L?accord de Sun City a permis de concrétiser le
contrôle du système politique et économique de la RDC par
les pays membres du comité International de la transition. Il s?agit des
5 membres permanents du conseil de sécurité et l?Afrique du Sud,
l?Angola, la Belgique, le Canada, le Gabon, la Zambie, l?UA, l?UE et la MONUC.
Ces pays et instances ont refusé de s?adresser aux causes liées
à l?exploitation des ressources naturelles de la RDC, se résumant
au fait que les congolais devraient s?entendre entre eux-mêmes. Ainsi,
ils n?ont pas abordé la question des contrats léonins, la
poursuite de l?exploitation des ressources naturelles et la persistance du
ravitaillement en armes des groupes armés. Cette situation contribue
dès
166 Id, p.1
lors à frustrer ceux qui n?ont pas profité des
dividendes de l?exploitation des ressources naturelles.
Par ailleurs, il faut noter que les belligérants n?ont
jamais respecté les conditions dudit accords. En effet, quelques jours
après la signature des accords, des actes de violences continuent et,
les gouvernements impliqués dans le conflit assurent l?approvisionnement
des milices via des canaux illégaux.
En ce qui concerne la transition politique, dans un sens, le
dialogue intercongolais a renforcé la légitimité politique
des mouvements rebelles en tant qu?interlocuteurs prioritaires du gouvernement
de la RDC. Le partage de la RDC est effectif, et se fait entre forces
gouvernementales et groupes rebelles. En effet le système 1+4, ne donne
pas de pouvoir déterminant au président de la République.
Ce dernier voit sa souveraineté disloquée en de multiples parts
attribuées aux rebelles. Le partage du pouvoir n?est qu?un facteur
aggravant les tensions entre parties. L?accord n?a pas adressé les
causes sociales des violences se focalisant sur l?aspect politique et
institutionnel, oubliant les groupes qui ont subi des frustrations et qui
vivent au quotidien de l?aide humanitaire. Dans toute sa perspective, l?accord
de Sun City espoir d?un avenir de paix en RDC, à consister à
renforcer les intérêts des belligérants sans y
intégrer des milliers d?hommes , de femmes et d?enfants qui fuient les
guerres, vivent dans une indécence tragique et une pauvreté
accentué et dont les prières ne tournent qu?autour d?un retour
à la paix en RDC167.
Il est à relever que, les voies
politico-institutionnelles quand bien même sont utiles dans la
résolution des conflits en RDC et au Nord Kivu, elles ne sont pas
efficaces dans l?intégration de toutes les dimensions sociales
touchées par le conflit dans le processus de résolution desdits
conflits. Ainsi, les interactions ethniques ont été
ignorées, le poids des guerres sur les plans sociopolitique,
économique, culturels et environnementaux aussi, l?objectif étant
de partager les dividendes dü par les ressources naturelles en totale
oubli de l?humanité et des principes cardinaux de la paix que sont : le
dialogue, l?équité, la justice et la non-violence.
Dès lors que ces différents aspects ne sont pas
abordé dans une stratégie visant la paix, l?idée
naît de les réorienter sous ces perspectives. Dans ce cas, tout
effort de paix au Nord Kivu devrait prendre en compte les poids et
atrocité des affrontements, tout en prévoyant l?introduction au
sein des groupes conflictogènes des organes chargés d?alerter les
belligérants
167 Le poids de la guerre pèse sur les populations. Les
pertes qu?elles ont encourues ne leur permettent plus de continuer
l?activité belligérante. Elles sont comme le précise le
Dr. KÄ MANA, « fatiguées » de la guerre. Voir annexe 3
potentielles sur les risques encourus en cas d?escalade de la
violence ; ce que notre approche tente de démontrer dans la partie
suivante.
En définitive, toutes ces limites des voies de
recherche de paix observables tentent de convaincre sur la
nécessité d?étudier les possibilités
d?établissement d?une stratégie de paix impliquant
essentiellement les groupes locaux victimes et faiseurs de la violence. La paix
au Nord Kivu doit être construite par la psychologie des
groupes168. Les contrats de paix entre hauts belligérants et
le recours à la force certes peuvent aider, mais ne sont pas pertinents
en matière de réalisation d?une paix durable devant garantir
stabilité et développement durable. Dans la partie suivante, nous
nous attelons à présenter ce que peut être une option de
paix obéissant à ce critère sus-évoqué et,
garantissant les conditions d?une paix positive au Nord Kivu.
168 Les groupes ethniques, les alliances de défense des
civiles sont des points focaux pour le début de
l?établissement de la paix. Ils s?investissent et
commence à développer des discours favorable à la paix.
Comme le précise Mr CISHAMBO CISHAMBO (interviewé le 08-12-2011,
voir annexe 8), ils sont désormais conscients que la guerre ne leur
servira à rien. La paix est ainsi d?abord pour les kivutiens du Nord
avant d?être celle des voisins et de l?Etat congolais.