3.3 - PROBLÈMES
PHYTOSANITAIRES
On rencontre divers ravageurs dans la zone
d'étude : les pucerons, les chenilles, les mauvaises herbes, les
oiseaux, la mouche blanche, les nématodes, les trips, les acariens, etc.
La figure 5 ci-dessous, nous donne l'importance relative des différentes
contraintes phytosanitaires.
Figure 5:
Répartition des dégâts causés par les
différents ennemis de cultures
De par les dégâts causés aux cultures, les
insectes constituent la contrainte phytosanitaire la plus redoutable, suivis
par les mauvaises herbes, les oiseaux et les diverses maladies parasitaires. Ce
résultat, classant les insectes et les mauvaises herbes comme
contraintes phytosanitaires les plus redoutables, confirme ceux publié
par Collingwood et al., (1984)
Par ailleurs, un test d'indépendance a
révélé que la pression des ennemis des cultures est
liée au stade phénologique.
Tableau 4: Test du Khi² d'indépendance
entre pression des ennemis des cultures et le stade phénologique
Khi² (Valeur observée)
|
Khi² (Valeur critique)
|
DDL
|
p-value
|
Alpha
|
1721,957
|
535,234
|
483
|
< 0,0001
|
0,05
|
Le lien étroit entre la pression des ennemis des
cultures et le stade de développement de la plante - hôte a
été révélé par Stoll, (2002).
Bien plus encore, la répartition de la pressions des
ennemis de cultures en fonction du stade phénologique se
caractérise par un résultat de coefficient de
détermination R2 = 0,79. Ce qui signifie que pour l'ensemble
de la zone d'étude, 79% des données montrent que la
répartition des ennemis de cultures est variable suivant le stade
phénologique considéré.
1- Semis/repiquage ; 2-
Levée/reprise ; 3- formation des organes
végétatifs(Croissance) ; 4- Formation organe
reproducteur ;
5- Floraison ; 6- Fructification ; 7- Maturation
Figure 6 :
Répartition de la pression des ennemis en fonction des principaux stades
phénologiques
En générale, les contraintes phytosanitaires
sont plus importantes entre la levée et le stade de formation des
organes végétatifs avant de commencer à
décroître sérieusement. Cette tendance à
déjà été rapporté par Bijlmakers et
al., (1995). Vers la fin du cycle de culture les spéculations
sont sujettes de moins de contraintes phytosanitaires. Lorsque les jeunes
plantules sont aisément attaqués, ces dernières sont
déjà affaiblies avant la formation des organes
reproducteurs ; ce qui affecterait la productivité de la
spéculation.
3.4 - PROTECTION DE
CULTURES
Face à ce parasitisme, les producteurs ont mis en place
des stratégies de lutte qui englobent aussi bien les méthodes
vulgarisées par la recherche que des méthodes basées sur
des savoirs locaux.
Plusieurs moyens de lutte contre les ennemis des cultures ont
été répertoriés. Il a été
signalé notamment l'utilisation de produits chimiques, de
techniques de chasse contre les ravageurs, de biopesticide (extraits naturels
de plante), de GIPD, de méthodes mystiques, etc. En les classant, par
affinité, nous avons identifié six groupes dont le recours
à l'utilisation de pesticides constitue le plus important. Ces
résultats ont la même tendance avec ceux publiés par l'INRA
sur son site. Autrement dit en cas d'infestation le producteur utilise
prioritairement les pesticides chimiques, en suite les moyens mécaniques
(chasse, piège, etc.), suivie des autres méthodes de lutte dont
les aspects mystiques sont de dernier recours (figure 7).
Figure 7 :
Classification des moyens de lutte au niveau du producteur
Il faut préciser que le choix d'un moyen de lutte est
très influencé par le facteur humain (la
disponibilité financière, le temps nécessaire de la
préparation à l'application, l'éminence du résultat
attendu et la maîtrise du moyen de lutte). En cas de besoin le producteur
à de façon prioritaire d'abord recours aux pesticides chimiques.
Le recours aux autres moyens de lutte est souvent motivé par des limites
financières. Mais quoi qu'il en soit, il associera par ordre
d'importance d'abord, les moyens mécaniques, en suite les biopesticides
(extraits de plantes à propriété pesticides), la GIPD, la
rotation culturale et le mystique.
Chaque moyen de lutte utilisé à une
particularité. Cependant en fonction des opportunités poursuivies
par le producteur un moyen peut être délaissé pour un
autre. Ainsi :
- La lutte mystique constituée essentiellement de
prière, de sacrifice, offrande, incantation, est de moins en moins
utiliser par le producteur (4% d'utilisation). Selon Tourrand, (1993) le faible
recours au mystique dans la protection de cultures s'expliquerait par la
modernisation des systèmes de culture.
- La méthode culturale consiste essentiellement
à la rotation de culture. Elle à pour principe essentielle de
séparer les ravageurs et sa plante - hôte dans l'espace et le
temps. D'ailleurs, Litsinger et al., (1976), ont montré que
l'interruption du cycle biologique de l'organisme nuisible par l'introduction
d'une plante non - hôte réduit la probabilité d'infestation
des cultures suivantes. En dehors de l'objectif principal que les producteurs
ont spécifié, il convient de préciser qu'Hoffman (1990) a
eu à souligner dans ses travaux que la rotation de cultures facilite la
lutte contre les mauvaises herbes et les maladies. Au niveau de la zone
d'étude, la rotation est également moins utilisée dans le
cadre de la protection de cultures. C'est un moyen de lutte qui vient en
avant-dernière position parmi celles que le producteur est susceptible
d'utiliser (6%).
- Les extraits de plantes et la gestion intégrée
de la production et des déprédateurs (GIPD) sont des
stratégies de lutte peu onéreuses et respectueuses de la
santé humaine et de l'environnement. Ils permettent aussi aux paysans de
produire de cultures saines. La GIPD se base essentiellement sur des
observations hebdomadaires du champ pour une meilleure gestion de la culture et
la préservation des ennemis naturels. Elle est en 3ème
position (19%) après la lutte chimique et la lutte physique dans la
stratégie des paysans.
- La lutte physique, manuelle ou mécanique consiste au
désherbage, mais aussi au ramassage des coléoptères, des
larves, aux pièges, destruction des insectes par le feu et la
fumée, l'élimination des parties atteintes, etc. Bref, elle
regroupe tous les modes d'actions primaires de luttes qui ne font appel
à aucun processus biochimique. Parfois, la lutte physique a une action
répressive directe comme dans le cas où des insectes sont
tués sur le coup par des chocs mécaniques. D'autres fois, les
réactions au stress induit par la méthode physique apportent
l'effet désiré. Les producteurs reconnaissent son
efficacité, car disent ils elle permet de lutter contre tous les
organismes de grande dimension. Cependant, aujourd'hui avec la diversification
des activités connexe à l'agriculture au niveau des
ménages ruraux comme le montre Azoulay (1993), le temps qu'elle demande
a sérieusement relégué son utilisation en seconde place
(28%) après la lutte chimique. Pour Vincent et al., (2001), ce
moyens serait une alternative efficace aux pesticides de synthèse.
- la lutte chimique quant à elle, est la plus
utilisée aujourd'hui pour plusieurs raisons dont les principales
d'après nos producteurs sont le temps cumulé moins important de
la préparation à l'application et l'efficacité. La
majorité des producteurs (85%) disent qu'il est présentement
impossible de mener une protection de culture efficace sans employer de
pesticides de synthèse.
Cependant, même si les producteurs utilisent
prioritairement les pesticides chimiques, ils associent quelques fois d'autres
stratégies de lutte afin de rendre plus efficace le contrôle
des contraintes phytosanitaires. Le classement des moyens de lutte alternatifs
aux pesticides, fais ressortir par ordre d'importance stratégique,
l'utilisation de cultures moins sensibles aux pressions de parasites,
culture de contre saison, la Gestion Intégrée de Produits et des
déprédateurs, utilisation de biopesticides (extraits de plante)
et le sarclage manuel (figure 8).
Figure 8 :
Répartition des stratégies de lutte alternative aux
pesticides
Ceci revient à dire que pour les agriculteurs, le choix
de la spéculation moins sensible aux parasites et la période de
culture sont primordiaux à la réussite de la protection des
cultures. Ce point de vu corrobore avec les résultats de
stratégies optimisant la production agricole publiés par Belem
(1996).
Nous avons essayé de savoir si les producteurs pensent
qu'il serait possible de mener à bien une culture sans avoir recours aux
pesticides chimiques. Il nous a été donné de constater
qu'à peine 15% d'agriculteurs pensent qu'il est possible de mener une
culture sans en avoir recours. Ce groupe d'agriculteurs utiliserait comme
moyens alternatifs aux pesticides chimiques : l'utilisation de cultures
moins sensibles aux parasites, le sarclage manuel, la culture de contre saison,
la gestion intégrée de produit et des déprédateurs
puis les biopesticides.
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