du pouvoir afin de jouer un rôle politique de 1er plan. Ce qui a
fait qu'elles n'ont pas vite capitalisé leur énorme
investissement.
Envisager alors la citoyenneté des femmes sous un
double angle de représentation et de participation c'est éviter
de réduire la citoyenneté à une activité
élitiste et mettre en lumière une autre forme de
citoyenneté sise dans la société civile et dans d'autres
mouvements sociaux.
Dans la même foulée, Cathérina Coquery
Vidrovitch17, décrit dans son ouvrage le rôle politique
des femmes dans les luttes de la libération coloniale dans divers pays
de l'Afrique subsaharienne exposant ainsi une autre image de la femme africaine
soumise à de profondes mutations. Cet ouvrage se veut comme une vitrine
idéale de la réalité féminine africaine tant qu'il
fait miroiter un certain espoir sur son
16 C.Toulabor et al., Paris, Karthala, 2008
17 Les Africaines : Histoire des femmes d'Afrique noires du
XIXe au XXe siècle, Paris, Dessjonquères, 1994
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émancipation et tronque les images et les conceptions
bourrées de préjugés dont on se faisait de la femme dans
ces sociétés.
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