2.7.3.3: Traduction intégrale en français
Au Secrétariat d'Etat aux Colonies à Berlin,
Brême, le 16/07/1913
La société missionnaire de l'Allemagne du
Nord, au sujet de la prise en charge des enfants mulâtres au
Togo.
Selon le dernier rapport administratif de
l'année paru sur les colonies allemandes, il existerait au Togo 240
enfants mulâtres. La population masculine européenne
s'élèverait à 254, dont 42 missionnaires catholiques et
évangéliques. Comparé à ce nombre des
Européens, le nombre des enfants métis est élevé.
La société de mission de l'Allemagne du Nord soutient la
thèse selon laquelle toute union entre Européens et femmes et
filles autochtones doit être rejetée. Ses représentants ont
donc plusieurs fois insisté, qu'il faudrait par exemple accorder toutes
les facilités possibles au mariage des fonctionnaires.
Eu égard à la situation réelle
sur le terrain, nous sommes d'avis qu'au Togo les enfants mulâtres ont
leur place parmi les indigènes. Conformément à cela,
à la demande et avec le soutien des parties concernées, et avec
l'aide de nos missionnaires, les enfants mulâtres sont presque toujours
placés chez des indigènes ou dans les familles de leurs
mères africaines. Mais malheureusement, il arrive souvent du
côté des pères, que la prise en charge des enfants soit
insuffisante ou n'existe pas du tout. C'est pour cela que la mission a
salué avec gratitude le fait que la Ligue Coloniale allemande a
souligné avec insistance, lors de son assemblée
générale de 1912 à Hambourg, l'obligation faite aux
pères européens de payer des frais d'alimentation pour leurs
enfants métis. Ceci devrait contribuer à réduire le nombre
de mulâtres.
Nous nous permettons donc de formuler des
doléances, à savoir : l'administration coloniale impériale
devrait prendre des mesures adéquates, peut-être en nommant un
tuteur général des mulâtres, afin qu'au Togo, les
pères soient amenés à payer des frais d'alimentation
suffisants, pour que les conditions des enfants métis soient
réglées d'une manière qui corresponde aux
intétêts des enfants respectifs eux-mêmes, de la mission et
du gouvernement.
Pour la Présidence de la société des
missions de l'Allemagne du Nord
a signé
A. W. Schreiber, Directeur de Mission.
P. 27 Réponse
Le secrétaire d'Etat, Berlin, le 26 juillet
1913
C'est avec satisfaction que j'ai pris connaissance de
l'importance qu'accorde la société de mission aux
problèmes juridiques et à l'entretien des mulâtres. Les
gouverneurs des colonies qui sont sous mes ordres sont prêts à
présenter les projets de décrets réglementant le statut
juridique des enfants métis hors-mariage. Je leur ai transmis votre
doléance.
a signé par intérim
Gleim
Commentaire succinct
La Direction de la mission de Brême s'invite
officiellement en Allemagne dans le débats sur la question des
métis au Togo. En campant sur une position raciste dogmatique qui est
celle du gouvernement colonial, elle manque de marge de manoeuvre pour jouer sa
propre
partition. En effet, c'est de la pure naiveté
de penser que l'obligation faite aux pères européens de payer des
frais d'alimentation pour leurs enfants métis, peut contribuer à
réduire le nombre de mulâtres. La mission de Brême manque
donc d'arguments et de solutions crédibles pour affronter la situation
des métis. Aussi se borne-t-elle à proposer ce qu'elle-même
fait avec ses missionnaires : faciliter le mariage des administrateurs
coloniaux avec des femmes blanches, pour éviter que ceux-ci se tournent
vers des femmes noires66. On voit que la Mission de Brême n'a
pas encore compris une des dimensions principales de la question : l'attrait de
la femme noire, symbole d'érotisme exotique
|