Willame165 relève que l?accord de Lusaka a
été contradictoire en ce sens qu?il conditionne une obligation
non négociable en Droit International, à savoir, le respect de
l?intégrité territoriale et de la souveraineté
internationale d?un pays agressé par un autre, à l?obligation
pour le pays agressé de mener avec succès un dialogue national.
Nonobstant, les acteurs internationaux impliqués dans le processus de
gestion des conflits ont axé toute leur diplomatie au processus de
réconciliation nationale sans que soit réellement mis en exergue
la réalité d?une agression extérieure condamnable en Droit
International. L?accord légitime la
163 Johnson, Dominic :
Construire la paix au milieu de la guerre ? Le
désarroi de la communauté internationale, Goma, 26/9/2008,
p.8 in Pole Institute : RDC, Nord Kivu, les guerres derrière la guerre,
dossier Pole Institute, Goma, le 26 septembre 2008
164 Id , p8
165 Willame, op.cit
présence des forces étrangères en RDC en
leur attribuant le qualificatif de « belligérants ». De ce
fait, l?accord nie en quelques sortes l?agression dont la RDC est victime de la
part du Rwanda, du Burundi et de l?Ouganda.
Dans son explication des causes des violences, l?accord de
Lusaka ne mentionne que la dimension interne. Il parle plutôt d?un
conflit ou des groupes rebelles se seraient insurgés, un conflit
où l?exclusion politique a favorisé le conflit armé. Or,
ignorer la dimension externe du conflit en RDC ne constitue qu?à rendre
parcellaire toute tentative de recherche de paix.
L?accord prévoie aussi de poursuivre et désarmer
les criminels de guerre ainsi que les milices. Mais, la contradiction en est
que, l?accord assigne aux belligérants eux-mêmes
« la tâche de contrôler le
désengagement des forces pendant la période transitoire
précédent le déploiement des forces onusiennes
»166. Ce qui élargit le champ
d?intervention des forces externes en RDC piétinant sa
souveraineté.
Grosso modo, en ce qui concerne les modalités de
cessation des hostilités, l?accord de Lusaka a plutôt
renforcé au lieu de réduire les capacités d?intervention
des forces externes agressives de la RDC. De deux, l?accord s?est
focalisé fondamentalement sur la résolution politique des
violences battant en brèche l?influence externe et les problèmes
ethniques et du foncier qui alimentent à leur façon ces
situations de violences. Un conflit complexe obéit à une
méthode de résolution complexe. Pour ce qui est de la RDC, seules
les approches militaires et Politiques ont été
privilégiées par l?accord de Lusaka. Ce qui n?a fait
qu?accroître les violences et potentialités d?actes
génocidaires dans ce pays et précisément au Nord Kivu
où les antagonismes connaissent progressivement des surenchères
critiques.