3 - Cas individuels
3.1 - Document n° 14 : Josef Comla [Köhler
*]
Source originale : Archives Nationales du Togo (ANT)-FA
3/185
3.1. 1 - Résumé en français de
l'ensemble des extraits
L'histoire de Josef Comla [Köhler *], né le
17 mars 1897, intimement associé à celle de son
demi-frère Paul Quakuvi Jacobi, né en juin 1898, est un cas
très intéressant qui permet
de découvrir la complexité des
problèmes liés aux « métis allemands » du Togo.
Les extraits de documents d'archives présentés ici donnent une
idée de cette complexité.
Le mulâtre Josef Comla, fils du feu gouverneur
Köhler et de sa femme togolaise Douha, est né le 17 mars 1897. Dix
ans plus tard, le 21 mars 1907, le gouvernemeur Zech demanda aux
héritiers allemands du feu gouverneur Köhler de s'occuper des frais
de scolarité et d'hébergement de ce mulâtre. La garde de
l'enfant avait été confiée à l'assistant des
douanes Jacobi qui, jusque là, s'occupait du mulâtre parce qu'il
avait eu lui aussi un enfant de sa mère, un mulâtre nommé
Paul Quakuvi. Mais jusqu'alors, les dépenses effectuées pour
l'éducation de Josef Comla ne lui sont pas remboursées. C'est
pour cela que le gouverneur Zech demande de dresser un bilan mensuel de
dépenses, afin de se prononcer sur l'exactitude des dépenses
effectuées.
L'assistant des douanes Jacobi avait manifestement
pris avec lui - de gré ou de force - Josef Comla et sa mère. De
son union avec la mère de Josef Comla est né en Juin 1898 Paul
Quakuvi. Jacobi propose d'acheter un terrain au petit Josef Comla et d'y
construire une petite maison, afin qu'il puisse y vivre avec sa mère. De
l'autre côté, il y a la mission catholique qui réclame le
remboursement des frais de pension et de soins du petit Josef Comla. La
mère de l'enfant est d'accord pour l'achat d'un terrain. Alors, Jacobi
propose l'achat d'un terrain d'une plus grande parcelle avec sa contribution
afin que la mère et ses deux enfants puissent y vivre. Le 15
décembre, il est porté à la connaissance du commissaire de
police Röhn qu'un terrain approprié serait à vendre. Le 20
juillet 1909 l'agriculteur Boko Agedji a vendu un terrain sis à
Lomé, et qui mesure 0,0681 ha pour un montant de 500 Marks qui ont
été versés en liquide. Et la signature du contrat de vente
a été faite en présence de l'agriculteur Boko Agedji de
Lomé, le chef de cercle de Lomé-ville, l'Assesseur de justice Dr.
Asmis, tuteur du petit mulâtre Josef Komla. Le 11 septembre 1909, une
autre vente de terrain s'est effectuée entre le chef de cercle de
Lomé, Monsieur l'Assesseur Dr. Asmis comme tuteur du petit mulâtre
Josef Komla et Monsieur l'Assistant des douanes Jakobi comme tuteur du petit
mulâtre Paul Quakuvi. Le terrain n'est autre que la moitié du
terrain du mulâtre Josef Komla, vendu à 250 marks. Toutefois,
l'assistant de douane Jacobi garantit à Josef Komla le libre
accès au terrain.
L'assistant de douane Jacobi s'engage à
construire sur le terrain de Josef Komla et de Paul Quakuvi une sorte de maison
pour jumeaux qui sera séparée par un mûr mitoyen et un
puits, qui profiterait équitablement aux deux propriétaires. Il
s'engage à débourser 500 M y compris les 250 M de l'achat du
terrain de Josef Komla et à faire des dépenses
supplémentaires en dehors des 250 M; seulement
si Josef Komla s'engage à son tour à rembourser ces
dépenses à sa mère dès qu'il aura atteint
l'âge adulte. Ainsi cette dernière aurait le droit de partager
cette maison jusqu'au remboursement de cette dette. La somme totale
dépensée pour la construction de la maison s'élève
à 1567,45Mark et Josef Komla devrait rembourser la moitié de
cette somme : 783,70 Mark, moins la somme du terrain 250 M, soit 533,70
Mark.
L'Assistant Jacobi quitta le Togo en 1911 et mourut en
1912 à Leipzig, laissant derrière lui un fils mulâtre Paul
Quakuvi à qui il a fait don d'un terrain et d'une maison pour
répondre à la coutume en vigueur des Européens de
dédommager les enfants issus de leurs rapports extra-conjugaux avec une
indigène.
Selon les notes d'archives du commissaire de police
Bähr le 14 avril 1913, le fils de Jacobi a été
embauché à la direction d'une entreprise à Lomé, et
Josef Komla continuerait à fréquenter l'école de la
mission catholique, et il n'y aurait plus d'argent auprès du Chef de
District pour ces deux enfants.
|