CHAPITRE IV :
AUTOUR DE QUELQUES NOTIONS
Dans ce chapitre, nous tâcherons de faire le point sur
quelques notions ayant rapport, directement ou indirectement, à notre
travail de recherche.
1- COMPORTEMENT ET CONDITIONS MATERIELLES
D'EXISTENCE
A) comportement
Carl Rogers définit le comportement comme l'effort
intentionnel de l'organisme pour satisfaire ses besoins comme il les
expérimente dans la réalité telle qu'il la
perçoit.48 L'organisme doit être ici compris comme le
lieu psychologique où se produit toute expérience. Il englobe
toutes les dimensions de la personne (physique , émotive ,
intellectuelle ...).
Le comportement serait l'ensemble des réactions ou
attitudes objectivement observables d'un être humain dans un milieu et
dans un temps donnés. Il dépend du sujet, du milieu ... Il a
toujours un sens. Retenons que le comportement est fortement influencé
par les conditions matérielles d'existence.
B) conditions matérielles d'existence
Les conditions matérielles d'existence constituent
l'ensemble des facteurs concrets déterminant l'existence, le mode de
vie... Ce sont toutes les conditions environnementales, économiques,
sociales, politiques, psychosociales, idéologiques, culturelles...
(celles de logement, de vêtements, de travail, de santé, de
nourriture, d'éducation, de loisir...) qui façonnent les
conduites des individus.
48 Cf. Jean-Louis Bergeron et all., Les aspects
humains de l'organisation, Ed. Gaëttan Morin, Québec, 1986, p.40
3- ENFANCE ET FAMILLE
a)- enfance
L'enfance est la période de la vie qui s'étend
de la naissance à l'adolescence. Généralement, on parle de
la première enfance jusqu'à 3 ans, la deuxième enfance (de
3 à 6-7 ans) et la troisième enfance qui se termine à la
puberté.
Une multitude de sciences s'intéresse à
l'enfance et à son évolution. En effet, la médecine a
apporté de nombreuses connaissances sur la croissance corporelle et
neurologique de l'enfant, sur les variations physiologiques au cours de la
croissance. La psychologie de l'enfant aborde la vie psychique de l'enfant. Les
premières applications du droit à l'enfance ont vu le jour au
XIXe siècle et concernaient le travail des enfants. La
Convention internationale des droits de l'enfant adoptée par l'ONU en
1989 a lancé un grand débat révélant deux
conceptions antagonistes de l'enfance : l'idée de protéger
l'enfance (l'enfant doit bénéficier d'une série de
créances afin de devenir un adulte responsable) ; l'idée de
libérer les enfants (l'enfant devient une personnalité
juridique). Les historiens ont établi que la notion de « l'enfance
» s'était lentement constituée à travers les
siècles depuis le Moyen Âge. La société
traditionnelle se représentait mal l'enfant. La sociologie
s'intéressait aussi à la place de l'enfant dans la famille
transformée avec l'arrivée de l'industrialisation et la migration
des campagnes vers les villes. Il y a l'ethnologie qui étudie, entre
autres, la place de l'enfant dans d'autres sociétés que celle du
modèle occidental. La place accordée à l'enfant est
variable suivant les sociétés.
Il fallait attendre le 17e siècle pour que les enfants
ne soient plus considérés comme des adultes en miniature auxquels
il manque le jugement. L'enfant est un être qui apprend et qui innove
...
L'enfant a des nécessités particulières.
Il éprouve le besoin d'être en relation avec d'autres personnes,
de recevoir de l'affection et d'en donner à autrui, de
bénéficier de soins de santé, d'eau potable, de
nourriture, de logement, de vêtements... Il a besoin de développer
un sentiment de valeur personnelle et de confiance en soi, de communiquer avec
les membres de son entourage, de s'affirmer, de s'exprimer et de
s'épanouir. L'enfant est très sensible au climat
affectif dans lequel vit la famille. Il est important que ses
besoins physiques, émotionnels, affectifs, sociaux et psychologiques
soient satisfaits. Il a droit à : la santé, une famille, une
identité, l'épanouissement, l'éducation... Il faut
toujours prévoir pour l'enfant un système de protection
adapté. Des millions d'enfants demeurent exploités, forcés
... Bon nombre d'entre eux restent dans la misère, sont rabaissés
au rang d'esclaves ou de marchandises des réseaux de
pédophilie.
D'une manière bien considérée, la notion
de l'enfance ne peut pas être définie de façon rigide. Il
ne faut pas l'appréhender en dehors du milieu, de la culture... Elle est
liée à l'âge, au sexe, à la famille, à la
culture, à l'école, à la société, au
travail... L'enfance est donc une construction sociale qu'il faut cerner
suivant l'époque et l'espace géographique. Toutefois, la
convention des Nations-Unies relatives aux droits de l'enfant considère
comme enfant tout être humain âgé de moins de 18 ans. Dans
ce rapport de recherche, nous ciblons les enfants de 9 à 15 ans en
situation de domesticité.
a.1)- enfant domestique
L'enfant domestique vit dans un foyer avec des gens qui ne
constituent pas sa famille naturelle. C'est donc une résidence
privée à laquelle il rend toutes sortes de services dans des
conditions extrêmement difficiles, sans rémunération. Il
est souvent issu d'une famille rurale, pauvre, non-scolarisée,
surpeuplée. En grande majorité, l'enfant en domesticité
est de sexe féminin. Ceci s'explique, dans une large mesure, par le
rôle joué par les femmes dans la structure familiale
haïtienne : les fillettes doivent être laborieuses comme leur
mère. L'enfant en domesticité est une force de travail et sa
participation aux travaux est souvent très loin de lui permettre
d'assurer sa subsistance. C'est de l'exploitation !
La pauvreté rurale, l'incapacité de satisfaire
les besoins fondamentaux de l'enfant dans son milieu naturel, le statut de
l'enfant dans la culture haïtienne, le cadre des relations entre villes et
campagnes, le désir d'intégration de l'enfant dans le monde
urbain pour un meilleur avenir, l'étendue de la famille paysanne...
constituent, pour une large part, les fondements de la pratique de la
domesticité des enfants en Haïti. D'un autre point de vue, ajoutons
que la plupart des enfants en domesticité se trouvent dans des familles
qui connaissent elles aussi des difficultés
économiques. Les parents, même imbus des
conditions difficiles de l'enfance en service, choisissent parfois de placer
leurs enfants vu qu'ils ne peuvent pas répondre à leurs
besoins.
Les enfants domestiques mangent de manière
irrégulière, souffrent parfois de problèmes sanitaires
très graves, sont exposés à l'agression sexuelle. Ils ne
se sentent pas du tout en sécurité. Pour la moindre erreur, ils
sont l'objet de fouets, de mépris... Ils n'ont presque pas de temps
à jouer, car trop concentrés sur les tâches à
accomplir. Ils éprouvent rarement un sentiment d'appartenance à
la famille de placement.
Nous devons rappeler que, dans le cadre de notre travail,
notre attention est portée sur la formation de perception de la maison
de placement chez les enfants en domesticité entre 9 et 15 ans dans les
communautés de Turgeau et de Martissant à Port-au-Prince.
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