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CHAPITRE IV
ANALYSE MICROECONOMIQUE DU MARCHE DES OBLIGATIONS DE
TRESOR
Les Obligations de Trésor ainsi que les emprunts
obligataires sont les titres à moyen et à long termes émis
sur le marché financier régional. Ce marché a
été mis en place en 1996 par les Autorités de l'UEMOA pour
favoriser la résolution des problèmes chroniques de financement
des économies des pays membres. La création de ce marché
visait ainsi à permettre aux entreprises et au secteur public de l'Union
de trouver les ressources longues pour le financement de leurs projets
d'investissement et de développement. De même, les institutions
financières régionales réalisent les opérations sur
le marché financier régional. Cependant, cette partie est
réservée à l'analyse des opérations
réalisées par les Etats de l'UEMOA dans le cadre de la mise en
oeuvre de leur politique budgétaire. Dans ce contexte, deux produits
sont offert aux Etats, à savoir : Emprunts publics (EP) et Obligations
de Trésor (OT).
La différence entre l'emprunt obligataire et
l'obligation du Trésor réside dans la technique utilisée
pour l'appel à l'épargne. Dans le premier cas, la technique
utilisée est celle de syndication par laquelle le taux
d'intérêt est préalablement fixé par
l'émetteur. Dans le cas des obligations de Trésor, la technique
utilisée est celle de l'adjudication à l'hollandaise où
chaque investisseur propose son taux d'intérêt qui lui sera
effectivement appliqué si son offre est retenue. En effet, le recours
à l'adjudication paraît plus indiqué car elle est plus
transparente, moins coûteuse pour l'État et plus liquide pour les
banques, dans la mesure où les obligations émises par voie
d'adjudication sont admises en garantie des opérations sur le
marché monétaire de l'Union. En outre, cette technique donne
l'occasion aux investisseurs de juger la qualité de signature des Etats
émetteurs, en sanctionnant les moins performants dans le domaine
d'assainissement des finances publiques. Par ailleurs, les prix des
soumissions, qui sont sensés refléter les anticipations des
agents économiques sur la conjoncture économique fournit des
informations importantes pour la mise en oeuvre de la politique de taux
d'intérêt par la Banque Centrale et sert de
référence aux émissions des titres privés.
4.1. ANALYSE DE L'OFFRE DES OBLIGATIONS DE TRESOR
Les obligations du Trésor, sont des titres à
moyen ou long terme d'une durée réglementaire supérieure
à 2 ans, de valeur faciale fixé à dix mille (10 000) F CFA
ou à son multiple. Elles produisent annuellement une
rémunération à taux fixe sur leur valeur
41
nominale, déterminé par l'émetteur. La
BCEAO, en sa qualité de conseiller financier des Etats en assure
l'organisation matérielle en collaboration avec les structures du
marché financier, notamment le Conseil Régional de l'Epargne
Publique et des Marchés Financiers (CREPMF).
L'offre des obligations de Trésor est assurée
par les Etats pour la mobilisation des ressources longues, normalement
destinées au financement des projets de développement, notamment
des infrastructures. Cependant, au regard des difficultés
financières que traverse ses Etats, dans un contexte de rareté
des financements extérieurs, les ressources levées sur le
marché financier régional servent également pour la
couverture des besoins de trésorerie. Dans cette optique, les
déterminantes de l'offre des obligations du Trésor par les Etats
sont les besoins de financement identifiées dans le cadre du processus
budgétaire et effectivement enregistrés dans le tableau des
opérations financières de l'Etat et non seulement ceux
liés au financement des projets d'investissement.
4.1.1. Evolution de l'offre des obligations publiques sur
le marché financier régional
L'offre des obligations de Trésor a enregistré
une croissance moyenne annuelle de 24,2% entre 1999 et 2008. Comme dans le cas
des Bons de Trésor, les Etats ont fait recours à cette source de
financement d'une manière intense après la suppression des
avances statutaires aux pays. Ainsi, de 15 milliards de F CFA en 1999, l'offre
des obligations de Trésor sur le marché est passée
à 215 milliards de F CFA en 2008.
Tableau 6. Evolution de l'offre des obligations du
Trésor par pays
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Total
|
Benin
|
|
5.000
|
|
|
|
0
|
|
|
80.000
|
30.000
|
115.000
|
Burkina Faso
|
|
|
|
|
15.000
|
|
|
|
|
|
15.000
|
Côte d'Ivoire
|
15.000
|
|
|
30.000
|
30.000
|
|
40.000
|
80.000
|
30.000
|
110.000
|
335.000
|
Guiné-Bissau
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
Mali
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
50.000
|
50.000
|
Niger
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
Sénégal
|
|
|
|
|
|
|
45.000
|
|
75.000
|
25.000
|
145.000
|
Togo
|
|
|
|
|
|
|
30.000
|
|
0
|
|
30.000
|
Total
|
15.000
|
5.000
|
0
|
30.000
|
45.000
|
0
|
115.000
|
80.000
|
185.000
|
215.000
|
690.000
|
|
Source : BCEAO
Par pays, la Côte d'Ivoire est l'Etat qui a plus
sollicité les ressources auprès du marché financier, avec
51,6% de la valeur totale des titres offerts suivie du Bénin et du
Sénégal respectivement avec 17,7 et 16,1% du montant offert
depuis 1999. La part du Togo et du Mali s'est établie à 4% et
2,3%, respectivement tandis que la Guiné-Bissau et le Niger sont les
seuls pays n'ayant pas encore réalisé les émissions des
obligations du Trésor jusqu'en 2008.
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