III-5 Maintenance des ouvrages
La maintenance et la pérennité des ouvrages
dépendent essentiellement de leur mode de gestion. En effet,
après l'implantation d'un ouvrage d'AEP, on distingue
généralement deux phases :
· La phase de l'adhésion massive et enthousiaste.
Elle coïncide généralement avec les débuts des
projets ou des réalisations. Cette phase est longue dans la mesure
où les populations sont appelées à participer à la
mise en oeuvre du projet tant dans le choix de l'emplacement que dans les
tâches HIMO16.
· La phase de maturation réunit les populations
convaincues. C'est également le moment où les charges dues
à l'amortissement et à l'entretien de l'ouvrage deviennent
considérables.
La durabilité des ouvrages et la pérennisation de
l'alimentation en eau dépendent de la capacité des
communautés à gérer la transition entre les deux
phases.
16 Haute intensité de main d'oeuvre
Nombre d'ouvrage
80 70 60 50 40 30 20 10 0
Mode de gestion
Mini-réseau Forage
Puits aménagé Source aménagée
Source : Investigations de terrain
Fig 22: Mode de gestion par type d'ouvrages
d'AEP
A l'analyse de cette figure il ressort que les populations se
mobilisent beaucoup en comité de gestion autour des forages.
Dans 33 % des cas, il n'existe pas d'organisation autour des
ouvrages. Ceci peut en partie justifier le nombre élevé de puits
non fonctionnels. Cela peut aussi être dû au type de pompes parfois
très fragiles. En outre, on peut globalement noter que les
différentes pompes ne font pas l'objet d'une maintenance efficace. Ce
qui explique le fait que certaines pompes nécessitent une
réhabilitation complète.
III-6 Les processus de mobilisation des fonds
Pour maintenir les ouvrages fonctionnels, les populations
doivent être capables de faire face aux pannes et aux
aménagements. Ces travaux d'entretien nécessitent de l'argent qui
doit être mobilisé par les bénéficiaires
eux-mêmes.
La mobilisation des fonds se fait de manière
différente selon que l'on est dans un système de comité de
gestion, de comité de développement ou de contributions
ponctuelles.
III-6-1 La mobilisation des fonds dans le cadre des
comités de gestion ad hoc
La capacité de mobiliser les fonds est un
élément qui détermine l'efficacité d'un
comité de gestion. Au début, on note presque toujours la
présence d'une caisse de prévention des pannes. Cette caisse est
renflouée soit par mois soit par an. En général, le taux
de contribution mensuelle varie de 100 à 300 FCFA par ménage.
Dans ce cas, à la fin du mois, les responsables du comité de
gestion font le porte à porte pour collecter les fonds qui sont
gardés par le trésorier, ou versés dans le compte bancaire
du comité de gestion.
Certains comités de gestion ont plutôt
adopté la méthode de contribution annuelle. Le taux varie entre
1200 et 1500 FCFA par ménage. Les fonds sont collectés pendant la
campagne cacaoyère. Cette méthode facilite le travail de
collecte. Elle a le mérite d'alléger le poids financier des
populations du fait de la disponibilité des fonds au moment de la vente
du cacao. L'argent collecté est également confié au
trésorier ou est versé dans le compte bancaire du comité
de gestion.
S'il arrive que l'ouvrage tombe en panne et que l'argent qui
est disponible en caisse ne suffise pas pour assurer la réparation, une
quête ponctuelle est organisée afin de réunir le montant
nécessaire. Dans ce cas, le montant des contributions dépend de
la gravité de la panne et de la somme à mobiliser pour
dépanner l'ouvrage. Ce mode de contribution a l'avantage de
réduire le temps de réaction entre la panne et la
réparation de l'ouvrage.
Il est très fréquent de rencontrer des
comités de gestion qui fonctionnent sans caisse de prévention de
panne. Ceci peut s'expliquer par le fait que l'argent qui avait
été cotisé à l'origine a été
détourné ou mal géré. Cette situation peut
également s'expliquer par une crise de confiance entre les membres du
comité de gestion. Dans ce cas, les populations ne contribuent que
lorsque survient une panne. Le temps de réaction entre la panne et la
réparation est souvent très long. La communauté peut
être pendant longtemps privée d'eau.
Après la réparation, les réfractaires aux
contributions sont suspendus d'approvisionnement jusqu'à acquittement de
leurs redevances. Dans certains cas, ils sont purement et simplement mis en
quarantaine. Mais, au bout d'un certain temps, ils finissent par
s'approvisionner car l'usure du temps vient presque toujours à bout de
la détermination de la personne ou de la structure chargée du
contrôle. Parfois, pour des raisons de solidarité sociale, on les
laisse tout simplement puiser car les populations estiment que malades, ils
coûteraient plus cher à la communauté.
|