Le calcul de l?horreur doit fonctionner à travers la
constitution d?organes délibérants entre les groupes internes
conflictuels. Il s?agit de créer dans chacun des cinq groupes ethniques
du Nord Kivu un organe chargé d?évaluer les pertes encourues dans
les violences passées et les potentielles pertes en cas d?une escalade
de la violence. Constitués de personnes formées aux techniques du
calcul de l?horreur à savoir l?analyse comparative et l?analyse de
scénario sur l?escalade de la violence, ces groupes étudient les
pertes qu?ils ont à s?investir dans l?activité
belligérante et informent leur membre et le gouvernement dans une
optique de dissuasion ou de non recours à la violence. Les organes du
calcul de l?horreur sont constitués par des leaders de ces groupes
directement impliqués dans les actes d?agression et les personnes non
directement impliquées qui subissent la violence. Ceux-ci agissent
chaque fois en alerte pour présenter aux protagonistes
l?inutilité de recourir à la violence. Ces organes sont
constitués de membres responsables et de plusieurs autres personnes
pouvant s?investir dans les opérations de collecte de données via
la revue documentaire et les enquêtes sur les conflits de leurs
localités respectives.
Pour assurer une coordination des organes du calcul de
l?horreur, les organes délibérants doivent se retrouver au sein
d?une plateforme intergroupe, un réseau intergroupe afin
d?échanger sur les informations obtenues. Le réseau est
constitué de leaders choisis localement et appartenant aux organes
délibérants. Deux principaux attributs concerneront ledit
réseau : il sera chargé d?enregistrer l?état
d?évolution sur la violence et les besoins des groupes afin de
déterminer un cadre d?action général tout en mettant en
oeuvre des projets économiquement rentables communs.
L?alerte doit se faire de manière transversale entre
les différentes parties qui s?attèlent au calcul de l?horreur.
Les groupes doivent informer les autres et les décideurs politiques et,
ces derniers doivent en faire autant. Ceci est utile pour une collaboration
dans la consolidation de la paix et, est susceptible à travers des
dialogues permanents de calmer les ambitions destructeurs des parties.
L?estimation dès lors intensifie le dialogue intergroupe et a deux
impacts positifs sur la violence : il freine l?escalade et ouvre des voies
à la négociation pacifique.
Le calcul de l?horreur a aussi une perception
économique. En effet, le dialogue institué par les organes
d?alerte doit être sous-tendu par la création des espaces de
concertation et d?activités génératrices de revenus(AGR)
intergroupes.
L?idée est ici de constituer un réseau de
groupe qui se réunira au sein de l?office intergroupe d?échange
sur l?alerte des conflits et l?évaluation des conséquences
négatives de potentiels affrontements. Chaque groupe va apporter
l?état des besoins sociaux de ses groupes cibles et élaborer un
projet de financement des AGR censées améliorées leurs
conditions de vie. La plus value des échanges sur l?alerte des conflits
constitue ces AGR qui, ne s?opèrent pas indépendamment du
réseau. Par exemple, des champs intergroupes pourront être
crées, ou des micros entreprises qui vont employer des ressortissants de
groupe différents. A travers la mise ensemble des forces pour la
production de biens et services, des échanges relatifs à la paix
s?effectueront entre les individus et, progressivement la paix et la
non-violence seront une réalité.
Le mécanisme de financement des AGR se fera non par
une aide internationale, mais par les bénéficiaires au sein d?un
même groupe. Il est vrai, un appui international pourrait être
utile, mais les ressources principales viendront des groupes internes. A ce
titre, des cotisations de 01 dollar US par membre d?un groupe seront
versées chaque mois auprès de l?instance d?alerte du groupe. Ces
fonds serviront à financer les projets identifiés.
De manière concertée, les groupes
adhérents au réseau doivent planifier des projets touchant des
domaines divers et dénués de tout enchevêtrement. Chaque
groupe produira ce qu?il sait le mieux faire, pour éviter toute
concurrence susceptible de rehausser les antagonismes.
Le réseau intergroupe a donc une double fonction :
rendre compte de la situation de paix via l?alerte précoce et,
coordonner les AGR susceptibles d?occuper une forte frange des populations,
diminuer les antagonismes et favoriser une insertion sociale aux individus.
Bien plus, les organes d?alerte de futures violences
constitués vont s?atteler à informer via l?éducation les
groupes cibles de leurs communautés sur les nuisances qui peuvent
résulter
de l?escalade de la violence. Il s?agit de présenter
les traumatismes qui peuvent résulter des affrontements, de
préciser par des données chiffrées si obtenues de la
barbarie qu?est la violence directe et de projeter des images à partir
de scènes passées négativant l?usage de la violence.
À ce titre, plusieurs canons se dessinent. Cet ensemble d?action peut se
faire à travers les écoles, les Universités, les Eglises
ainsi qu?à travers tout autre lieu de socialisation. Par exemple, des
ossements humains, des photos de personnes mutilées et des images
d?habitats décimés peuvent être exposés dans des
musées. Ceci va renforcer l?état de peur du recours à la
violence dans les prochains conflits par les belligérants. A ce stade,
et, progressivement, la Paix Positive sera une réalité.