3.5.5.6.1 - CAS
D'INTOXICATIONS RELEVÉS PAR LES PRODUCTEURS
Les cas d'intoxications, aussi bien sur les populations
rurales que sur l'environnement local du fait de la mauvaise utilisation des
pesticides et leur emploi excessif, ont été relevés par
les producteurs. Les analyses statistiques ont révélé que
72% des proches parents des producteurs ont été victimes
d'intoxications, alors qu'à peine 23% des producteurs l'on
été. Le taux élevé d'intoxication de parents
proches aux producteurs pourrait s'expliquer par le fait que les pesticides
sont principalement stockés aux domiciles. Par contre d'après les
producteurs, les cas d'intoxication sur les animaux (4%) et la
végétation (2%) sont rares. Cette affirmation n'est pas
étonnante d'autant plus que, les effets pervers d'une utilisation
incontrôlée de pesticides sur les zones agro-écologiques ne
sont pas forcément perceptibles de façon sommaire.
3.5.5.6.2- TOXICITÉ
POTENTIELLE DES PESTICIDES UTILISÉS VIS - À -VIS DE L'HOMME
La figure 18 est une analyse des correspondances multiples
(ACM) entre la dose, le nombre de traitement (fréquence d'application)
de pesticides et le risque sanitaire. En fonction des effets nocifs directement
que peuvent occasionner les pesticides utilisés, elle a
dégagée 3 classes.
Figure 18: Risques
sanitaires potentiels de pesticides utilisés
- 1ère classe est constituée de
produits très dangereux pour la santé : elle concerne
29% des cas d'utilisation. La fréquence de traitement serait en
deçà de 5 par cycle de culture. En outre, le temps de contact
avec ces pesticides est d'environ 2h avec des doses qui seraient proches de
4kg/ha.
- 2ème Classe est constitué des produits
moyennement dangereux pour la santé: elle concerne 54% des cas
d'utilisation soit la majorité. Les produits utilisés sont
modérément toxiques pour l'homme. La fréquence de
traitement y est spécifiquement élevée, soit plus de 9,
avec plus de 3h de contact pour des doses supérieures à
4kg/ha.
- 3ème Classe est
constituée des produits peu dangereux pour la santé :
elle concerne 17% des cas d'utilisation de pesticide. Dans cette classe la
fréquence d'épandage qui varie de 5 à 9 traitements par
cycle de culture est associée des doses moyennes de 1 à 4kg/ha.
En définitif, l'ACM nous révèle que les
produits contenant peu de substances dangereuses à effets nocifs
directement sur la santé humaine sont les moins utilisés (17%),
avec un temps de contact inférieur ou égal à 1h et des
doses comprises en moyenne entre 1 à 4kg/ha. Par contre les pesticides
qui contiennent plus des substances dangereuses à effets nocifs
directement sur la santé humaine sont les plus utilisés (83%)
avec un temps de contact d'au moins 2h et des doses qui seraient
supérieurs à 4kg/ha. Ces utilisations contribueraient à la
pollution de l'air, car au cours d'un traitement les 30 à 75% des
produits épandus sont transférés dans l'atmosphère
(LFDA et al., 2002). Même si la concentration en pesticides dans
l'air est souvent de l'ordre du ìg/m3 , des calculs du type
"masse de composé inhalée comparé à une masse
ingérée par l'eau de boisson semblent indiquer que les
quantités qui pénètrent dans l'organisme par ces deux
voies sont parfois du même ordre de grandeur (Voltz, 2004). De ce fait,
en dehors des producteurs toutes les populations locales sont sujettes
d'exposition chronique dont l'une des conséquences les plus insidieuses
serait le problème sanitaire. En effet, selon les travaux de Ngom,
(1992) confirmé par l' Institut National de Médecine
Agricole, (2006) une utilisation courante de pesticides en protection de
cultures provoquerait à long terme des troubles de reproductions et
neurologiques.
Par ailleurs, le délai avant récolte
adopté par les producteurs est en moyenne compris entre 9 jours #177; 3
et 16 jours #177; 7 (tableau 13).
Tableau 9 :
Délais avant récolte (DAR) en fonction de pesticides
utilisée
Classe de Pesticide (OMS)
|
Risque élevé
|
Risque moyen
|
Risque faible
|
Taux d'utilisation (%)
|
11,7
|
76,84
|
11,45
|
DAR moyenne (jour)
|
16
|
13
|
9
|
En se basant sur Bulletins Techniques des Stations
d'Avertissements Agricoles (AQUITAINE N°16 du 3 août 2004) sur les
bonnes pratiques agricole, les délais avant récolte (DAR)
utilisés par nos producteurs, limiteraient l'exposition des
consommateurs de fruits et légumes aux éventuelles intoxications.
Il n'est cependant pas exclut de retrouver dans ces fruits et légumes
des résidus de pesticides en des seuils supérieurs aux limites
autorisées. En effet, les producteurs font en moyenne 4 applications de
pesticides sur une culture avec des quantités moyennes de 5 kg/ha. Ces
dernières ne sont pas négligeables, si nous les comparons avec
celle d'un certain nombre de pays industrialisés comme la France
(5,4kg/ha) et le Portugal (7kg/ha) qui se situent en position moyenne de
consommateurs européens de pesticide (INF'ODE, 1997 ; Laurent
Mikael, 2007).
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