Deux principaux facteurs expliquent les limites de
l?intervention de l?Etat dans le processus de construction de la paix au Nord
Kivu : la non applicabilité du Programme Amani et de l?acte
d?engagement, et le recours à la force.
L?acte d?engagement constitue un panneau indicateur qui
montre la direction á suivre. Il laisse le soin aux acteurs
engagés dans le processus de négociation de prendre
résolument la route et mener à bout la course entreprise. Ces
acteurs l?ont massivement violé. Aussi, considérés comme
la principale menace à la paix, la question des FDLR n?est pas
adressée.
« Selon la MONUC, depuis la signature des actes
d'engagement, il y'a eu 304 violations du cessez-le ~feu, dont 50 entre CNDP et
milices diverses, 49 entre PARECO et CNDP, 46
concernant les FDLR, 32 entre FARDC et CNDP
»163. Le CNDP explique les violations du cessez-le-feu par deux
choses : l?échec du Programme Amani et la volonté de
négocier de façon directe avec le gouvernement en dehors de ce
cadre.
Le plan de désengagement proposé dans le cadre
du Programme Amani n?a pas été respecté. En effet, ce plan
demandait aux parties belligérantes de respecter trois lignes de
désengagement au Nord Kivu : au sud et au nord de la zone CNDP dans le
territoire de Masisi et à l?ouest de l?autre zone CNDP tamponnée
aux frontières de l?Ouganda et du Rwanda dans le territoire du Rutshuru.
Aussi, il définissait quatre zones de répartition où,
d?après un calendrier précis, les forces en place devaient se
désengager. « Le paradoxe maintenant est que le gouvernement a
accepté le plan de désengagement mais refuse de l'appliquer sur
le terrain, tandis que le CNDP l'a refusé mais de fait le respecte
»164.
En plus, depuis son acceptation du plan de
désengagement le 17 septembre 2008, les FARDC multiplient les attaques
contre les rebelles et précisément les FDLR. Dans ce cadre, la
MONUC relève que les FARDC constituent les premiers violeurs du
cessez-le-feu. Aussi, des témoignages rapportent la contestation des
casques bleus de la MONUC par ces soldats FARDC qui, manipulent la population
pour saboter l?action de la MONUC et se maintenir dans les localités
contrôlées.
Dans toutes ses actions entreprises, le gouvernement favorise
l?option militaire, ce qui raidit la rébellion et ajourne l?espoir d?une
paix positive au Nord Kivu.