L?approche scénario est estimative et se fait à
deux niveaux : l?évolution de la donne sociopolitique, économique
et culturelle interne et internationale qui tiennent lieu de composante.
Au plan interne, l?estimation mesure les indicateurs des
conflits contemporains et fait des prévisions sur l?avenir en fonction
de l?évolution et du dynamisme des composantes suscitées. Aussi,
l?estimation analyse les informations recueillies sur les forces en
présence,
175 Coller, Paul and Hoeffler, Anke : Greed and Grievance in
Civil War in Oxford Economic Paper, no 56, 2004
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leurs attitudes et comportement, l?évolution et la
variation des alliances, les antagonismes pour définir les
potentialités d?escalade des conflits.
A partir de l?analyse stratégique, des scénarios
sont mis en relief pour déduire les risques ou impacts négatifs
pouvant résulter d?une escalade de la violence.
L?accent est ici mis sur les groupes qui influencent la paix.
En effet, intégrer les groupes conflictogènes dans le processus
de résolution/prévention des violences c?est recomposer les
constituants de la paix et considérer les intérêts et
enjeux « cachés » qui alimentent la violence. Les groupes
belligérants constituent les faiseurs de paix et de guerre.
Dès lors, tout espoir de paix doit tenir en compte leur influence, leurs
forces et leurs revendications. Prenons par exemple le cas de deux forces qui
s?affrontent : les FDLR et le RCD-G. L?estimation dans l?optique de
prévenir de nouvelles violences doit étudier de fond en comble
les indices suivants : leurs approvisionnement en arme, les alliances qu?elles
nouent, l?occupation de l?espace, les discours tenus, les griefs, les attitudes
et les comportements conflictuels.
Inscrits sur une courbe de la dynamique des conflits, ces
indices sont susceptibles de renseigner si les parties sont prétes pour
le dialogue ou alors veulent aller dans l?affrontement direct. Dans un
repère orthonormée, l?on place en abscisse les indicateurs et, en
ordonnée le temps. S?il s?avère que la moyenne de ces indicateurs
soit croissante dans le temps, l?on peut considérer que l?escalade
pourrait advenir. Au cas contraire, elle ne pourrait se produire.
Graphique d'étude sur les potentielles violences
ouvertes : réal'ser par nous
Toutefois, l?observation n?est pas qu?effectuée sur
les groupes belligérants, elle l?est aussi sur les groupes civils
classés en fonction de l?appartenance intergroupe. Ici, des indices tels
la pauvreté, la satisfaction des besoins de base, la rumeur peuvent
être relevés en plus d?autres indices sus-évoqués.
L?analyse produit alors la perception sociale de la violence et de ses
potentiels impacts sur les interactions sociales entre individus ainsi qu?entre
individus et l?Etat. Le principe d?identification de potentielle violence est
le même que celui précédemment abordé. Les indices
sont en abscisse et le temps en ordonnées. La persistance de la
pauvreté ou de mesures ségrégationnistes pourrait par
exemple escalader en violence.
Pour une bonne effectivité, des projections sont
effectuées sur les informations obtenues allant des périodes
d?exacerbation de la violence aux potentiels impacts négatifs dans
l?ensemble des parties et ou victimes.
Au plan international, c?est-à-dire au sein d?une
méme sous région, l?estimation analyse la donne politique des
Etats. Elle étudie par le méme mécanisme les liens
d?ethnicité et les alliances transfrontalières pour en
déduire les impacts négatifs sur les groupes internes à un
Etat. Essentiellement, l?analyse se focalise sur les Etats partageant quasi
similairement le méme contexte socio politique et économique.
L?évaluation des crises et scènes de violence dans l?histoire est
aussi intégrée à cette analyse. Bien plus, les rapports de
dépendance, le poids des échanges commerciaux, la
sensibilité et la vulnérabilité des groupes par rapport
aux autres permettent de déterminer des risques d?implosion de la
violence.
L?estimation tient donc lieu d?une bonne maîtrise des
contextes de violence interne et sous régional. Elle est cependant
sous-tendue par une alerte précoce non pas seulement aux
autorités politiques mais aussi à tous les belligérants et
victimes de la violence.