35
3.3.3. Les réserves excédentaires des banques
ont-elles joué un rôle?
Depuis 2006, les taux de d'intérêt
proposés par les banques dans le cadre des appels d'offres se sont
relevés se fixant au-dessus du taux de pension. Cette inversion de la
tendance observée jusqu'ici, est due au recul des réserves
excédentaires des banques à la suite des importantes ressources
levées sur le marché des titres par les Etats en 2005. Dans ce
contexte de relative rareté des ressources, où les
réserves excédentaires moyennes sont passé de 392,0
milliards de F CFA en 2005 à 207, 5 millions de F CFA en 2006, soit une
baisse de 47,1%, le prix a bien joué son rôle. Cela montre que le
comportement des banques a été toujours rationnel.
Le graphique ci-après retrace l'évolution de la
répartition des réserves excédentaires des banques entre
le montant utilisé dans les soumissions aux appels d'offre des bons de
Trésor et celui restant disponible dans leur compte à la Banque
Centrale.
Graphique IV. Evolution des réserves
excédentaires et les demandes des titres publics.
En millions de F CFA
400.000
800.000
700.000
600.000
500.000
300.000
200.000
100.000
2001
2002
2003
1er Trim 04 2e Trim 04 3e Trim 04
Marge disponible Demande de titres publics
4e Trim 04
1er Trim 05
2e Trim 05
3e Trim 05
4e Trim 05
1er Trim 06 2e Trim 06
3e Trim 06
4e Trim 06
1er Trim 07 2e Trim 07 3e Trim 07
4e Trim 07
1er Trim 08 2e Trim 08
3e Trim 08
4e Trim 08
Il en ressort que tout au long de la période de 2001
à 2008, les banques ont disposé des marges de financement
importantes (donné par la surface en blue dans le graphique). Toutefois,
la variation des réserves excédentaires a joué un
rôle important dans le comportement des banques. En effet, la demande de
titres a enregistré un recul en 2006, à la suite de la
mobilisation d'importantes ressources financières sur le marché
des titres publics par les Etats en 2005 et du relèvement des
coefficients de réserve obligatoires intervenues le 16 juin 2005 pour
certains pays de l'Union. Ainsi, il est passé de 13% à 15% au
Benin, de 3% à 7% au Burkina Faso et de 5% à 9% au
Sénégal.
36
3.3.4. Niveau d'absorption élevé
Un autre fait marquant de l'analyse du tableau 5 ci-dessus
c'est que les Etats ont retenu un montant souvent plus important que celui de
l'offre initial. Ainsi, sur les 56 émissions réalisées,
seulement dans 3 cas (5,4% des émissions) l'émietteur a pris un
montant inférieur à celui qu'il a mis en adjudication et pour
lequel il a obtenu une demande effective. Cette situation s'explique par le
fait que ces demandes aient été associées aux taux
d'intérêt jugés élevés par l'Etat.
Tableau 5. Evolution de la performance du marché des
titres publics de l'UEMOA
Période
|
Offre de titres
|
Demande de titres
|
Equilibre
|
Excédant de la demande
|
Montant retenu sur l'offre
|
|
Montant de souscriptions
|
Montant retenu
|
Sur souscription
(> 100)
|
|
|
(b)
|
(c)
|
(b/a)
|
(c/a)
|
2001
|
53.000
|
55.400
|
54.900
|
104,5%
|
103,6%
|
2002
|
42.500
|
115.050
|
51.850
|
270,7%
|
122,0%
|
2003
|
63.000
|
187.480
|
85.375
|
297,6%
|
135,5%
|
1er Trim 04
|
15.000
|
21.150
|
15.700
|
141,0%
|
104,7%
|
2e Trim 04
|
15.000
|
33.500
|
16.500
|
223,3%
|
110,0%
|
3e Trim 04
|
60.300
|
104.100
|
66.300
|
172,6%
|
110,0%
|
4e Trim 04
|
25.000
|
30.692
|
25.000
|
122,8%
|
100,0%
|
1er Trim 05
|
55.000
|
78.040
|
62.090
|
141,9%
|
112,9%
|
2e Trim 05
|
40.000
|
56.600
|
40.500
|
141,5%
|
101,3%
|
3e Trim 05
|
113.000
|
159.550
|
100.150
|
141,2%
|
88,6%
|
4e Trim 05
|
78.800
|
74.400
|
67.800
|
94,4%
|
86,0%
|
1er Trim 06
|
50.000
|
33.750
|
33.250
|
67,5%
|
66,5%
|
2e Trim 06
|
45.000
|
85.350
|
46.325
|
189,7%
|
102,9%
|
3e Trim 06
|
89.000
|
121.115
|
103.415
|
136,1%
|
116,2%
|
4e Trim 06
|
15.000
|
15.040
|
15.040
|
100,3%
|
100,3%
|
1er Trim 07
|
28.100
|
41.450
|
28.100
|
147,5%
|
100,0%
|
2e Trim 07
|
30.000
|
62.555
|
41.515
|
208,5%
|
138,4%
|
3e Trim 07
|
300.000
|
233.257
|
225.657
|
77,8%
|
75,2%
|
4e Trim 07
|
35.000
|
39.075
|
35.335
|
111,6%
|
101,0%
|
1er Trim 08
|
50.000
|
59.500
|
50.500
|
119,0%
|
101,0%
|
2e Trim 08
|
130.000
|
162.076
|
159.666
|
124,7%
|
122,8%
|
3e Trim 08
|
30.000
|
55.930
|
50.970
|
186,4%
|
169,9%
|
4e Trim 08
|
45.000
|
79.940
|
37.800
|
177,6%
|
84,0%
|
Total
|
1.407.700
|
1.905.000
|
1.413.738
|
135,3%
|
100,4%
|
|
Source : BCEAO
En effet, le fait de retenir toute l'offre des ressources
exprimée (taux d'absorption supérieur à 100%) peut
s'expliquer notamment pour deux raisons :
· soit l'Etat avait un besoin plus important, mais
craignant que le marché ne réagira pas favorablement, il a donc
mis l'offre à un niveau relativement bas ;
· soit l'Etat n'avait pas suffisamment planifié
l'émission et face aux ressources disponibles et il les prend pour
après réfléchir sur comment les utiliser.
37
Dans le premier cas, il s'agit d'annoncer un montant en
dessous du montant souhaité pour éviter que la sous souscription
soit aperçue par le marché comme un échec et faire de
sorte que la sursouscription soit vue par le marché comme un
succès. En fait, en cas de sursouscription par les banques, l'Etat a la
possibilité de réduire le coût d'émission retenant
les demandes de titres associées aux taux les plus bas. Cela pourra
également avoir un effet psychologique dans les émissions
postérieures, amenant les banques qui n'ont pas été
retenues à baisser leur taux lors des émissions suivantes
réalisées par cet Etat, afin d'augmenter leurs chances
d'être retenues.
Dans le deuxième cas, les Etats n'ont pas suffisamment
planifié leurs besoins de Trésorerie, profitant de
sursouscriptions pour mobiliser plus des ressources. Comme l'a remarqué
Gnamien (2005), cette situation est porteuse de risque de mauvaise gestion
de la dette publique et des dépenses publiques, car la
disponibilité des ressources d'emprunt non programmées pourront
amener les Etats à exécuter les dépenses également
non prévues ou incohérentes avec les capacités de
remboursement des pays.
|
|