I.3. Le concept de la
participation
Le concept de participation est né du souci de mieux
adapter à la demande les différentes actions de
développement entreprises particulièrement en milieu rural. En
effet, depuis quelques décennies, beaucoup de progrès ont
été réalisés dans l'organisation et la gestion des
interventions. Parmi les acquis, il faut souligner l'engagement réel et
actif de toutes les parties prenantes du processus de développement.
Elle envoie par ailleurs les populations à travers
diverses techniques et outils, à assumer une plus grande
responsabilité dans la gestion de leur existence et leur environnement
tout en mettant l'accent sur leurs capacités à choisir, à
formuler, à réaliser et à évaluer des actions
s'inscrivant dans leur intérêt.
Bien qu'elles soient de nos jours en vogue dans divers
domaines d'activité, beaucoup de défis restent cependant à
relever au niveau des démarches participatives afin de pallier les
limites et contraintes qu'elles renferment.
- Historique du concept
Selon ABDELOUAHAD MESRI (1995) cité par HAMMANI (1997),
la participation est citée pour la première fois par les
sociétés allemandes en 1952. Après, elle est devenu un
concept théorique global appliqué par les pays européens
démocratiques. En effet, depuis les années 60, la notion de
participation est devenue un slogan en Europe, et aujourd'hui elle est vivement
exigée dans tous les processus de planification des projets de
développement. En réalité, ce n'est qu'au milieu des
années 70, particulièrement à la suite de la
conférence mondiale de 1979 sur la reforme agraire et le
développement rural (CMRADR), que le concept commença à
occuper sa place actuelle.
En effet, on s'est de plus en plus rendu compte que les
populations rurales pauvres doivent participer elles-mêmes au processus
de décision, à la planification et à l'exécution
des projets ainsi qu'à leur suivi et évaluation pour que les
projets de développement rural aient véritablement un impact sur
la pauvreté rurale et la durabilité des efforts de
développement. Cette prise de conscience a conduit un grand nombre de
gouvernements, d'organismes internationaux et non gouvernementaux à
s'éloigner du paradigme de modernisation utilisé dans les
années 70, et à s'engager publiquement à faire le
nécessaire pour que les populations rurales pauvres participent à
leur propre développement. A partir des années 80, la
participation des populations rurales dans leur propre développement est
devenue une nécessité voire un impératif pour tout
développement durable.
Il faut également noter que l'avènement du
programme d'ajustement structurel entrepris par la banque mondiale et le FMI
pendant les mêmes périodes, s'est avéré
également propice à l'émergence des méthodes dites
« participatives » pour la simple raison que ces institutions
voyaient en ce concept un moyen pouvant contribuer à assurer une
meilleure gestion des investissements réalisés dans les pays en
voie de développement.
L'Afrique a également vu émergé le
concept de la participation à la fin des années 70 (début
1980), suite aux constats des limites des stratégies de
développement adoptées au cours des deux premières
décennies des périodes postcoloniales. Ces approches avaient
plutôt des visions très technicistes avec l'Etat comme principal
acteur dans la définition des projets par l'intermédiaire des
techniciens de développement (GUEYE, 1999).
- Définition
Le Larousse 2004 définit la participation comme le fait
de prendre part, de contribuer et de collaborer.
Le FIDA (2001) précise que « La participation est
une perception partagée et un facteur de responsabilisation conduisant
à la prise de décisions en commun. Elle commence par la
concertation, passe par la négociation (des problèmes, solutions
et approches) pour aboutir à la prise de décisions et à
l'action. »
MEISTER (1971) cité par BOUKHARI (1994) définit
la participation comme " une organisation volontaire de deux ou plusieurs
individus dans une activité commune dont ils n'entendent pas uniquement
tirer les bénéfices personnels et immédiats"
La complexité de la définition du concept de
participation suscite depuis un certain temps l'utilisation de plus en plus
grandissante de plusieurs termes essayant chacun de cerner le concept le plus
exactement possible. C'est pour cela que nous pouvons lire dans des documents
que la participation c'est l'implication, la négociation, la
concertation, l'information, la responsabilisation, la consultation, le
partage, l'engagement, la collaboration ou tout simplement le droit de l'homme
et la démocratie.
Chacun de ces termes représente à sa
manière la participation qui se veut de plus en plus indispensable
à la planification et au financement de tous les types d'interventions
entreprises en faveur du développement.
Les agents de développement ont remarqué que
l'application de la participation laisse entrevoir différentes
dimensions de son adoption dans les projets et programmes de
développement. Certains chercheurs ont étudié le
phénomène puis ont déduit que dans le processus de
participation, on peut distinguer des types, des niveaux et des formes de
participation. Cette désignation peut quelques fois différer d'un
individu à un autre mais les fondements se rejoignent à plusieurs
titres.
I.3.1.Formes de participation
On désigne par forme de participation, les raisons qui
peuvent pousser un individu à participer à une
activité.
MEISTER (1973) distinguent cinq formes de participations :
o La participation de fait : Cette forme de
participation stipule que l'individu participe instinctivement parce qu'il
appartient à un système familial, religieux et traditionnel qui
l'incite à participer par l'intermédiaire des relations
affectives qui caractérisent ce système. Cette forme de
participation est alors involontaire et caractéristique des
sociétés fortement traditionnelles.
o La participation spontanée : On ne
peut pas dire de cette forme de participation qu'elle est de fait ou
volontaire. Elle est plutôt l'aspect d'un pont entre ces deux formes de
participation.
o La participation volontaire : Cette forme
de participation provient de l'initiative des participants sans recours aux
interventions extérieures. Elle émanerait d'un
hypothétique passage des sociétés traditionnelles vers les
sociétés modernes.
o La participation provoquée : cette
forme de participation comme son nom l'indique, est induite et stimulée
de l'extérieur par des institutions ou des organismes afin de provoquer
l'implication de la population dans tout processus de développement les
concernant.
o La participation imposée : Cette
forme de participation peut émaner du groupe lui-même ou de
l'influence extérieure afin de susciter une forme d'organisation au sein
des participants comme par exemple la réglementation de distribution
d'eau dans un périmètre irrigué.
Parallèlement à ces résultats de MEISTER,
d'autres ont représenté les formes de participation comme
étant les moyens par lesquels on peut susciter la participation de la
population. Ces moyens sont :
La manipulation ;
L'information ;
La consultation ;
La négociation ;
Le partage de risques ;
Le partenariat ;
Le self Management.
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