VIII INTERET DU SUJET
Sur le plan scientifique, nous sommes parmi les pionniers au
Cameroun dans les études portant sur l'approche intercommunale de la
fourniture du service de l'eau aux populations. Par ailleurs, notre
étude mettra en évidence la variabilité des modes de
gestion des populations villageoises.
Sur le plan pratique, notre étude permettra au
ministère en charge de l'eau, de réactualiser sa base de
données des points d'eau du département du Mbam-et-Inoubou. En
effet, depuis 1995 cette base de données n'a plus été
renseignée. Notre étude permettra d'y inclure tous les points
d'eau réalisés dans le département de 1995 à
septembre 2006. Par ailleurs, elle permettra de connaître de
manière exhaustive l'état actuel des différents points
d'eau communautaires de la zone d'études (fonctionnel, pas fonctionnel,
nature de la panne, mode d'organisation autour du point d'eau, mode de
gestion...). Ce qui permettra la mise en place d'une politique adaptée
d'entretien et de maintenance. Elle pourra, enfin, mettre en exergue les
différents modes de gestion de ces points d'eau, facilitant ainsi une
réplication des modes de gestion les plus performants.
En dernier ressort, elle servira de support d'intervention pour
les différents acteurs du secteur de l'eau dans la région.
Sur le plan personnel, nos travaux nous ont permis d'avoir une
meilleure compréhension des traditions, des us et des coutumes de la
région.
En somme, en travaillant dans le domaine de la bonne
gouvernance de l'eau et de la réduction de la pauvreté, notre
étude se veut une contribution à l'accomplissement des objectifs
de développement du millénaire.
DEUXIEME PARTIE : PREMIERS RESULTATS
CHAPITRE I: TYPOLOGIE, REPARTITION GEOGRAPHIQUE ET
FONCTIONNEMENT DES OUVRAGES D'HYDRAULIQUE DANS LE DEPARTEMENT DU
MBAM-ET-INOUBOU
INTRODUCTION
Sur l'ensemble du département du Mbam-et-Inoubou, le
réseau SNEC8 n'est présent que dans cinq villes. Pour
leur approvisionnement quotidien en eau potable, les populations ont recours
à une diversité d'ouvrages décentralisés. Quels
sont ces ouvrages ? Quelles sont leurs caractéristiques ? Comment sont
ils repartis sur l'ensemble du département ? Comment fonctionnent-ils ?
Suffisent-ils à couvrir tous les besoins en eau potable des populations
? Le fil conducteur de ce chapitre s'articulera autour de la réponse
à ses questions.
I-1 typologie des ouvrages
I-1-1 Les Adductions d'Eau Potable (AEP)
On distingue principalement les réseaux SCANWATER (dans
15 villages) et le réseau SNEC dans cinq villes du département
(Bafia, Bokito, Ndikinimeki, Ombessa et Makénéné)
I-1-1-1 Les réseaux SCANWATER
Ces réseaux, installés dans le cadre d'un
programme de coopération danoise dans les années 80, desservent
quelques habitations et alimentent des bornes fontaines dans différentes
localités. Le système comprend: un point de captage, un
château d'eau, un tableau de commande, des filtres, des conduites de
refoulement et de distribution et des bornes fontaines. L'énergie est
assurée par un groupe électrogène qui fournit
l'électricité. Le suivi quotidien incombe
généralement à un comité de gestion appuyé
par les élites des localités où sont implantés les
ouvrages. Les installations comprennent :
- une pompe de marque GRUNFOS installée au niveau du
point de captage. Elle permet de produire en moyenne 5 à 8 m3
d'eau par heure.
- un groupe électrogène : BUCK A/S 24KWh / tension
380/220 ; N=50 Hz
- un château d'eau d'une capacité de 15
m3. Il abrite aussi en dessous le tableau de commande, les filtres
et le groupe électrogène.
- un réseau de type arborescent avec des canalisations en
PVC munies aux extrémités des bornes fontaines et rarement des
branchements particuliers, etc.
8 La SNEC (Société Nationale des Eaux
du Cameroun) a été transformée en CAMWATER (camerounaise
des eaux) en 2007
39 4
Fig 3 : Localisation des mini-réseaux
d'adduction en eau potable dans le département du
Mbam-et-Inoubou
Vers Bagangté
Vers Yaoundé
I-1-1-2 Le réseau CAMWATER
L'implantation de la SNEC aujourd'hui CAMWATER dans le
département du Mbam-et-Inoubou remonte à 1974. Elle s'est d'abord
installée dans la ville de Bafia, puis progressivement à
Ndikinimeki, Makénéné, Ombessa et Bokito. La
dernière station est celle de Bokito qui a été
implantée en 1995. Il faut préciser que de 1974 à 1985 le
volet technique (production, transport et distribution de l'eau potable)
était assuré par la SNEC, tandis que l'aspect commercial et
comptable l'était par la SONEL. Ce n'est qu'en 1985 que le gouvernement
camerounais décida de l'autonomie commerciale et comptable de la SNEC.
Dans toutes les cinq villes couvertes par le réseau CAMWATER, les
canalisations sont constituées de tuyaux en fonte pour les conduites de
refoulement et en PVC pour la desserte des quartiers et des ménages. Le
linéaire du réseau se repartit ainsi qu'il suit:
Tableau 1 : Répartition du
linéaire du réseau CAMWATER par commune
Localité
|
Linéaire du réseau en Km
|
Pourcentage
|
Bafia
|
42.6
|
39.59
|
Ombessa
|
26.4
|
24.53
|
Ndikinimeki
|
19.1
|
17.75
|
Makénéné
|
11.3
|
10.50
|
Bokito
|
8.2
|
7.62
|
Total
|
107.6
|
100
|
|
Source : tableau réalisé à partir des
données recueillies auprès du chef d'agence CAMWATER de
Bafia
La profondeur des canalisations est de 1,5 m pour les
conduites de refoulement et de distribution et 0,70 m pour les petites
conduites de branchement. Les diamètres des conduites diffèrent
(250-200-160-90-63-40-20 et 15 mm).Toutes les stations de traitement en dehors
de celle de Bafia (dont le point de captage se situe sur le Mbam) captent leurs
eaux brutes des petites rivières. Le cycle de traitement se
résume ainsi qu'il suit: captage, floculation, filtration,
désinfection et refoulement vers les réservoirs dont les
différentes capacités sont variables (Bafia 1500 m3 ;
Ombessa 350 m3 ; Ndikinimeki 500 m3 ;
Makénéné 150 m3 ; Bokito 150 m3
).
Filtration
Désinfection
Floculation
Captage
Refoulement
Fig 4: Cycle de traitement des eaux dans le
département du Mbam-et-Inoubou
Les réservoirs de Makénéné et
d'Ombessa sont des réservoirs d'équilibre. Les débits
journaliers lors de l'implantation étaient de: Bafia 1350 m3;
Ndikinimeki 650 m3; Bokito 350
m3.
Au total, la CAMWATER dans le Mbam-et-Inoubou, gère
2562 abonnés. Le taux de couverture est en deçà de 10 %.
Dans les villes desservies, du fait de l'expansion spatiale et
démographique, le réseau est largement dépassé. La
vétusté des installations entraîne ipso facto une forte
baisse de la production et partant la résiliation des contrats par
certains abonnés insatisfaits.
De 1974 à 1990 les bornes fontaines étaient le
patrimoine des communes. Mais, ces dernières ont accumulé des
impayés si bien que la SNEC a décidé de résilier
les contrats des communes. La commune urbaine de Bafia par exemple avait
accumulé près de 46 000 000 FCFA d'impayés. Actuellement
les 11 bornes fontaines qui existent dans le département, (dont 3
à Bafia) sont privées et payantes. Les communes n'interviennent
pas dans l'octroi de ces concessions. Il s'agit de particuliers qui souscrivent
un branchement auprès de la CAMWATER et qui revendent l'eau de leur
robinet aux ménages voisins. Ces bornes fontaines ne seront pas prises
en compte dans le cadre de cette étude dans la mesure où elles
n'appartiennent pas à des communautés mais
plutôt à des individus. Leur gestion est privée et leur
entretien ne dépend pas de la communauté toute entière
mais de leurs gestionnaires. L'eau y est vendue trois fois plus cher
qu'à la CAMWATER (soit environ 1 200 FCFA/m3).
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