2- ANALYSES
A) - À PROPOS DES ENFANTS EN DOMESTICITE
A.1) - profil social
Généralement issu de famille rurale pauvre et
analphabète, l'enfant en domesticité est placé à
tout âge et est en grande majorité de sexe féminin. C'est
un enfant dépourvu en quelque sorte de ce qui est fondamental à
l'être humain.
Nous avons rencontré un cas d'une famille à
Jérémie ayant choisi de se séparer de son enfant pour le
protéger contre les maléfices. Le retrait de l'enfant de sa
famille naturelle provoque de nombreuses difficultés trop souvent
insurmontables : angoisses d'abandon, sentiment de rejet, stress
insécurisant...
- a.2) caractéristiques individuelles et
comportementales
Les enfants en domesticité ayant constitué notre
échantillon ont de grandes ambitions et poursuivent parfois des
objectifs très nobles. Ils ont un certain sentiment d'efficacité
personnelle. Parfois, ils croient pouvoir réussir certaines tâches
même très dures. Par ailleurs, ils font montre de faible estime de
soi, de sentiment d'inquiétude ou de rejet par la famille de placement
(parfois toute la communauté), ce qui les pousse à accepter le
tort même quand ils ont raison. Par stratégie de survie, ils
développent un sens de compromis ou se mettent à l'écart
pour éviter d'être réprimandés.
A.3) - quotidien de l'enfant en domesticité
L'enfant en domesticité, c'est l'enfant vivant et
travaillant dans un foyer qui n'est pas celui de ses parents. Les enfants
domestiques présentent des nuances très importantes selon leur
lieu de placement. Toutefois, l'enfant placé travaille
généralement à la longueur d'une journée, accomplit
des corvées ménagères (nettoyage, lessive,
préparation des repas, garde des enfants...)
ou toute autre tâche requise par les parents d'accueil,
assure la vente dans le petit commerce de la famille de placement, accompagne
les enfants à l'école, s'occupe des animaux domestiques...
L'enfant en service fait face à de nombreux
problèmes : difficultés nutritionnelles, sanitaires et
éducatives, rapports sexuels précoces, discrimination... On le
voit souvent mal coiffé, habillé de vêtements en loques,
pieds nus, traits émaciés...
Il subit un traitement différent des autres enfants de
la maison : violences physique, verbale et psychologique... Il est privé
des services essentiels à son développement et à sa
survie. Il y en a même qui arrivent à laisser cette
cellule familiale d'enfer'' en vue de reconnaitre les rues comme un
milieu de vie (c'est le cas du frère de Valérie que nous avons
interrogée à Turgeau).
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