Section 2 : ANALYSE DES RÉSULTATS
Les résultats obtenus dans le cadre de cette
étude supposent que toutes les banques de l'échantillon sont
placées dans les mêmes conditions c'est-à-dire qu'elles
utilisent les mêmes inputs pour produire les mêmes outputs, elles
sont soumises aux mêmes normes règlementaires, etc. Ces
résultats supposent également la technologie constante (absence
de progrès technique) durant la période
d'étude.
2.1 Analyses descriptives
2.1.1 Evolution des scores moyens annuels et
mensuels
Le tableau ci-dessous présente les niveaux
moyens annuels d'efficacité technique totale obtenus par l'ensemble de
l'échantillon sur la période d'étude, ainsi que leur
décomposition en efficacité technique pure et en
efficacité d'échelle.
Tableau 3.2 : Evolution des scores moyens
d'efficacité
Période
|
Totale
|
Pure
|
Echelle
|
2001
|
0,451
|
0,693
|
0,660
|
2002
|
0,385
|
0,700
|
0,568
|
2003
|
0,259
|
0,657
|
0,395
|
2004
|
0,382
|
0,723
|
0,531
|
2001-2004
|
0,369
|
0,693
|
0,538
|
Source : COBAC, nos calculs
Il ressort de ce tableau que l'indice moyen
d'efficacité technique totale des banques s'est établi à
0,369 sur la période de l'étude. Ce résultat signifie
qu'en moyenne, sous l'hypothèse de rendements d'échelle
constants, les banques de la CEMAC n'ont produit que 36,9 % de la
quantité d'outputs qu'elles auraient pu produire à partir de
leurs ressources. En supposant les rendements plutôt variables, le niveau
moyen d'efficacité technique s'est établi à 0,693
signifiant que les banques n'ont produit en moyenne sur la période
d'étude que 69,3 % de ce qu'elles étaient capables de produire
à partir de leurs ressources. Ces résultats confirment notre
hypothèse selon laquelle les banques commerciales de la CEMAC ne sont
pas optimales dans la gestion de leurs ressources. Elles produisent en
deçà de ce qu'elles sont susceptibles de produire à partir
des ressources et de la technologie dont elles disposent. Le score moyen
d'efficacité d'échelle sur la période d'étude s'est
élevé à 0,538, signifiant que sous hypothèse de
rendements variables, les banques déclarées techniquement
efficaces n'ont produit que 53,8 % de la quantité de crédits
qu'elles auraient pu produire si elles opéraient à rendements
constants. Ce résultat laisse entrevoir que les banques commerciales de
la CEMAC souffrent énormément de problèmes
d'inefficacité d'échelle. Il montre en effet qu'en moyenne, le
rythme de croissance des crédits a été inférieur
à celui des dépôts durant la période d'étude.
Ce qui confirme le fait que les banques soient surliquides mais n'octroient que
très peu de crédits.
La graphique 1 ci-dessous permet une meilleure
appréciation de l'évolution des scores moyens annuels sous
différentes hypothèses de rendements
d'échelle.
Graphique 3.1 : Evolution des scores moyens
d'efficacité
Score moyen d'efficacite
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
2001 2002 2003 2004
Année
Technique totale Technique pure Echelle
Source : COBAC , nos calculs
Ce graphique révèle que le niveau moyen
d'efficacité technique pure reste pratiquement constant sur toute la
période de l'étude. On remarque juste une légère
baisse entre 2002 et 2003 ainsi qu'une légère hausse entre 2003
et 2004. Sa valeur est relativement élevée dans la mesure
où elle se situe au dessus de 0,5 sur toute la période de
l'étude. Cette constance de l'indice d'efficacité technique pure
montre que les pratiques de gestion des banques n'ont pas beaucoup varié
durant la période de l'étude.
Par ailleurs, le niveau moyen d'efficacité
technique totale dont la valeur est restée toujours inférieure
à 0,5 décroît considérablement entre 2001 et 2003
avant de connaître une remontée moins que proportionnelle entre
2003 et 2004. Le niveau moyen d'efficacité d'échelle quant
à lui, a connu une évolution quasiment identique à celle
du niveau moyen d'efficacité totale sur toute la période de
l'étude. On peut donc affirmer au regard de ces constats que
l'efficacité d'échelle explique pratiquement à elle seule,
l'évolution de l'efficacité technique totale des banques sur la
période de l'étude.
Les banques commerciales de la CEMAC ont beaucoup plus
souffert entre 2001 et 2004 de problèmes d'inefficacité
d'échelle19 que de mauvaises pratiques de gestion. Leurs sous
productions sont beaucoup plus liées à un problème
d'échelle sous optimale qu'à un problème de mauvaises
pratiques de gestion. Il ressort du tableau 3.3 ci-dessous que le niveau moyen
d'inefficacité totale sur toute la période s'est établi
à 0,631 signifiant que sous hypothèse de
19 Indice
d'inefficacité = 1- indice d'efficacité
rendements constant, les banques commerciales de la
CEMAC auraient pu accroître proportionnellement leur volume de
crédit de 171 %20 en maintenant le niveau des
dépôts constant. Sous hypothèse de rendements variables,
cet accroissement s'élève plutôt à 44,3
%.
Tableau 3.3 : Score d'inefficacité moyen entre
2001 et 2004
Période
|
Totale
|
Pure
|
Echelle
|
2001
|
0,549
|
0,307
|
0,340
|
2002
|
0,615
|
0,300
|
0,432
|
2003
|
0,741
|
0,343
|
0,605
|
2004
|
0,618
|
0,277
|
0,469
|
2001-2004
|
0,631
|
0,307
|
0,462
|
Source : COBAC, nos calculs
L'inefficacité d'échelle quant à
elle, s'est établie sur la période de l'étude à
0,462 signifiant que les banques déclarées techniquement
efficaces sous hypothèse de rendements variables, pourraient
accroître leur volume de crédit de 85,8 % sans changer la
quantité de dépôts utilisés si elles
opéraient à rendements constants.
Graphique 3.2 : Evolution des scores moyens
annuels d'inefficacité
Score moyen d'ineffficacite
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
2001 2002 2003 2004
Année
Inefficacité totale Inefficacité
pure
Inefficacité d'échelle
Source : COBAC, nos calculs
20(0,631/0,369)*100=171
A la lumière de ce graphique, il ressort que
c'est en 2003 que les banques de la CEMAC ont été en moyenne plus
techniquement inefficaces car c'est l'année où toutes les courbes
du graphique atteignent leur maximum. Il ressort également de ce
graphique que l'inefficacité pure n'a pas beaucoup varié sur
toute la période d'étude avec une valeur relativement faible et
oscillante autour de 0,3. Ce qui témoigne le fait que les pratiques de
gestion des banques n'ont presque pas changé tout au long de la
période. L'inefficacité pure a atteint sa plus grande valeur en
2003 et sa plus petite valeur en 2004. C'est donc en 2003 que les banques de la
CEMAC ont enregistré les plus mauvaises pratiques de gestion
contrairement à 2004 où les pratiques de gestion ont
été les plus bonnes.
L'inefficacité d'échelle a
été croissante de 2001 à 2003 où elle a atteint son
point culminant avant de décroître de 2003 à 2004. Ce qui
veut dire qu'en moyenne entre 2001 et 2003, le rythme de croissance des
crédits a été inférieur à celui des
dépôts, en étant lui même décroissant.
Autrement dit, le rythme de croissance des crédits en 2001 a
été inférieur à celui des dépôts en
2001. De même, le rythme de croissance des crédits en 2002 a
été inférieur à celui des dépôts en
2002, et également inférieur au rythme de croissance des
crédits de 2001. Enfin, le rythme de croissance des crédits en
2003 a été inférieur à celui des
dépôts en 2003, et également inférieur au rythme de
croissance des crédits de 2001 et 2002. La décroissance de
l'inefficacité d'échelle observée entre 2003 et 2004
signifie que le rythme de croissance des crédits en 2004 a
été supérieur à celui de 2003.
L'inefficacité totale présente une
évolution semblable à celle de l'inefficacité
d'échelle sur toute la période. L'évolution de
l'inefficacité pure étant pratiquement constante sur toute la
période, l'évolution de l'inefficacité totale est en
grande partie expliquée par l'évolution de l'inefficacité
d'échelle.
Le graphique ci-dessous donne l'évolution des
scores moyens mensuels d'efficacité technique pure et d'échelle
pour l'ensemble de l'échantillon sur toute la
période.
Graphique 3.3 : Evolution des scores moyens
mensuels d'efficacité
0,9
0,8
0,6
0,4
0,3
0,2
0,0
0,7
0,5
0,1
Technique pure Echelle
M o is
Source : COBAC, nos calculs
Il ressort de ce graphique qu'à l'exception des
mois d'avril 2002 et de septembre 2003 où l'on observe quelques
variations brusques, le score moyen mensuel d'efficacité technique pure
a connu une évolution presque stationnaire tout au long de la
période, oscillant entre 0,6 et 0,8. Ce qui confirme le fait qu'entre
2001 et 2004, il n'y ait pas eu un grand changement au niveau de la gestion des
ressources bancaires dans la CEMAC. Les pratiques de gestion sont
restées presque les mêmes tout au long de cette période. La
meilleure performance du système a été
réalisée en décembre 2004 avec un score moyen de 0,8
contrairement à septembre 2003 où le système a connu sa
plus faible performance avec un score moyen qui s'est établi à
0,44.
Ce graphique laisse également entrevoir que le
score moyen d'efficacité d'échelle a connu une évolution
presque stationnaire durant l'année 2001, avant de chuter en janvier
2002 où sa valeur s'est établie à 0,55. Son
évolution a été également presque stationnaire
durant l'année 2002 avec une valeur toujours comprise entre 0,5 et 0,6
et signifiant une contre performance des banques comparativement à
l'année 2001. C'est en 2003 que les banques commerciales de
l'échantillon ont beaucoup plus souffert de problèmes
d'inefficacité d'échelle avec un score oscillant autour de 0,4 et
atteignant sa plus faible valeur 0,36 en septembre 2003. En 2004, le score a
évolué presque stationnairement avec une valeur toujours comprise
entre 0,5 et 0,6 sur toute l'année.
On constate ainsi que c'est en septembre 2003 que les
banques commerciales de l'échantillon ont été le plus
techniquement inefficaces dans la transformation de leurs ressources. Elles ont
réalisé un score d'efficacité totale de 0,2 signifiant
qu'en septembre 2003, les banques de l'échantillon n'ont produit en
moyenne que 20 % de ce qu'elles auraient pu produire à partir de leurs
ressources si elles opéraient toutes à rendements
d'échelle constants.
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