3.3. ANALYSE DE L'EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES TITRES
PUBLICS DE L'UEMOA
Comme dans tous les marchés, le prix joue un
rôle prépondérant dans l'établissement de
l'équilibre entre l'offre et la demande. Ainsi, après avoir
analysé l'offre et la demande des titres, nous allons maintenant les
réunir et en déduire l'équilibre. Le prix des ressources
financières sur le marché des titres publics est le taux
d'intérêt. Dans le cadre de cette analyse, le taux
d'intérêt marginal sera privilégié dans la mesure
où il représente le coût marginal de l'obtention d'une
unité monétaire additionnelle sur le marché. En plus,
c'est le taux de pénalité en cas de défaut de paiement par
l'Etat émetteur.
3.3.1. Les taux d'intérêt ont-t-ils
joué son rôle ?
Le tableau ci-après compare l'évolution des
taux d'intérêt marginaux moyens pondérés par les
montants de soumissions aux appels d'offres des bons du Trésor par les
banques relatives aux maturités de 3, 6, 12 et 24 mois avec la moyenne
annuelle des taux moyens mensuel du marché monétaire (TMMM) et la
moyenne du taux de pension.
27 Cependant, il apparaît que le secteur bancaire est
de loin le principal détenteur de la dette intérieure
émise sous forme de Bons de Trésor sur le Marché des
titres publics de l'Union. Les institutions financières
régionales ont également pris part dans la souscription des Bons
de Trésor, notamment la BOAD.
28 « La constitution d'investissements étrangers
dans un Etat membre de L'UEMOA et la cession d'investissements entre
non-résidents dans cet Etat sont libres. Ces opérations font
l'objet de déclaration à des fins statistiques, à la
Direction chargée des Finances Extérieures, lorsqu'il s'agit
d'investissements directs » (Article 10, c) du Règlement
R09/CM/UEMOA du 20 décembre relatif aux relations financières
extérieures des pays membres de l'UEMOA.
32
Tableau 4. Evolution des taux d'intérêt
2001-2008
Taux d'intérêt
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Bons de Trésor à 3 mois
|
|
4,1%
|
3,69%
|
3,35%
|
4,3%
|
5,4%
|
6,4%
|
6,6%
|
Bons de Trésor à 6 mois
|
|
3,92%
|
3,6%
|
2,9%
|
3,9%
|
5,1%
|
5,7%
|
6,5%
|
Bons de Trésor à 12 mois
|
6,43%
|
|
3,32%
|
3,16%
|
4,00%
|
|
6,00%
|
|
Bons de Trésor à 24 mois
|
7,75%
|
|
|
|
|
|
6,50%
|
|
TMMM
|
4,96%
|
4,96%
|
4,96%
|
4,96%
|
4,96%
|
4,96%
|
3,97%
|
4,11%
|
Taux de pension
|
6,00%
|
6,00%
|
5,67%
|
4,00%
|
5,33%
|
4,00%
|
4,25%
|
4,55%
|
|
Source : BCEAO
L'analyse du tableau ci-dessus montre que la tendance
baissière des taux d'intérêt, amorcée depuis 2003
s'est inversée en 2005. Cette situation s'explique par le concours de
divers facteurs, notamment la hausse des taux directeurs de la Banque Centrale,
le relèvement de l'inflation et la pression de la demande des ressources
par les Etats.
En effet, la BCEAO avait relevé ses taux directeurs,
le taux de pension se fixant à 5,3% en moyenne en 2005 contre 4,0% un an
plus tôt, pour lutter contre les pressions inflationnistes qui ont
amenée l'inflation moyenne annuelle à 4,4% en 2005 contre 0,5% en
2004, conformément le graphique ci-après.
Graphique II. Evolution des taux
d'intérêt marginaux et de l'inflation
4,0%
8,0%
7,0%
6,0%
5,0%
3,0%
2,0%
0,0%
1,0%
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Bons de Trésor à 3 mois Bons de Trésor
à 6 mois Taux d'inflation
Par ailleurs, le recours massif au marché des bons du
Trésor par les Etats en 2005 a contribué à la
réduction de la liquidité qui, accompagné de la hausse des
coefficients des réserves obligatoires ont entraîné le
relèvement des taux d'intérêt de ces titres au cours de
cette année.
L'analyse de l'évolution des taux
d'intérêt des bons de Trésor depuis 2005, suggère
l'existence d'un phénomène d'hystérèse dans le
comportement des investisseurs, car les hausses enregistrées à
l'issue des relèvements des taux directeurs où de la pression de
la
33
demande des ressources paraissent irréversibles. En
principe, les taux des adjudications peuvent effectivement augmenter à
l'issue d'un choc sur la demande ou l'offre des ressources ou en
réaction à une mesure de politique monétaire restrictive.
Cependant, ils doivent retourner à la normale dès que les
facteurs qui ont été à leur origine retournent à la
situation normale. Toutefois, dans le cadre de ce marché, les effets
haussiers sur les taux d'intérêts sont permanents. Ainsi, il est
important qu'il ait coordination des interventions des Etats sur le
marché, afin d'éviter l'accroissement du coût de
mobilisation des ressources dans l'avenir.
En outre, la hausse permanente des taux
d'intérêts suggère que les investisseurs, face aux
importantes sollicitations, ont jugé que le risque est
élevé. Ainsi, pour le même montant ils ont exigé
plus de rémunération pour accepter d'assumer le risque.
L'analyse des données disponibles fait ressortir que
jusqu'en 2005, les taux d'intérêt marginaux résultant des
adjudications des bons de Trésor sur les maturités de 3 et 6 mois
ont été inférieurs au taux de pension de la Banque
Centrale et aux taux moyens mensuels du marché
monétaire29 (voir le graphique III). De même, les taux
d'intérêt moyens des bons de Trésor à trois mois ont
été supérieurs à ceux de la maturité de six
mois ; les taux d'intérêt des bons de Trésor de
maturité de 12 mois se situant dans le corridor entre les deux
maturités précédentes. La maturité de deux ans,
dont le taux est plus élevé reflètant correctement la
perception du risque est la moins préférée. L'ensemble de
ces comportements soulève la question de rationalité de ce
marché est la moins préférée,.
|
|