C'est dans ce contexte de surliquidité des banques que
les équilibres se sont établis depuis 2001. Ainsi, l'offre a
toujours été supérieure à la demande à
l'exception du 4ème trimestre 2005, 1er trimestre 2006 et
3ème Trimestre 2007, qui sont les périodes au cours
desquelles les taux de souscription (demande des titres) ont été
respectivement de 94,4%, 67,5% et 77,8% des montants mis en adjudications
(offres des titres). Le taux de souscription le plus bas (67,5%) a
été enregistré au 1er trimestre 2006 à
la suite de la baisse des réserves excédentaires en liaison avec
la hausse des coefficients de réserves obligatoires dans certains pays
comme indiqué précédemment. S'agissant du deuxième
taux de souscription le plus bas (77,8%) enregistré au
3ème trimestre de 2007, il pourrait s'expliquer par la
prudence des banques face à l'appel de fonds très important d'un
Etat, qui en une seule opération voulait lever 225,0 milliards de F CFA,
soit 75% de l'offre totale de l'année sur le marché des titres
publics de l'Union, sur une période de 2 ans.
38
Graphique V. Evolution des taux de
sursouscription
![](Marche-des-capitaux-et-le-financement-des-economies-le-cas-de-l-UEMOA8.png)
350,0%
300,0%
250,0%
200,0%
150,0%
100,0%
50,0%
0,0%
Sursouscription (> 100)
Globalement, le taux moyen de souscription s'est établi
à 135,4% de l'offre, indiquant l'existence d'une importante demande pour
les Bons de Trésor. Cette préférence des investisseurs
pour les titres publics est, en quelque sorte le reflet des lacunes
constatées au niveau du marché des prêts au secteur
privé. En effet, les faiblesses institutionnelles ne favorisent pas
l'accroissement des prêts au secteur privé, du fait de
l'insuffisance des capacités d'étude et de suivi des
prêts30, du manque d'informations fiables sur la
solvabilité des emprunteurs et de la faiblesse des cadres
juridictionnels et réglementaires dans les pays de l'Union31.
Dans ce contexte, les banques se plaignent de l'insuffisance des projets
bancables dans l'Union pour absorber ses réserves excédentaires,
tandis que le secteur privé les accuse de ne pas vouloir prendre assez
de risque dans le financement des projets à long terme.
Pour l'instant, la forte présence des Etats sur le
marché est à saluer, car elle participe à la
réduction des excès de liquidité sur le système
bancaire et permet d'amener les banques en « Banque ». Cependant,
après cette phase, la présence des Etats devrait être bien
coordonnée afin de ne pas causer d'effet d'éviction sur le
financement du secteur privé par le système bancaire. En effet,
dans un contexte régional marqué par des contraintes
d'accès au marché financier régional, notamment pour les
petites et moyennes entreprises, le système bancaire demeure la
principale source de financement des entreprises
privées32.
Au total, l'analyse de l'offre et de la demande sur le
marché des titres publics de l'Union fait ressortir que l'excès
de liquidité dans le système bancaire a favorisé la
demande des titres publics par les banques, qui en sont les principaux
demandeurs. Pour minimiser les effets d'éventuelle éviction sur
le financement du secteur privé, il serait souhaitable
30 Le taux de dégradation de portefeuille
établi à 18,3% dans l'ensemble de l'UEMOA demeure
élevé nonobstant sa tendance à la baisse (Commission
Bancaire, 2009).
31 Cette situation n'est pas toutefois
spécifique à Union.
32 Le financement qui d'ailleurs est à court
terme dans sa majorité (70% du total des crédits consentis).
39
d'attirer plus d'investisseur sur ce marché et mettre
en place le système de Spécialistes en Valeurs du Trésor
(SVT) pour assurer la liquidité des titres sur le marché
secondaire.
Une autre manifestation de l'excès de liquidité
est sans doute le fait que les banques aient accepté d'offrir les
ressources financières aux Etats à des taux parfois
inférieurs au taux de pension de la Banque Centrale.
Dans la recherche de crédibilité, les Etats ont
souvent annoncé un montant de l'offre inférieur au montant
effectivement souhaité, afin d'amener les banques à baisser les
taux d'intérêt. Cependant, le fait de prendre toutes les
ressources disponibles au-delà du montant annoncé
préalablement pourra donner l'impression que les Etats sont
confrontés à des tensions de trésorerie importantes. Ce
constant peut amener les banques à relever le niveau du risque du pays
et par conséquent proposer, dans l'avenir, les taux
d'intérêt plus élevés. Finalement, nonobstant
l'ampleur des ressources levées sur le marché des titres publics
des pays de l'UEMOA, ce marché reste encore liquide.