La plupart des analyses sur la contribution du marché
des capitaux au financement des économies cherche à mettre en
relation ce marché et la croissance. Cette approche est tout à
fait normale, car le but du financement et de parvenir à une croissance
plus élevée de l'économie. L'intérêt des
économistes sur la relation entre le financement et le
développement remonte à Schumpeter4 (1911). En effet,
au contraire des idées de l'époque, selon lesquelles un
investissement doit être financé par une épargne
préalable, Schumpeter a défendu que ce dont l'entrepreneur a
besoin est d'un pouvoir d'achat pour mettre en place la combinaison des
facteurs de production et ce pouvoir d'achat peut être créé
ad hoc par les banques. Dans ce contexte, les intermédiaires
financiers ont un rôle important à jouer, non seulement parce
qu'ils créent ce pouvoir d'achat ex-nihio, mais
également par leur fonction de facilitateur de la rencontre entre
l'offre et la demande de financement5, tout en favorisant la
réduction des risques de liquidité et individuel.
En effet, en l'absence du secteur financier, les
investisseurs seraient exposés au risque de liquidité, lié
à l'incertitude concernant la conversion d'un actif financier en moyen
d'échange, notamment dans un contexte d'existence des asymétries
d'information ou des coûts de transaction. Ainsi, l'existence d'un
secteur financier est important non seulement parce qu'il crée le
pouvoir d'achat ex-nihilo, dans le sens de Schumpeter mais
également parce qu'il favorise la réduction des imperfections de
marché.
L'existence du secteur financier joue également un
rôle important dans la minimisation du risque individuel :
individuellement, un investisseur peut préférer financer des
projets à faible risque et donc à faible rendement, mais la
présence d'un système financier peut l'inciter à financer
des projets plus risqués (parce que plus longs) mais également
plus rémunérateurs (Saint-Paul 1992, Pagano 1993, cités
par Joseph, A et all. (1998)).
Depuis là, des études sur le rôle du
financement sur la croissance économique se sont succédés
et tout récemment une attention particulière est attachée
aux contributions des marchés des capitaux à la croissance
économique. Une partie des études est consacrée à
l'analyse de la relation entre le développement financier et la
croissance économique6, tandis que l'autre s'est
attachée à analyser les conditions qu'un secteur financier doit
remplir pour mieux contribuer à la croissance économique.
4 Da Costa (2006) pour l'analyse de l'oeuvre de
Schumpeter.
5 Pour des raisons liées aux problèmes
d'information et de transaction, l'inexistence des intermédiaires aurait
rendu difficile que les agents économiques excédentaires mettent
leurs ressources au profit des agents ayant besoin de liquidité.
6 Cependant, les causalités ne sont pas à
sens unique et l'influence réciproque peut conduire à l'existence
de plusieurs états d'équilibre et donc à l'apparition des
cercles vertueux de développement ou au contraire de piège de
pauvreté (Hugo, 1995).