4.3 Commentaire :
Tout en essayant de contourner la contrainte de l?exercice de
cette production écrite et qui consiste à réutiliser les
outils de cause ; étudiés en classe (activité de
grammaire), dans un court texte argumentatif où il est question de
donner leur point de vue à propos de la cigarette, un
phénomène répandu dans le milieu scolaire algérien
notamment au collège, certains apprenants de quatrième
année moyenne, bien entendu, se sont contentés uniquement de
répondre à la question posée dans la consigne et ce, en se
limitant à présenter les dangers de ce fléau social sur la
santé de l?homme sans accorder la moindre importance à l?exigence
exprimée dans la consigne formulée : apprenant n° 08, 25, 29
et 31(Voir le tableau 1-3). Ces élèves n?ont employé en
effet aucun de ces outils de cause.
Nous disons alors qu?ils n?ont pas voulu prendre le risque
dans le choix de la tournure convenable de cause ainsi que de l?emplacement
correct de cet outil dans l?énoncé.
Se comporter de telle manière montre que ces
élèves n?ont pas réalisé le transfert attendu car
ils ne maitrisent sûrement pas la notion en question(le rapport de
cause).
Cette incapacité de réinvestissement de ce point
de grammaire pourrait être justifiée donc par la non maitrise de
ce point de langue par ces apprenants, c?est ce qui explique d?ailleurs leur
recours à la stratégie d?évitement.
A l?opposé, d?autres apprenants ont réinvesti
correctement certains outils de cause : parce que, car, puisque, à cause
de et grace à. Nous avons remarqué l?absence totale de la
conjonction de cause « Comme » dans toutes les productions
écrites analysées.
Nous avons relevé aussi, au cours de cette analyse,
différents cas de figure.
*Une première catégorie d?élèves
ayant opté pour le bon choix de l?outil de cause ainsi que son
emplacement correct dans l?énoncé : apprenants n° 01, 02,
03, 05, 19, 26, 30, 32 et 36(Voir le même tableau). Ces derniers ont
réemployé les outils de cause précédemment avec
succès. Nous disons alors que le transfert chez cette catégorie
est réussi.
*Une deuxième catégorie qui a bien choisi la
tournure de cause mais ces élèves ne sont pas arrivés
à l?enchainer avec les autres éléments de
l?énoncé, c?est ce qui montre que ces apprenants souffrent d?un
énorme problème de construction. Ici encore, nous avons
constaté qu?il y a des élèves qui ont oublié par
exemple le verbe de l?énoncé : apprenants n° 13 et 23, le
sujet et le verbe : apprenants n° 12, 14 et 18 ou enfin l?adjectif
qualificatif : apprenant n° 15.
Toujours dans les cas de figure relevés au cours de
cette analyse des productions écrites, il existe une catégorie
d?élèves qui n?a pas pu surmonter le problème de hiatus
(la rencontre de deux voyelles) quand ils ont sollicité les conjonctions
« puisque » ou « parce que ». Cela montre que
l?enseignante, lors de l?activité réservée à
l?étude de ces tournures, n?a pas appris
à ses élèves l?utilité de
l?apostrophe dans des situations pareilles et la façon de
dépasser ce problème : apprenants n° 04, 10, 22, 28 et
35.
*Une quatrième et dernière catégorie
d?apprenants qui a fait le choix adéquat de l?outil de cause et une
construction acceptable de l?énoncé cependant les
énoncés produits sont asémantiques autrement dit le
lecteur ne comprend pas ce que voulait dire ces apprenants car le sens n?est
pas clair : apprenants n° 06, 09, 11, 15 et 17.
Au terme de cette analyse, nous disons que seule une
catégorie, comprenant neuf élèves de cette classe, a pu
répondre à la consigne formulée au départ :
réemployer les tournures de cause au sein de cette production
écrite. Elle a réalisé ainsi le transfert attendu parce
qu?elle a bien assimilé la notion en question.
5/- Suggestions proposées au transfert : (solutions
possibles)
Nous avons tenté de montrer, à travers les
diverses analyses effectuées précédemment dans la partie
pratique, que les apprenants de quatrième année moyenne, dans
leur majorité, ne sont pas en mesure de réinvestir leurs
connaissances, supposées acquises en situation
d?apprentissage57 pour accomplir la tâche qui leur aura
été assignée en l?occurrence en expression écrite.
Cette incapacité trouvera sa justification auprès de deux
facteurs principaux :
Le premier, il s?agit de la situation d?apprentissage elle-
même qui n?accorde pas assez de chance à cet élève
d?apprendre davantage. En effet, les pratiques de classe nous ont
révélé que les enseignants se contentent uniquement de
présenter à l?apprenant la notion étudiée sous
forme d?un cours suivi des applications et non un ensemble de
situations-problèmes permettant à cet apprenant d?être
confronté à un véritable obstacle ; un
élément indispensable pour l?apprentissage.
Quant au second, il est lié au type de grammaire qui
favorise essentiellement l?analyse de la phrase58. Faisant de la
sorte, l?apprenant ne peut pas mettre au service de son écrit les acquis
qu?il a déjà assimilés.
De notre côté, nous estimons que cet apprenant ne
pourra mobiliser le point de langue en question dans son discours que si deux
conditions fondamentales sont réunies :
a)- Confronter cet apprenant à de multiples
difficultés au cours de l?activité réservée
à l?apprentissage du point de langue à étudier (la cause)
: la leçon prendra alors la forme d?une série d?épreuves
(différentes situations - problèmes) ou l?élève est
amené à franchir les divers obstacles auxquels il sera soumis.
b)- Choisir un type de grammaire adéquat à la
situation d?apprentissage proposée. Le type de grammaire retenu doit
être en rapport direct avec la tâche sollicitée de la part
de l?apprenant à l?issue de la séquence d?apprentissage du projet
didactique59 ; entre autre la production écrite.
57 Par situation d?apprentissage, nous entendons, bien
entendu, la classe avec toutes les conditions qui l?entourent à savoir
le nombre d?élèves, l?interaction : enseignant/apprenant, le
contenu d?enseignement, bref, c?est l?endroit idéal et habituel pour
l?apprenant où se déroule l?apprentissage. De même, ces
deux didacticiens mettent en relief le terme « situation d?apprentissage
» :
58 La phrase n?est qu?un passage pour l?apprenant
dans l?apprentissage de la construction de texte (l?emploi des articulateurs).
Ce point a été approfondi aussi par les deux chercheurs TAMINE et
TOMASSONE :
TAMINE, J.G., De la phrase au texte : Enseigner la grammaire
du collège au lycée, Paris, Delagrave, 2005, 211p. pp.42,
63-77.
TOMASSONE, R. & Petiot, G., Pour enseigner la grammaire
II-Textes et pratiques, Paris, Delagrave, 2002, 287p. pp.137 et 269.
59 Il est important de signaler que l?enseignement du F.L.E.
au collège algérien préconise actuellement la
pédagogie du projet. Le projet didactique est subdivisé en deux
à trois séquences d?apprentissage qui, à leur tour,
donnent lieu à de nombreuses activités où le principe de
cloisonnement entre les activités est supprimé autrement dit au
sein, par exemple, de l?activité de la compréhension de
l?écrit, l?enseignant pourra introduire la grammaire~etc.
Ces deux points déjà cités, vont
être plus développés, en vue de proposer des solutions
concrètes au problème de transfert, qui demeure à
l?instant une véritable énigme puisqu?il relève de
l?aspect mental de l?élève.
D?abord, il est indispensable d?entrainer l?apprenant à
la mobilisation de ses acquis. Pour étayer cela, nous citons les travaux
des chercheurs comme M. DEVELAY et P. PERRENOUD qui se sont
intéressés énormément à l?étude de
transfert.
Ces deux didacticiens pensent que l?apprenant peut mobiliser
les connaissances acquises, ce qui permet d?ailleurs de parler d?une vraie
compétence en soi.
MICHEL DEVELAY, professeur en sciences de l?éducation,
de son côté, insiste aussi sur la nécessité de
travailler incessamment le transfert. Dans ce sens, il affirme :
« J'ai le sentiment que les didacticiens
découvrent que le transfert ne constitue pas seulement la phase
terminale de l'apprentissage, mais qu'il est présent tout au long de
l'apprentissage. Pour apprendre, se former, il convient de transférer en
permanence. Toute activité intellectuelle est capacité a
rapprocher deux contextes afin d'en apprécier les similitudes et les
différences. Les raisonnements inductif, déductif et analogique,
la disposition à construire une habileté, à relier cette
habileté a d'autres habiletés, la possibilité de trouver
du sens dans une situation, proviennent de la capacité à
transférer. Il y a du transfert au cours d'un apprentissage depuis
l'expression des représentations des élèves jusqu'à
la réutilisation dans un autre contexte d'une habileté acquise
»60.
A partir de ce qui a été avancé en haut,
nous pouvons dire qu?en situation de classe, il serait souhaitable que
l?enseignant procède tout d?abord à un entrainement réel
et ce, en préparant le sujet apprenant à des situations aussi
complexes et inédites soient-elles61. Ces dernières
consistent à réutiliser les différentes ressources afin de
franchir les diverses difficultés rencontrées. Cela ne serait
possible que si cet apprenant arrive vraiment à comprendre la situation-
problème puis à entretenir une relation entre les
éléments de ce problème et la partie de connaissance (le
savoir de l?élève) dont il a besoin. Cette dernière
fonctionne donc comme une clé propice à l?obstacle en
question.
Ensuite, ce travail d?entrainement devrait être
exercé par l?apprenant de manière continuelle et permanente
dans la mesure où l?enseignant habituera son élève
à la recherche des relations entre les acquis disponibles et les
éléments de la situation- problème à laquelle il
est soumis
60 DEVELAY, M., « Didactique et transfert » in MEIRIEU
PH. DEVELAY M. Durand C. et Mariani Y. (dir) « Le concept de transfert de
connaissances en formation initiale et en formation continue », Lyon,
CRDP, 1996, p.20.
61 ROGIERS, X., & De KETELE, J. M., Une
pédagogie de l?intégration ; Compétences et
intégration des acquis dans l?enseignement, Bruxelles, De Boeck DUCULOT,
2001, 304p. 2ème édition 2004, pp.126-136.
puis d?avoir la possibilité d?employer la connaissance
qu?il faut pour surmonter la difficulté rencontrée. Si
l?apprenant agit de la sorte, nous parlerons à ce moment-là de
transfert62.
S?agissant du point de langue de grammaire retenu (la cause),
nous soulignons que ce dernier doit être enseigné au sein d?un
projet d?écriture dans lequel il est considéré comme un
élément incontournable et inévitable. L?activité
d?écriture ne serait pas alors un objectif en soi mais au contraire un
point de déclenchement qui permet de donner lieu à une
signification aux différents apprentissages, ce qui offre l?occasion de
penser à d?autres démarches, à la façon dont nous
pouvons concevoir cette activité de grammaire sans occulter, bien
entendu, l?objectif de la séquence d?apprentissage dans laquelle est
inséré le point de langue en question63.
Evoquons la démarche à adopter par l?enseignant,
pendant l?activité de grammaire, nous disons, comme nous l?avons
déjà mentionné auparavant, que cette activité de
grammaire ne devrait plus être considérée comme une fin en
soi mais elle devrait déboucher impérativement sur l?écrit
: savoir réinvestir les acquis assimilés par
l?élève dans la production écrite (rédaction d?un
texte argumentatif par exemple) sinon ces acquis n?auront pas de sens.
Cela nous amène aussi à réfléchir
aux méthodes d?enseignement qui sont axées sur l?apprenant :
l?élément central de l?apprentissage. Ainsi, il est
recommandé de s?interroger sur le type de grammaire que nous allons
choisir pour assurer la réalisation du transfert du point de langue
étudié (la cause).
Rappelons que, durant les analyses déjà
réalisées et qui concernent essentiellement et la fiche
pédagogique de l?enseignant et les productions écrites des
apprenants de quatrième année moyenne, les exercices structuraux
basés principalement sur la relation : stimulus/ réponse ont
prouvé leurs limites notamment lorsque nous visons l?écrit
c?est-à-dire que le point de langue enseigné à l?apprenant
débouche forcément sur l?écrit.
Cette vision béhavioriste64 est fortement
rejetée par SOPHIE MOIRAND65. Elle avance pour cette raison
de nombreux arguments que nous allons présenter comme suit :
62 De son côté, TARDIF, J., traite la
façon dont s?effectue le transfert chez un apprenant dans son ouvrage
« Le transfert des apprentissages, Montréal, édition
Logiques, 1999, 222 p., p.187. Pour lui, le transfert est une opération
intériorisée et individuelle chez l?apprenant que l?enseignant ne
peut que l?aider.
63 TOMASSONE, R., LEU, S., Pour enseigner la
grammaire I, Nouvelle édition, Paris, DELAGRAVE, 2002, 318 p, p.77.
64 Le béhaviorisme est une tendance psychologique
bâtie surtout sur l?observation du comportement d?un individu. En
didactique, cette psychologie est évoquée pour faire
référence à une pédagogie basée sur le
rapport : stimulus/réponse.
65 S. MOIRAND : MOIRAND Colette dite Françoise Clotilde
Sophie, née le 31/08/1943 à Hussein-
Dey(Alger) ; de nationalité française.
C?est un professeur des universités en sciences du
langage à l?université de Paris II, Sorbonne nouvelle. Elle a
publié plusieurs ouvrages didactiques et scientifiques parmi lesquels
« Situation d?écrit » comprendre, produire en langue
étrangère en 1979.
En premier lieu, c?est que ces exercices structuraux
étaient des gammes, destinés, au départ, à
être déroulés à l?oral mais ils sont
effectués à l?écrit ce qui nous permet de dire que le
transfert chez l?apprenant n?est pas garanti d?avoir lieu.
En second lieu, c?est que ce type d?exercices(les exercices
structuraux) fait pratiquer la forme en négligeant le sens. Or, ce qui
est pris en considération, en situation d?écrit, c?est
plutôt le fond autrement dit le sens nouveau ; produit par une telle
manipulation grammaticale, c?est en quelque sorte la charge sémantique
que cette construction grammaticale peut ajouter aux phrases de départ.
De plus, ces exercices peuvent ignorer des tournures susceptibles d?exprimer
une idée forte dont le texte produit a besoin.
Et enfin, c?est que ces exercices, dans les meilleurs des cas,
comptent des propositions longues, dépassant trois au maximum, ce qui ne
correspond pas avec l?apprentissage d?une grammaire au service du texte.
A ce propos, SOPHIE MOIRAND dit : « [...] or,
enseigner à produire des textes, cela ne veut pas dire enseigner des
phrases bien formulées, mais transmettre un message dont la «
communicabilité » et l' « intelligibilité » repose
sur la cohérence interne de l'ensemble du texte
»66.
Par conséquent, ce qui est exigé dans des
situations pareilles c?est de faire une grammaire qui prend en charge les
contraintes de la rédaction et qui convient à la nature de la
tâche finale que les apprenants sont amenés à accomplir.
Dans ce sens, MOIRAND souligne : « [...] Il faudrait
donc laisser les apprenants en langue étrangère se structurer
eux-mêmes leur grammaire, ne serait-ce que pour tenir compte de leurs
stratégies individuelles d'apprentissage [...] Il ne s'agit pas donc
d'enseigner la grammaire (quelle grammaire ?) mais d'aider les apprenants
à intérioriser les modèles nécessaires à
leurs productions, en réfléchissant avec eux sur le
fonctionnement de la langue, au travers par exemple de documents écrits
authentiques »67.
Ainsi, nous pouvons distinguer deux moments d?intervention de
l?enseignant :
1/- Le premier moment s?inscrit dans une projection proactive
; il sera consacré à l?étude des écrits des
apprenants lors de l?activité liée à la
compréhension de l?écrit, ce qui aide d?ailleurs les apprenants
à réfléchir pour rédiger le type du texte en
question.
66 MOIRAND S., Situation d?écrit comprendre, produire en
langue étrangère, 1979, p.50.
67 Idem, p.71
2/- Le second moment, relève de la projection
rétroactive, il intervient afin d?analyser les écrits
déjà rédigés par les apprenants en confrontant ces
derniers à leurs propres erreurs pour qu?ils pensent à leurs
corrections68.
Nous allons nous baser, à présent, sur les
travaux de S. MOIRAND cités dans son ouvrage : « Situations
d?écrit », et ce pour mieux expliciter ces deux moments tout en
essayant d?illustrer au passage par des exemples ayant un lien direct avec
l?objet de notre recherche.
Dans l?analyse du premier moment, nous allons nous apercevoir
que l?ordre naturel des activités veut que le point de départ
d?une séquence d?apprentissage soit toujours amorcé par la
compréhension d?un texte pour arriver enfin à la production
écrite ce qui implique donc qu?il est impossible de séparer les
deux moments.
Ainsi, pendant l?activité de la compréhension de
l?écrit, l?enseignant pourra attirer l?attention de ces
élèves sur certaines structures tout en leur montrant les liens
existant entre les fonctions que joue le texte et les façons dont est
formulé tel énoncé contenu dans le texte
étudié.
Si le type de ce texte, dans notre cas, est argumentatif,
l?enseignant pourra mettre l?accent sur les éléments de langue
assurant l?argumentation entre autre l?emploi des articulateurs logiques, les
verbes d?opinions, le rapport logique : cause/ conséquence... tout en
procédant à l?analyse de ces outils linguistiques dans un texte
argumentatif69.
En situation de classe, l?enseignant pourra demander à
ses élèves d?encadrer les connecteurs logiques qui assurent
l?ordre des arguments dans le texte étudié, de retrouver tous les
verbes ou expressions permettant à l?auteur d?exprimer son point de vue,
de souligner les passages contenant l?explication ou la justification par le
biais de l?emploi de la cause.
Dans l?analyse du deuxième moment, nous allons nous
intéresser à un point plus pertinent à savoir les erreurs
commises par les apprenants dans leurs productions écrites et ce, en
tentant de voir la possibilité de faire un retour sur leurs
apprentissages afin de les renforcer (les consolider) ou essayer de les
réinstaller de nouveau si l?enseignant constate que la fréquence
de ces erreurs est systématique.
Dans l?enseignement actuel, l?erreur n?est plus
considérée comme avant : un fait condamnable sur lequel est
sanctionné un apprenant. Au contraire, elle est devenue un
élément constructif voire même une aubaine que comme un
inconvénient car elle permet de nous renseigner sur les performances
réalisées par l?apprenant et surtout les difficultés
68 Les deux projections : proactive et rétroactive
relèvent du schéma proposé par PHILIPPE MEIRIEU concernant
la manière dont s?effectue le transfert. Le transfert est proactif
lorsqu?il influence un apprentissage A sur un apprentissage B
postérieur.
Le transfert sera rétroactif quand il y a influence d?un
apprentissage B sur un apprentissage A antérieur.
69 TOMASSONE, R., LEU, S., Pour enseigner la grammaire
I, Nouvelle édition, Paris, DELAGRAVE, 2002, 318 p, p.171
rencontrées par lui dans l?apprentissage et
précisément le réemploi correct de telle ou telle notion :
le réinvestissement de ses acquis.
MOIRAND dit : « [...] au lieu de pénaliser les
erreurs ( et de remettre en cause soit sa pédagogie, soit le
matériel qu'on utilise, soit la capacité des apprenants
eux-mêmes) et de corriger de manière intempestive la moindre faute
des qu'elle apparait (pour qu'elle ne se « gave » pas dans la
mémoire ), on peut au contraire se servir de ces formes erronées
et transformer leur analyse en stratégie pédagogique pour,
à court terme, faire réfléchir sur le fonctionnement du
discours et, à long terme, améliorer la qualité des
productions »70.
Mais quelle démarche faut-il adopter ?
Selon MOIRAND, au moment de l?expression écrite,
l?enseignant doit accorder à ses apprenants plus de temps pour la
réflexion. Il doit aussi privilégier les travaux de groupes afin
de favoriser une meilleure interaction entre les apprenants : discuter la
solution convenable à la question posée formulée à
travers la consigne proposée.
L?apprenant, pour sa part, pourrait se servir de son propre
vocabulaire pour chercher des mots, un dictionnaire pour vérifier
l?orthographe, un guide de conjugaison pour chercher ou vérifier le
temps correct.
Il faut que l?enseignant veille à former ses apprenants
à l?autocorrection autrement dit faire en sorte qu?ils connaissent les
questions à poser lors de la relecture du texte, et qu?ils se les
posent. Par exemple : « Ai-je vérifié les accords de genre
et de nombre ? Ai-je vérifié l?emploi des temps utilisés ?
Ai-je vérifié la cohésion de mes propos (mes idées
sont-elles bien enchainées) ? ... ».
L?enseignant ne doit pas oublier de recourir souvent à
la correction collective et sélective afin d?examiner les
paramètres l?un après l?autre à savoir : les accords de
type : sujet/ verbe, nom / adjectif..., les structures, la cohésion et
la cohérence textuelle, le vocabulaire utilisé.
Il est recommandé que l?enseignant propose des
activités de conceptualisation, de systématisation et de
réemploi pour entrainer ses apprenants à l?autonomie.
Quant au point de langue retenu et qui constitue l?axe de
cette recherche, le rapport de cause, l?analyse des productions écrites
(voir l?analyse des productions écrites des apprenants de
quatrième année moyenne,. partie pratique) nous donne un
aperçu sur les outils ou les tournures de cause qui demeurent encore non
maitrisés par ces apprenants notamment leur réemploi dans un
énoncé produit par eux-mêmes . En effet, ces apprenants ne
savent pas se servir d?un outil de cause : soit ils évitent
carrément d?utiliser la tournure de cause ou encore ils ne savent pas
placer l?outil de cause dans son endroit convenable de
l?énoncé.
70 S. MOIRAND, Situation d?écrit, op. cit. pp.150-153
Nous insistons enfin sur le fait que l?enseignant ne doit pas
apprendre à ses élèves une grammaire coupée de la
communication c?est-à-dire une grammaire qui n?offre pas la
possibilité aux apprenants de réutiliser les notions acquises
dans leurs productions écrites. Cela sera possible si cet apprenant
arrive effectivement à établir des comparaisons, des
rapprochements et surtout des manipulations afin de réguler les
écarts recensés.
Procédant ainsi, l?activité de grammaire aura une
double fonction à accomplir.
D?une part, elle constituera une activité de
remédiation71 car l?enseignant va aider ses apprenants
à améliorer leurs écrits.
D?autre part, la leçon de grammaire prendra donc en
charge les points de langue qui poseront plus de problème aux apprenants
cela veut dire que ce seront les notions sur lesquelles l?enseignant constatera
plus d?erreurs commises par ses élèves.
Nous pouvons déduire enfin que l?activité de
grammaire peut intervenir à n?importe quel moment du déroulement
du projet didactique : elle pourrait avoir lieu dans la séance de
compréhension de l?écrit comme pendant la production
écrite sans que cela paraisse incohérent pour l?apprenant.
A l?inverse, ce dernier pourra comprendre l?utilité des
acquis appris en essayant d?établir des rapports logiques entre les
différents éléments qui les unissent pour pouvoir les
réemployer de nouveau dans sa production personnelle72.
71L?activité de« remédiation
» est si importante pour ROGIERS, X., & De KETELE, J. M. car elle
permet à l?apprenant de restructurer ses apprentissages ; elle constitue
alors un moyen indispensable de la pédagogie de l?intégration.
ROGIERS, X. & De KETELE, Une pédagogie de
l?intégration ; Compétences et intégration des acquis dans
l?enseignement, Bruxelles, De Boeck DUCULOT, 2001, 304p. 2ème
édition 2004, pp.204 ~218.
72La question de réinvestissement a
été abordée aussi dans ce même ouvrage : pp.225 -
226.
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