La non-violence définit l?ensemble des moyens
utilisés en situation de conflit pour se faire respecter tout en
respectant les adversaires. C?est non seulement un moyen de gérer et
régler les conflits sans violence, mais aussi un moyen d?action qui
restitue aux individus et aux peuples le pouvoir dont ils remettent
habituellement une large part aux Etats. C?est donc une chance pour la paix
positive. Rosenberg Marshall la définit comme «
une attitude intérieure d'écoute par laquelle
on s'exprime sans empiéter sur le territoire de l'autre, sans lui
attribuer des sentiments ou des étiquettes, sans le juger
»95.
Le terme non-violence apparait en 1920 dans la bouche et sous
la plume de Gandhi qui traduit le mot Sanskrit « ahimsa » qui veut
dire « non-nuire ». Mais, il faut relever que Gandhi n?a pas
inventé le terme, il n?a fait que le traduire. En effet, plusieurs
moyens non-violents (grèves, refus d?obéissance) sont très
anciens. La différence en est que ces moyens étaient rarement
associés au refus de la violence. Gandhi par contre a initié le
refus de la violence. La non-violence est dès lors une forme de lutte
qui cherche parfois à convaincre l?adversaire ou à
l?empêcher de nuire tout en respectant sa personne, et s?opère
à travers des moyens tels : la parole, la discussion, la
négociation, le respect des personnes, l?information et l?opinion.
Martin Luther King, retraçant les origines de la
ségrégation des noirs et de l?application des principes
non-violents dans son combat, considère que la non-violence suppose la
non atteinte à l?intégrité physique d?un individu quoi que
soit ignoble le mal commis. Pour lui, la violence crée plutôt de
nouveaux problèmes et favorise une surenchère critique. Ainsi, le
recourt à la violence dans la lutte pour la justice créera des
générations de vivants dans « la nuit
désolée de l'amertume, et leur principal héritage sera le
règne infini du chao »96. Dans ce cas, le recourt
à une alternative à la violence est susceptible de créer
de nouvelles relations viables. Cette alternative c?est la non-violence qui
signifie aussi nonagression, paix du coeur et amour dans une situation
conflictuelle. King assimile la non -- violence à la paix positive. A ce
titre, il asserte que la présence de certaines forces positives
95 Rosenberg, Marshall : Les mots sont des
fenêtres/ ou bien ce sont des murs. Initiation à la communication
non violente, Syros, 1999, p.29 cité par Maurel, Olivier : La
non-violence active. 100 questions-réponses pour résister et
agir. La Plage, Montpellier, 2001
96 King, op.cit
tels la justice, la bonne volonte et la
fraternite97 sont des vertus de la non-violence. Ce concept est
alors legitime par cinq arguments : le rejet de la peur, la résistance
non violente, l?acte non violent, l?amour et la justice.
La non --violence n?est pas la peur, mais une
résistance authentique. Ceci est dff par le fait que le résistant
non violent s?oppose aussi aux maux contre lesquels il proteste que le partisan
de la violence. Sa méthode est dite passive ou non agressive parce
qu?elle n?attaque pas physiquement son opposant. Mais, « son esprit et
son coeur sont sans cesse en éveil, il cherche constamment à
convaincre l'autre de ses erreurs »98. Si elle est passive
par rapport au physique, elle suppose une action spirituelle intense, une
agression spirituelle dynamique.
Par la suite, la resistance non violente ne vise pas à
humilier son opposant, mais à gagner son amitié et sa
compréhension. C?est un acte de réconciliation.
Les forces du mal et non les personnes saisies par le mal sont
celles contre lesquelles la non-violence est dirigee. Dans ce cas, la
destruction vise les forces mauvaises et non des personnes dont elles se sont
emparees.
En meme temps qu?elle écarte toute violence
extérieure, la non agression écarte aussi toute violence
intérieure de l?esprit.99 L?amour est ainsi au coeur de la
non-violence. Precisons qu?il ne s?agit pas ici d?un amour au sens
philosophique platonicien ou d?une affection entre ami. L?amour
caractère fondamental de la non-violence est un amour Agapé
qui evoque une compréhension, un flot d?amour qui ne demande rien
en retour, une bonne volonté comprehensive. De par cette perception, le
resistant non violent est persuade que la justice est une valeur
universelle.
La non-violence designe dès lors resistance,
endurance, acceptation et volonte de construire une paix positive. King
rencherit que « si nous utilisons cette méthode avec sagesse et
avec courage nous sortirons de la nuit désolée et lugubre
où l'homme manifeste son humanité envers l'homme et nous
émergerons dans l'aube brillante de la liberté et de la justice
»100.
Cerner la non-violence en tant que fondement du calcul de
l?horreur exige d?aller plus loin en y presentant une typologie(A) et des
atouts(B) pour la contribution au retablissement de la paix de façon
durable et mutuellement acceptable.
97 King, Martin Luther : Je fais un
rêve. Nouveaux Horizons, Paris, Traduction de Marc Sparta, 1987,
p.23
98 Id, p.25-26
99 Ibid, p.27
100 Id,p29
Selon la critériologie de Gene Sharp, le pacifisme
non-violent regroupe essentiellement : la non résistance, la
résistance morale, l?action directe non violente.
La non résistance c?est le rejet pour des principes,
de toute violence physique, qu?elle soit au plan individuel, étatique ou
international. Cette méthode refuse la participation à la guerre
et à l?Etat en arrêtant les bureaux du gouvernement, en votant ou
en faisant recours à la cour. Les résistants non violents paient
leurs taxes et font ce que demande le gouvernement si ce n?est inconsistant
à ce qu?ils considèrent comme des devoirs recommandés par
Dieu. Ce sont des mouvements essentiellement religieux et chrétien en
particulier. Les mouvements de résistance non violent pensent qu?il
n?est pas possible d?être libéré du pêché,
à ce titre, le chrétien doit s?éloigner du mal.
La résistance morale est fondée sur la croyance
selon laquelle le mal doit être résisté, rien que par des
moyens moraux ou pacifiques. La référence à la
responsabilité morale de l?individu est une part importante de cette
approche. Elle refuse la participation des individus à des situations de
mal telles les guerres, l?esclavage sous toutes ses formes.
De son côté, l?action directe non violente vise
la réalisation de la paix par une intervention directe non violente
visant à mettre en place un nouvel ordre. L?intervention directe se
situe à plusieurs niveaux. Les intervenants mènent des
investigations, discutent avec les responsables d?une injustice et/ou cause du
mal et, font des appels publics et des publicités sur les griefs.