Dans certains cas, la gestion du point d'eau est
confiée à deux délégués : un homme et une
femme. Ici, on ne peut à proprement pas parler de gestion car le
rôle des délégués se limite à la mobilisation
des populations pour le nettoyage des points d'eau. La mobilisation des hommes
incombe au délégué homme tandis celle des femmes est
à la charge de la déléguée femme.
Les délégués n'ont vraiment pas un
pouvoir décisionnel car chaque fois qu'il y a nécessité
d'effectuer des travaux d'envergure (aménagements), c'est le chef de
village qui en est responsable. C'est ce dernier qui organise les quêtes
y afférentes. Les délégués n'ont à ce titre
qu'un rôle consultatif.
L'état de propreté du point d'eau sera fonction
du dynamisme et du charisme des délégués. Toutefois, en
cas de besoin, ceux-ci peuvent recevoir l'appui du chef de village dans le
processus de mobilisation des populations pour le nettoyage.
Le seul mérite de ce mode de gestion est l'état
permanent de propreté du point d'eau. Par contre, il présente
plusieurs limites parmi lesquelles :
- la très faible mobilisation des habitants autour du
point d'eau. Ceux-ci ne se sentent concernés qu'en cas de mobilisation
pour le nettoyage et au moment des rares contributions pour les
aménagements ;
- la légitimité des délégués
est parfois remise en cause. Dans la plupart de cas ceux-ci sont choisis par le
chef ;
- l'absence de réels pouvoirs accordés aux
délégués pour agir face aux réfractaires ;
La gestion par l'intermédiaire des
délégués porte sur 4 % des ouvrages et s'applique beaucoup
plus aux sources aménagées et dans de rares cas aux puits
aménagés et aux forages. III-2-1-4 La gestion
individuelle
C'est un mode de gestion centralisé sur un seul
individu. Il concerne 15 % des points d'eau. La gestion individuelle n'est pas
uniforme. Le rôle confié au gérant diffère en
fonction du type d'ouvrage.
Dans le cas d'une source, le rôle confié au
gestionnaire porte sur la mobilisation des populations pour le nettoyage. Il
n'y a pas véritablement de planning de nettoyage. Chaque fois que le
gérant le juge nécessaire, il invite les habitants du village
pour l'entretien. Mis à part cela, il n'a aucun pouvoir
décisionnel. C'est l'avis du chef ou celui du conseil des notables qui
est prépondérant.
Indépendamment de la nature de l'ouvrage, le
rôle du gestionnaire est le même. C'est une personne qui habite le
village et qui a été formée par le maître d'oeuvre
à la maintenance de l'ouvrage. Il peut avoir été
fontainier dans un comité de gestion qui malheureusement ne fonctionne
plus. En plus du nettoyage, il veille également à la bonne
utilisation de l'ouvrage. Il est chargé de la maintenance, de
l'ouverture et de la fermeture du point d'eau.
En cas de panne, le gérant aide à la
mobilisation des frais de réparation. Ce mode de gestion a
l'inconvénient d'abandonner le point d'eau à un seul individu.
Les populations ne se sentent impliquées qu'en cas de panne. Les temps
de réaction entre une panne et le dépannage (quand il a lieu)
sont longs. On ne note pas vraiment la mobilisation des populations autour de
leur point d'eau.