L?horreur telle que perçue et considérée
aujourd?hui est un concept doté d?une appréhension lointaine.
Considérant que l?horreur est liée aux
sentiments, à l?état psychologique individuel, nous pouvons
asserter qu?elle peut se reproduire en tous les hommes compte non tenu des
traditions, appartenances et autres croyances. Chaque être humain peut
ressentir la peur, la crainte face à une situation débordante ;
quoi que le degré de cette peur ou de cette crainte dérive du
conditionnement mental, donc peut varier selon les individus. L?horreur est
donc un sentiment propre à l?humanité. Elle est
civilisationnelle, culturelle et dépend du degré
d?intégration des individus.
Dans l?antiquité, les considérations sur
l?horreur tournaient autour des questions sur l?héliocentrisme et le
théocentrisme. Il était question de déterminer la place de
la divinité dans le développement de l?individu. Naquirent alors
des écrits, des mythologies sur la représentation de la vie et de
la mort en ce qu?elles sont intimement liées à la notion de
divinité. Les argumentaires tournaient autour d?une force externe,
supreme, dynamique qui possède le total contrôle sur l?homme.
Accéder dès lors à cette force nécessitait une
hygiène de vie, des représentations particulières et des
comportements précis. La violation de ces règles était
susceptible de punition en même temps par la société que
par cette force suprême. La crainte était l?élément
qui limitait les abus et autres déviances.
Dans l?époque contemporaine, les considérations
sur l?horreur sont beaucoup plus développées dans les
écrits théologiques et romanciers; méme si l?idée
de guerre reste le fond
48 Id.
de la pensée occidentale. Sont alors abordés
à cette époque et ce qui se reproduit jusqu?à
l?époque actuelle, les notions du bien et du mal. Celles-ci expriment la
vision manichéiste du monde dû par les religions. Les
écrits apocalyptiques par exemple de Saint Jean, présentent
l?image du diable, monstre répugnant cause des désastres des
humains, mais qui finira par être vaincu par Dieu49.
L?orientation biblique est essentiellement focalisée sur la peur, la
crainte, l?horreur des événements à venir (la fin du
monde). Les questions du bien et du mal seront au centre de toute une tradition
exprimée en termes de civilisation qui se retrouvera plus tard dans les
domaines politiques, économiques et socioculturel d?autres peuples. Il
s?agit de la civilisation occidentale qui, sous l?influence de ces notions ira
vers d?autres nations pour transformer et développer. Et c?est aussi
dans cette logique que les guerres s?intensifieront et que les situations
d?horreur se multiplieront.
Par ailleurs, à côté de cette
littérature manichéiste, naîtra un champ critique de
l?activité belligérante et des guerres. Se basant sur les
atrocités de la guerre avec par exemple les pertes en vies humaines, les
mutilations d?individus ainsi que des destructions matérielles,
plusieurs auteurs et activistes de paix dénoncent la guerre et proposent
des stratégies pour son éviction. Kant par exemple dans son
projet de paix perpétuel50 quoi que défendant
l?idée de ce qui sera plus tard la démocratie, propose la
démilitarisation des Etats et la remise du droit d?aller à la
guerre au peuple. Dans cette même logique plusieurs mouvements de paix
créeront des assemblées, formeront des coalitions pour militer en
faveur de l?arrêt immédiat de la guerre et l?application des
principes non violents.
Ceci suggère que l?horreur à une valeur
éducative, voire humanisant. Des leçons peuvent être
déduites de l?horreur, des enseignements peuvent y être ressortis
en termes de construction de l?idéal qu?est la paix.