Jusqu'en 2005, les taux d'intérêt marginaux
résultant des adjudications des Bons du Trésor sur les
maturités de 3 et 6 mois ont été inférieurs au taux
de pension de la Banque Centrale. En théorie, ce comportement est
irrationnel car les banques ont consenti des crédits aux Etats à
un taux inférieur à celui auquel la BCEAO était
disposée à les refinancer, en cas de besoin de liquidité,
ce qui les amèneraient à réaliser des pertes nettes.
Cependant, au regard de l'abondance de la liquidité
bancaire, ce comportement parait rationnel, dans la mesure où
l'arbitrage est fait entre les taux proposés aux Etats et le taux
29 Depuis le 7 janvier 2002, les opérations
d'injection de la liquidité ont été suspendues jusqu'en
février 2007. Ainsi, le dernier taux observé depuis cette date a
été successivement reconduit jusqu'à la reprise des
interventions sur le marché monétaire.
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nul de la rémunération de ces réserves
par la Banque Centrale ; et non entre les taux proposés aux Etats et le
taux de refinancement de l'Institut d'émission.
Graphique III. Evolution des taux
4%
7%
6%
5%
3%
2%
0%
1%
Bons de Trésor à 3 mois Bons de Trésor
à 6 mois TMMM Taux de pension
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Source : BCEAO
De même, ce comportement est enregistré au
niveau des maturités. En moyenne sur la période, les taux
d'intérêt des bons de Trésor à trois mois ont
été systématiquement supérieurs à ceux des
bons de Trésor à six mois. Cela pourrait s'expliquer par
l'anticipation des baisses des taux d'intérêt, donc une structure
décroissante de la courbe des taux d'intérêt. Toutefois, si
c'était le cas, les taux d'intérêt de la maturité de
12 mois seraient inférieurs à ceux de six mois. En fait, les taux
d'intérêt moyens des bons de Trésor de la maturité
de 12 ont été supérieurs à ceux de la
maturité de 6 mois en 0,2 point, 0,1 point et 0,3 point de pourcentage
en 2004, 2005 et 2007, respectivement.
Alors qu'est-ce qui expliquerait cette structure des taux
d'intérêt? Il semblerait que ce comportement est motivé par
le fait qu'il est préférable d'appliquer les ressources
excédentaires à un taux bas que de les conserver à un taux
nul à la Banque Centrale. Ainsi, les banques sont disposées
à placer leur excès de liquidité dès qu'elles
obtiennent une rémunération, la plus petite qu'elle soit, pendant
la plus long période possible. Ainsi, elles sont disposées
à offrir des taux moins élevés aux applications à
six qu'à trois mois, afin de minimiser le risque de
ré-application. Cependant, pour la maturité à partir de 12
mois, elles exigent une prime de risque, dans la mesure où elles sortent
de leurs maturités de préférence. C'est donc l'ajout de
prime de risque qui expliquerait le fait que les taux d'intérêt
à partir de 12 mois soient plus élevés que ceux à 6
mois.