Selon le dictionnaire Larousse, l'eau est un liquide
transparent, inodore, incolore et insipide. Ce terme peut désigner
également tout liquide organique (urine, salive, sueur, larmes...), un
état (être en eau, mettre de l'eau dans son vin, se jeter à
l'eau, tomber à l'eau, avoir l'eau à la bouche), un artifice (eau
de toilette), une administration (les eaux et foret), un alcool (eau de vie),
la limpidité des pierres précieuses (diamant de belle eau). Sa
masse permet de constituer les lacs, les rivières et les
océans.
L'eau contient des gaz dissous, essentiellement de
l'oxygène et du gaz carbonique mais aussi de l'azote
ou encore du méthane, etc. Excellent solvant, l'eau est capable
de dissoudre un grand nombre de composés solides ou gazeux. Au cours de
son périple, qu'elle tombe sous forme de pluies, ruisselle sur les sols,
s'infiltre dans la croûte terrestre, ou simplement coule le long des
pentes, elle se charge en éléments solubles. Elle contient donc
naturellement, en l'absence de toute ingérence humaine, une très
grande variété de matières dissoutes, inertes ou vivantes
: des gaz, des substances minérales ou organiques , et des
micro-organismes (bactéries, virus ou plancton ). Elle est
constamment modifiée par les espèces vivantes présentes
dans le milieu, surtout en ce qui concerne les teneurs en matières
minérales et en gaz dissous. Il n'existe donc pas une mais des eaux. On
distingue de manière globale :
· les eaux de surface : eaux de ruissellement,
stagnantes, des cours d'eau, des océans...
· les eaux souterraines : eaux d'infiltration et les
nappes phréatiques.
Une eau potable est une eau que l'on peut boire sans risque
pour la santé. Afin de définir précisément une eau
potable, des normes ont été établies qui fixent notamment
les teneurs limites à ne pas dépasser pour un certain nombre de
substances nocives et susceptibles d'être présentes dans l'eau. Le
fait qu'une eau soit conforme aux normes, c'està-dire potable, ne
signifie donc pas qu'elle est exempte de matières polluantes, mais que
leur concentration est jugée suffisamment faible pour ne pas mettre en
danger la santé du consommateur.
Selon ces normes, une eau potable doit être exempte de
germes pathogènes (bactéries, virus) et d'organismes
parasites, car les risques sanitaires liés à ces microorganismes
sont grands. Elle ne doit contenir certaines substances chimiques qu'en
quantité limitée. Il s'agit en particulier de substances
qualifiées d'indésirables ou de toxiques, comme les nitrates et
les phosphates, les métaux lourds, ou encore les hydrocarbures et les
pesticides, pour lesquelles des " concentrations maximales admissibles "
ont été définies. A l'inverse, la présence de
certaines substances peut être jugée nécessaire comme
les oligoéléments indispensables à l'organisme.
Une eau potable doit aussi être une eau agréable
à boire. Elle doit être claire, avoir une bonne odeur et un bon
goût (qualité organoleptique). Pour avoir un bon
goût, il lui faut contenir un minimum de sels minéraux
dissous (de 0,1 à 0,5 gramme par litre), lesquels sont par ailleurs
indispensables à l'organisme. Enfin, elle ne doit pas corroder les
canalisations afin d'arriver "propre" à la sortie des robinets. Les
normes ne font donc que définir, à un moment donné, un
niveau de risque acceptable pour une population donnée. Elles
dépendent par ailleurs étroitement des connaissances
scientifiques et des techniques disponibles, notamment dans les domaines de
risques sanitaires et de l'analyse chimique. Elles peuvent donc être
modifiées à tout moment en fonction des progrès
réalisés. Tous les pays du monde ne suivent donc pas les
mêmes normes. Certains édictent leurs propres normes. D'autres
adoptent celles conseillées par l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS).
L'eau est aujourd'hui la denrée alimentaire la plus
fortement réglementée. En effet, l'Homme pour ses besoins
quotidiens a besoin de 20 à 50 litres d'eau en moyenne par jour
(alimentation, hygiène, etc.) d'ou la nécessité de
pouvoir disposer d'une eau de qualité.
Sont considérées comme eaux destinées
à la consommation humaine :
· toutes les eaux destinées à la
boisson, à la cuisson, à la préparation d'aliments ou
à d'autres usages domestiques ;
· toutes les eaux utilisées dans les entreprises
alimentaires pour la fabrication, la transformation, la conservation ou la
commercialisation de produits ou de substances, destinées à la
consommation humaine, y compris la glace alimentaire d'origine hydrique.
Toutes ces eaux doivent remplir trois conditions :
· elles ne doivent pas contenir un nombre ou une
concentration de micro-organismes, de parasites ou d'autres substances
présentant un danger potentiel pour la santé humaine;
· elles doivent être conformes aux limites de
qualité (valeurs obligatoires);
· elles doivent respecter les références
de qualité (valeurs indicatives).
Généralement, l'eau brute destinée
à la consommation humaine est prélevée dans un cours d'eau
ou une nappe d'eau souterraine. Elle est ensuite acheminée vers
une usine de production d'eau potable où elle subit divers traitements
physiques, chimiques et bactériologiques. Rendue potable, elle est
distribuée aux consommateurs. Après usage, elle doit être
recueillie pour être conduite vers les usines de dépollution des
eaux usées, avant d'être enfin rejetée dans la nature.
Ce cycle subi par l'eau du fait de son usage par les
sociétés humaines se décompose en cinq grandes
étapes : le captage, le transport, la production d'eau potable, la
distribution, puis la collecte et la dépollution des eaux
usées.
Le traitement d'une eau brute dépend de sa
qualité, laquelle est fonction de son origine et peut varier dans le
temps. Avant le traitement, l'eau doit être analysée car il est
primordial d'ajuster le traitement d'une eau à sa composition et, si
nécessaire, de le moduler dans le temps en fonction de la variation
observée de ses diverses composantes. Il varie aussi avec le niveau
d'exigence, les normes appliquées, qui ne sont pas exactement identiques
selon les époques, les pays et l'état des connaissances sur
l'incidence des éléments sur la santé.
Transport
Rejet
Captage
Utilisation
Collecte des eaux usées et
dépollutions
Distribution
Traitement et production
Fig 2 : Cycle de l'utilisation de l'eau par les
communautés humaines
Les eaux souterraines, issues de prélèvements
des nappes phréatiques, nécessitent moins de traitement.
Elles peuvent être potables dès le pompage, étant
donné que le sous-sol joue le rôle d'un immense réservoir
filtrant. La pollution d'une nappe est pourtant possible, et est alors beaucoup
plus durable que celle d'un cours d'eau.
Le traitement des eaux de surfaces, c'est-à-dire
celles qui sont prélevées dans des cours d'eau, ou des lacs, est
indispensable, étant donné que ces eaux sont exposées aux
pollutions organiques et sont presque toujours le support d'une vie aquatique
(notamment le phytoplancton).
On peut aussi produire de l'eau potable à partir de l'eau
de mer ou d'autres sources avec des coûts 3 à 4 fois plus
importants.
Le traitement classique et complet d'une eau s'effectue en
plusieurs étapes dont certaines ne sont pas nécessaires aux eaux
les plus propres (
www.cnrs.fr). Il comporte :
· la filtration
L'eau passe à travers un filtre qui intercepte
les petites particules. Plus petites sont les mailles du filtre, plus petite
doit être une particule pour passer. La filtration n'est pas suffisante,
mais est souvent nécessaire comme étape préparatoire, pour
empêcher les plus grosses particules d'interférer avec les
méthodes de purification plus avancées.
· l'ébullition
L'eau est maintenue à ébullition pendant un
temps suffisamment long pour tuer les micro-organismes qui y vivent
à température ambiante. L'ébullition n'élimine pas
les solutés qui ont une température d'ébullition
supérieure à celle de l'eau, au contraire leur concentration peut
augmenter s'il y a évaporation. L'autoclave et la Cocotte
minute raffinent et améliorent le procédé en y
ajoutant une pression élevée, qui évite la fuite de l'eau
et augmente sa température avant ébullition.
· le filtrage au
carbone
Le charbon de bois, un composé à haute
teneur en carbone, absorbe beaucoup d'autres composés dont
certains toxiques. L'eau passe à travers le charbon actif, issu de la
noix de coco ou du charbon, pour être purifiée de ces
composés toxiques. Cette méthode est surtout utilisée pour
filtrer l'eau des ménages et l'eau des aquariums.
· la distillation
On fait bouillir l'eau de façon à produire de
la vapeur, qui s'élève, et est mise en contact avec une surface
refroidie où la vapeur se condense à nouveau en eau et peut
être recueillie. Les solutés ne s'évaporent pas et restent
ainsi dans la solution à bouillir. Cela dit, même la distillation
ne purifie pas complètement l'eau, du fait des contaminants ayant
à peu près la même température d'ébullition
que l'eau, et des gouttelettes d'eau non vaporisées transportées
avec la vapeur.
· l'osmose inverse
L'osmose es une forte pression mécanique (en milliers
d'hectopascals) appliquée à une solution impure pour forcer l'eau
à passer à travers une membrane semi-perméable.
C'est l'osmose inverse. L'osmose normale voit l'eau pure se
déplacer dans l'autre sens pour
diluer les impuretés. L'osmose inverse est en
théorie la meilleure méthode pour la purification à grande
échelle de l'eau, mais, il est difficile de créer de bonnes
membranes semi-perméables.
~ la déminéralisation par
échange d'ions
Dans la déminéralisation par échange
d'eau, l'eau passe à travers une colonne chargée de résine
qui capte les ions en libérant en échange des ions hydroxydes
(pour les ions négativement chargés : sulfate, carbonates, etc.)
ou hydronium (pour les ions positifs : calcium, magnésium, autres
métaux, etc.), qui se recombinent pour reformer de l'eau. Dans de
nombreux laboratoires, cette méthode de purification a remplacé
la distillation car elle procure un grand volume d'eau pure très
rapidement et consomme moins d'énergie. L'eau ainsi obtenue est
appelée eau désionisée ou eau
déminéralisée. Contrairement à la distillation, la
déminéralisation permet une production à la demande. Les
résines échangeuses d'ions sont parfois couplées à
une post-filtration afin d'éliminer les particules issues de la
résine.
~ la photo-oxydation
L'eau subit un rayonnement ultraviolet de haute
intensité. Cela permet de cliver et d'ioniser les composés
organiques, qui peuvent ensuite être éliminés dans les
colonnes échangeuses d'ions. Cela provoque en outre l'apparition de
composés oxydant, capables de détruire les
micro-organismes et certaines molécules.
~ la condensation
L'eau est présente dans l'atmosphère sous forme
gazeuse à moins que sa concentration soit augmentée jusqu'au
point de rosée où elle devient brouillard puis liquide. Le point
de saturation varie en fonction de la température et de la pression. La
fraîcheur de la nuit la précipite à l'aurore sur les
feuilles d'arbres ou toute surface formant un réceptacle adéquat.
C'est ainsi que certains insectes peuvent recueillir de minuscules gouttelettes
dans le désert du Sahara le matin. L'eau peut aussi être
précipitée sur des corps froids. Il est possible de collecter une
grande quantité d'eau potable en mer grâce à une masse
métallique flottante. Certains procédés de perte
d'énergie par rayonnement thermique permettent aussi une condensation de
l'eau de l'atmosphère (refroidissement).
L'idéal serait bien sûr de pouvoir traiter l'eau
sans avoir recours à des réactifs chimiques. C'est ce que
permettent en partie aujourd'hui les procédés de filtration sur
membranes.
Au final, on distingue plusieurs types d'eaux potables :
· l'eau de table, eau potable dont la provenance est
quelconque mais qui satisfait toutes les normes sanitaires car ayant subi un
traitement.
· l'eau de source, qui satisfait naturellement
aux normes et qui est proposée dans le commerce pour l'alimentation
humaine. Elle est minéralisée ou non, gazeuse ou non. Elle est
généralement mise en bouteille sans aucun traitement chimique et
sans qu'il soit fait état de ses propriétés
thérapeutiques.
· l'eau minérale, qui est une eau
souterraine contenant des substances minérales dissoutes ayant des
vertus thérapeutiques. Les sources d'eau minérale sont souvent
associées à des stations thermales
L'eau potable est soumise à deux types de contrôle,
auxquels doit se conformer son distributeur qu'il soit public ou privé
:
· un contrôle officiel, ponctuel, qui relève
de la compétence des pouvoirs publics. Il s'agit là du
contrôle réglementaire fondamental ;
· une auto-surveillance permanente par les exploitants de
leurs services de distribution (régies municipales ou
sociétés déléguées).
Des prélèvements aux fins d'analyses doivent par
conséquent être pratiqués :
· au niveau de la ressource (dans le cours d'eau ou la
nappe souterraine) ;
· au niveau de la production, c'est-à-dire
après traitement et avant l'envoi de l'eau dans le réseau
de distribution ;
· au niveau du réseau de distribution ;
· au point de consommation.
Au Cameroun, le terme eau est polysémique. Il revêt
plusieurs types de compréhension en fonction du contexte dans lequel il
est employé. Il sert à caractériser
géographiquement
des individus et des groupes ethniques et sociaux. Les peuples
côtiers sont ainsi appelés « enfants de l'eau » ou
«peuples de l'eau».
On peut également entendre parler d'eau sale dans le
cadre de la fraude aux examens. Cette expression désigne un sujet qui
aurait dû être proposé à l'examen mais, qui
malheureusement, ne l'a pas été, peut être parce qu'il a eu
fuite.
L'eau peut également être assimilée au
mensonge et aux commentaires sans intérêts ou pas
véridiques. L'orateur s'entendra alors dire « tout ce que tu
racontes, c'est l'eau ». Cette expression est sensée lui faire
comprendre qu'on n'accorde aucun intérêt à ses dires ou
tout simplement que c'est du mensonge.
L'alimentation en eau potable (ou AEP), quant à elle,
est l'ensemble des équipements, des services et des actions qui
permettent, en partant d'une eau brute, de produire une eau conforme aux normes
de potabilité en vigueur, distribuée ensuite aux
consommateurs.
On considère 4 étapes distinctes dans cette
alimentation :
· prélèvements - captages
· traitement pour potabiliser l'eau
· adduction (transport et stockage)
· distribution au consommateur
La question de l'alimentation en eau potable pose un double
défi mondial, tant pour sa gestion durable que pour l'accès des
populations pauvres à cette ressource. Le manque d'accès à
l'eau potable et à l'assainissement est la première cause de
mortalité dans le monde. La communauté internationale se mobilise
fortement autour de cette question et elle l'a notamment mise au coeur de l'un
des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
L'OMD n°7, dédié à la question de
l'eau, inclut notamment trois cibles :
· intégrer les principes du développement
durable dans les politiques nationales et inverser la tendance à la
déperdition des ressources environnementales ;
· réduire de moitié, d'ici à 2015,
le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon
durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des
services d'assainissement de base ;
· réussir, d'ici à 2020, à
améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions d'habitants des
taudis.
Ces objectifs impliquent la desserte de 1,6 milliard de
personnes en eau potable et 2,2 milliards en assainissement d'ici à
2015. Cependant, le problème se pose différemment selon que l'on
est dans l'hémisphère Nord ou dans l'hémisphère
Sud.
Dans les pays développés, le service de l'eau
incombe à plusieurs acteurs : Etat, collectivités territoriales
décentralisées, opérateurs privés. La synergie dans
les actions de ces différents acteurs fait en sorte que dans les villes
du Nord, l'eau est omniprésente. Dans la sphère privée, il
suffit d'ouvrir un robinet pour disposer d'une eau potable et abondante; dans
le domaine public, les rues, les parcs, les jardins sont jalonnés de
fontaines, de bassins et de points d'eau divers. Les piscines, bases des
loisirs, ne manquent pas.
Cette facilité d'approvisionnement en eau potable est
la marque distinctive des pays dits développés. Il y a plusieurs
siècles, ces pays se sont lancés à la conquête de
l'eau, au nom du bien-être, de l'hygiène et de la santé.
Petit à petit, les progrès scientifiques et techniques ont permis
de créer des réseaux destinés à l'alimentation en
eau potable et à l'évacuation des eaux usées et pluviales.
Ici les politiques ne mettent plus en avant uniquement l'approvisionnement
quotidien des populations mais, plutôt la lutte contre la surconsommation
et la pollution qui met en danger les écosystèmes.
Dans les villes du Sud par contre, la situation est
inquiétante. La priorité n'est pas à la lutte contre le
gaspillage mais, plutôt à la nécessité de fournir un
minimum d'eau potable aux populations. Les villes sont pour la plupart
insuffisamment desservies. Les réseaux sont dépassés par
la croissance spatiale et démographique. En zone rurale, la situation
est encore plus grave. Il n'existe pas de réseaux. Les ouvrages
d'hydraulique villageoise existant sont insuffisants. Dans certains cas, les
populations sont réduites à consommer l'eau brute des cours
d'eau.
Selon les Nations Unies, tout cela s'explique par la mauvaise
gestion des réseaux, la corruption et la faiblesse des investissements.
Pour pallier la situation, l'Etat, qui pendant plusieurs décennies
assurait seul la fourniture de l'eau, s'est lancé dans un processus de
privatisation du service et/ou dans le transfert des compétences.
Malheureusement, ces mesures ne suffisent pas à résorber le
problème à cause de la faiblesse des investissements de la part
des opérateurs privés, des difficultés financières
et du manque d'expertise des collectivités territoriales
décentralisées.
Dans le cadre de cette étude, le terme eau sera
utilisé dans son sens strict à savoir un liquide transparent,
inodore, indispensable à la consommation humaine. Il englobe
essentiellement l'eau servie par le réseau SNEC, l'eau des puits, des
sources, des forages et des mini-réseaux SCANWATER.