Le conte et l'éducation chez les Lokpa du Bénin( Télécharger le fichier original )par Akéouli Nouhoum BAOUM Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise en lettres modernes 2010 |
1.1.3 La théorie africaine ou ethnologiqueLes ethnologues ont investi les campagnes des peuples où se pratique l'oralité à l'affût des littératures orales conservées vivantes. Grâce aux travaux de ces chercheurs européens et africains, la lumière a été faite sur ces « histoires absurdes et grossières ». Ces ethnologues, contrairement aux précédents, s'évertuent à chercher les origines des contes et mythes au sein des sociétés qui les ont vus naître. Pour eux les histoires autrefois bafouées constituent une entière littérature aussi riche et vivante que celle écrite. Geneviève Calame-Griaule dit à ce propos que « La recherche sur l'oralité s'est beaucoup développée et l'on reconnaît aujourd'hui que les productions « populaires » méritent bien le nom de littérature car elles témoignent d'une recherche d'esthétique au niveau de la forme, d'un emploi particulier de langue et de procédés stylistiques propres à l'oral qui leur confèrent une valeur esthétique fortement ressentie par les usagers. Non seulement l'expression « littérature orale » est très largement admise, mais son statut a changé et l'on l'inclut dans ce qu'on appelle depuis peu avec respect le « patrimoine immatériel11. » A ce niveau de développement, nous pouvons dire que la littérature orale a ses racines, ses origines au sein des sociétés qui la produisent. Ses propres interprétations (aussi appelées mythologie solaire) furent critiquées par la suite mais il avait introduit un nouveau domaine d'étude comparatiste, Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_M%C3%BCller 10 Marthe Robert, cité par Jean-Claude Schneider, Grimm. Contes choisis, 2000 11 BAUMGARDT, Ursula. UGOCHUKWU, Françoise. Approches littéraires de l'oralité africaine, Karthala, 2005, p.5. Ainsi selon Pierre N'Da Kan12, se basant sur les travaux des traditionalistes africains, les contes proviendraient des ancêtres de la tribu chez les Fang du Gabon; ils proviendraient, selon les Baoulé de Sakassou (Côte d'Ivoire), de l'Eternel-Dieu qui les aurait créés sans témoin et à une époque lointaine et les aurait donnés aux hommes. Pour les Nzima du Ghana et les Baoulé-Agba de Côte d'Ivoire, c'est encore Dieu (Edenkanman pour les Nzima et Nanan Nyamien pour les Baoulé-Agba) qui aurait créé les contes et les aurait répandus sur la terre depuis le commencement des temps. Mais pour les Baoulé-Agba, Nanan Nyamien après avoir créé les contes les a donnés à l'araignée qui les a répandus. Ainsi, comme on peut le constater, les sociétés africaines donnent au conte des origines divines. Cette théorie traditionnelle de l'origine des contes nous rappelle curieusement une autre que nous pouvons nommer théorie des théologiens. En effet, dans un livre13 qui date du début du 19ème siècle, Paul GUDIN disait : « Si j'en crois des théologiens qui ne mentent jamais, l'origine des contes est toute céleste. Les Anges en firent long-temps avant la création du monde : ils y eurent un si prodigieux succès, que la moitié des Anges se fit chasser pour les trop aimer. ». Cette théorie théologienne correspond à la pensée traditionnelle africaine. Cette convergence rapproche les deux visions et renforce la piste de ceux qui pensent que les contes africains, malgré leur ressemblance avec ceux d'ailleurs, restent pour la plus grande partie des productions authentiquement africaines, n'en déplaisent à ceux qui essaient de « montrer comment sont issus d'une souche unique, attestée dans l'Inde ancienne, plusieurs groupes de contes que nul, à première vue, ne songerait à apparenter. »14. |
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