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Outils et méthodes de gestion d'un projet de développement rural. Le programme eau et assainissement de l'ONGI plan Niger dans la région de Tillabéry.

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par Habibatou YOUNSA YANSAMBOU
Institut Africain de technologie (IAT) de Niamey - Niger - Master II en gestion des projets 2011
  

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I.3.2.Type de participation

Le type de participation désigne la façon ou la manière dont un individu participe à des actions de développement.

A ce propos, GOUSSAUT (1960) cité par BOUAZZAOUI (1994) puis par EL AJJANI (1996) distingue trois types de participation en fonction de l'engagement du paysan :

- La participation formelle où le paysan participe de peur d'être sanctionné ;

- L'effet d'imitation où le paysan est entraîné dans un courant d'habitude ;

- La participation responsable ou le paysan s'engage de façon consciente et volontaire.

SCHAWRZ (1993) quant à lui estime qu'il y a cinq types de participation :

- La participation par contribution ;

- La participation par intégration ;

- La participation par insertion ;

- La participation par engagement ;

- La participation par prise en charge.

I.3.3.Les niveaux de participation

On entend par niveau de participation, les différents moments pendant lesquels la participation des bénéficiaires est nécessaire. C'est-à-dire les étapes de la vie du projet pendant lesquelles la population doit nécessairement être impliquée.

Le tableau suivant essaie de résumer en quoi consiste la participation des populations à chacun des niveaux de la vie des projets.

TABLEAU: Participation de la population à travers tout le cycle de projet

PHASES

PARTICIPATION DE LA POPULATION POUR :

IDENTIFICATION

- Identifier les problèmes à résoudre

- Identifier le problème central à résoudre

- Décrire l'idée centrale

- Réfléchir sur les solutions, envisager et proposer des solutions

INSTRUCTION

- Analyser de façon détaillée l'idée du projet (objectifs, résultats, moyens, activités)

- Analyser les problèmes et les options de traitement

- Prendre des décisions sur la nécessité de poursuivre

- Elaborer un projet de proposition de financement

FINANCEMENT

- Estimer les apports de la population cible (ressources locales)

- Estimer les coûts et moyens nécessaires

- Elaborer une proposition de financement

- Signer la convention de financement

EXECUTION

- Respecter le planning établi pendant l'instruction

- S'acquitter de sa part de responsabilité

- Identifier et réfléchir sur les problèmes qui se posent au déroulement normal des activités

- Modifier si nécessaire certains objectifs

- Evaluer l'évolution générale des travaux

EVALUATION

- Dresser le bilan des réalisations

- Tirer des leçons pour les projets futures

- Analyser l'impact du projet pendant l'évaluation rétrospective.

· Les outils de participation

Il est certes important de recommander la participation et d'étaler ses avantages en faveur du développement, mais, il est également capital de savoir comment susciter la participation des populations et quels sont les outils disponibles à cet effet.

· Les atouts de la participation

Nul ne pourra donner de façon exhaustive l'importance capitale que revêt l'approche participative dans le cycle de vie du projet, tellement elle est immense.

Les points suivants ne constituent qu'une tentative d'élaboration de quelques éléments exprimant au maximum la place de la participation dans la préparation, la mise en oeuvre et le suivi-évaluation des projets de développement.

Le FIDA (2001) en voulant accroître l'impact de ses projets au moyen des approches participatives, résume les atouts de la participation en notant qu'elle permet de :

- S'assurer que la conception du projet traduise bien les priorités réelles des bénéficiaires et soit pertinente et réaliste de leur point de vue ;

- S'assurer que le projet atteint la population qu'il vise et écoute son opinion ;

- Renforcer la prise en charge, la motivation et en fin de compte la durabilité ;

- Rendre le projet transparent pour les bénéficiaires ;

- Produire des savoirs ;

- Faciliter la sensibilisation au sommet (partenariats) et à la base (en demandant des droits sur le plan politique) ;

- Avertir rapidement des problèmes qui surgissent.

La participation devrait aussi être considérée comme un acte politique car elle permet aux voix de se faire entendre et modifie ainsi les rapports de force. Elle encourage la responsabilité et la transparence. BOUKHARI (1995) affirme dans le même sens que « La participation, c'est la démocratie, c'est les droits de l'homme ».

Le FIDA (2001) poursuit en précisant que « La participation est un investissement ; elle exige plus de temps et d'argent mais à la longue, elle renforce l'impact. Les projets qui reposent sur les savoirs locaux et les priorités ont plus de chances d'être durables parce qu'ils sont pertinents et acceptables pour les bénéficiaires.

La banque mondiale (2004) quant à elle ajoute que la participation permet aux gouvernements :

- d'avoir des informations représentatives sur les besoins, les priorités et les compétences des populations locales, ainsi que l'impact des programmes et des initiatives du gouvernement ;

- d'adapter les programmes aux conditions locales ;

- de délivrer des services de qualité ;

- de mobiliser les ressources locales ;

- d'améliorer l'utilisation et la maintenance des facilités et service du gouvernement ;

La participation accroît en outre la prise en charge et la motivation à l'égard des projets, condition nécessaire mais non suffisante de sa durabilité des projets.

Enfin, la participation est un droit humain car elle reconnaît aux personnes, aux communautés locales et aux gouvernements nationaux le droit fondamental d'être associés à la prise de décisions qui influent sur leur avenir.

· Les contraintes de la participation

L'expérience des approches participatives a révélé quelques contraintes liées à son application, aux coûts qu'elles engendrent et à l'appréhension divergente que les gens ont du concept.

Elle est de plus en plus exigée par les bailleurs de fond comme un garant de leurs investissements. Elle fait à présent partie de toute conception de projets de qualité. Pourtant elle est loin d'être systématiquement intégrée aux techniques d'indentification et de gestion des projets de développement.

Même si la notoriété dont jouissent les approches participatives ne cesse de grandir, il reste cependant difficile de nier qu'elles sont exigeantes en temps et en argent. Pour mieux étudier les limites de la participation, il s'est avéré préférable de l'analyser en deux points distincts :

- Les faiblesses méthodologiques : L'introduction de la participation dans la planification présente parfois d'importants points faibles. Cela s'explique d'une part par le fait qu'on aboutit souvent après diagnostic à des masses de données ne traduisant que les besoins immédiats de la situation présente ayant l'aspect de revendications stéréotypées et d'autre part par le fait que le diagnostic qui se résume en une liste de recensement de problèmes entraînent souvent des lenteurs et des blocages à cause des intérêts parfois divergents des différents groupes sociaux.

Pour expliquer ce fait, MEISTER (1973) cité par HAMMANI (1997) pense que « les limites de la participation peuvent être sous forme de difficultés sociales car elles impliquent des changements d'une démarche très lente et des blocages dus à des intérêts de groupes sociaux ». En plus des difficultés sociales, MEISTER pense que la participation présente également des difficultés d'ordre structurel et économique.

Il faut également souligner que l'utilisation des approches participatives nécessite une grande compétence et de l'expérience surtout qu'une mauvaise utilisation peut entraîner, par inadvertance, un obstacle à la communication. ALLISTER (1999) justifie nos propos en affirmant que « Les approches participatives peuvent causer de façon non intentionnelle des préjudices à la communauté ».

- Les faiblesses liées au coût : En plus des problèmes Méthodologiques que connaît la participation, il faut ajouter les problèmes de coût que l'on peut étudier comme suit :

~ Le coût en temps : CLAYTON et al. (1996) affirme que les approches participatives exigent plus de temps que les autres méthodes conventionnelles, aussi bien pour les populations rurales cibles que pour les bailleurs de fonds.

~ Le coût financier : Comme le coût de temps qu'elles engendrent, les méthodes participatives peuvent engendrer des coûts financiers plus importants pour les bailleurs et pour les bénéficiaires, en particulier ceux qui sont les plus démunis comme les femmes. Ce coût financier élevé s'explique par les différentes formations à tous les niveaux qu'exige la participation. Cette formation peut aller des agents de développement à la masse paysanne sans oublier les femmes ou certains groupes socioprofessionnels ciblés.

· La participation pendant la vie des projets

A la lumière de cette modeste analyse effectuée sur le concept de la participation, il parait évident que la participation, pour être vraiment efficace, doit toucher tous les pôles importants du cycle du projet. Nous avons dégagé à cet effet trois pôles clés interdépendants du cycle du projet où la participation consistera en une série d'actions résumées comme suit :

o Un pôle macroscopique ou « Macro participation »

A ce niveau, donateurs et demandeurs doivent travailler de pair pour analyser la situation nationale, régionale, locale ou sectorielle en vue d'identifier les problèmes, les contraintes et les potentialités. La participation est nécessaire parce que d'une part les donateurs n'ont pas forcement une connaissance approfondie du demandeur et de ses préoccupations et d'autre part elle permettrait aux donateurs de rendre plus flexibles leurs critères d'éligibilité en faveur des priorités des pays demandeurs.

A ce propos, L'OCDE (1989) affirme que « l'orientation pour le développement devrait être déterminée dans le cadre d'un dialogue constructif entre pays développés et pays en développement, car, ce sont les pays en développement eux-mêmes qui ont en dernier ressort la responsabilité de leur développement. L'aide extérieure ne peut venir qu'en appoint de leur propres efforts de développement ».

o Un pôle intermédiaire ou « Méso participation »

Cette participation engage l'organisme ou l'institution chargée de l'exécution du projet et toutes les structures administratives et autres institutions présentes sur place ou concernées par le projet. En effet, ce problème d'intégration et de coordination des différentes structures a longtemps été complice de la défaillance des interventions en milieu rural.

BOUKHARI (1994) affirmait à ce sujet que « dans le cas marocain il existe généralement beaucoup d'intervenants administratifs et des organismes internationaux et de plus en plus actuellement des ONG, d'où le problème de coordination des procédures du système intervenant ».

o Un pôle microscopique ou « Micro participation »

La participation au niveau de ce pôle engage le projet c'est-à-dire les agents du projet et la population bénéficiaire. C'est la participation proprement dite de la population locale à l'identification des idées de projet, de leurs analyses, leur planification, leur exécution et leur évaluation.

Les agents de développement doivent s'assurer de la participation des différents groupes socioprofessionnels (genre, âge, association, religion, ethnie,...) ou trouver des mesures incitatives à la participation.

Cette participation est la plus importante car la réussite d'un projet est beaucoup plus liée à la participation des populations concernées. On peut même affirmer que les deux autres pôles précédents concourent à la préparation du pôle microscopique qui est l'aboutissement souhaité.

En dépit des limites qui viennent entacher son importance, la participation des populations à leur propre destinée reste et demeure incontournable dans l'élaboration et le succès des projets de développement en général et des projets de développement agricole et rural en particulier. Parmi les témoignages qui fusent à ce sujet, nous pouvons citer l'exemple des grandes institutions comme la banque mondiale, cité par ZANA (2003), qui estime que la moitié des projets de développement rural qu'elle a financés en Afrique se sont soldés par des échecs. Parmi les causes, figurent le manque de participation effective des populations cibles à la définition des idées et des interventions.

MENHATMA GHANDI cité par le même ZANA (2003) s'employait à dire que « ce que vous faites pour moi mais sans moi, vous le faites contre moi ».

Nous achevons ce chapitre avec MULLER cité par EL AJJANI (2003) qui précise que : « Le seul moyen de réussir une politique, c'est d'en confier la réalisation à ceux qui ont intérêt qu'elle réussisse ».

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite