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Mesure de l'efficacité technique des banques commerciales de la CEMAC (Communauté Economique et monitaire de l'Afrique Centrale )

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par Leonnel KWAYEP DIMOU
Institut sous- régional de statistique et d'économie appliquée Cameroun - Ingénieur d'application de la statistique 2007
  

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Section 2 : ANALYSE DES RÉSULTATS

Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude supposent que toutes les banques de l'échantillon sont placées dans les mêmes conditions c'est-à-dire qu'elles utilisent les mêmes inputs pour produire les mêmes outputs, elles sont soumises aux mêmes normes règlementaires, etc. Ces résultats supposent également la technologie constante (absence de progrès technique) durant la période d'étude.

2.1 Analyses descriptives

2.1.1 Evolution des scores moyens annuels et mensuels

Le tableau ci-dessous présente les niveaux moyens annuels d'efficacité technique totale obtenus par l'ensemble de l'échantillon sur la période d'étude, ainsi que leur décomposition en efficacité technique pure et en efficacité d'échelle.

Tableau 3.2 : Evolution des scores moyens d'efficacité

Période

Totale

Pure

Echelle

2001

0,451

0,693

0,660

2002

0,385

0,700

0,568

2003

0,259

0,657

0,395

2004

0,382

0,723

0,531

2001-2004

0,369

0,693

0,538

Source : COBAC, nos calculs

Il ressort de ce tableau que l'indice moyen d'efficacité technique totale des banques s'est établi à 0,369 sur la période de l'étude. Ce résultat signifie qu'en moyenne, sous l'hypothèse de rendements d'échelle constants, les banques de la CEMAC n'ont produit que 36,9 % de la quantité d'outputs qu'elles auraient pu produire à partir de leurs ressources. En supposant les rendements plutôt variables, le niveau moyen d'efficacité technique s'est établi à 0,693 signifiant que les banques n'ont produit en moyenne sur la période d'étude que 69,3 % de ce qu'elles étaient capables de produire à partir de leurs ressources. Ces résultats confirment notre hypothèse selon laquelle les banques commerciales de la CEMAC ne sont pas optimales dans la gestion de leurs ressources. Elles produisent en deçà de ce qu'elles sont susceptibles de produire à partir des ressources et de la technologie dont elles disposent. Le score moyen d'efficacité d'échelle sur la période d'étude s'est élevé à 0,538, signifiant que sous hypothèse de rendements variables, les banques déclarées techniquement efficaces n'ont produit que 53,8 % de la quantité de crédits qu'elles auraient pu produire si elles opéraient à rendements constants. Ce résultat laisse entrevoir que les banques commerciales de la CEMAC souffrent énormément de problèmes d'inefficacité d'échelle. Il montre en effet qu'en moyenne, le rythme de croissance des crédits a été inférieur à celui des dépôts durant la période d'étude. Ce qui confirme le fait que les banques soient surliquides mais n'octroient que très peu de crédits.

La graphique 1 ci-dessous permet une meilleure appréciation de l'évolution des scores moyens annuels sous différentes hypothèses de rendements d'échelle.

Graphique 3.1 : Evolution des scores moyens d'efficacité

Score moyen d'efficacite

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0

2001 2002 2003 2004

Année

Technique totale Technique pure Echelle

Source : COBAC , nos calculs

Ce graphique révèle que le niveau moyen d'efficacité technique pure reste pratiquement constant sur toute la période de l'étude. On remarque juste une légère baisse entre 2002 et 2003 ainsi qu'une légère hausse entre 2003 et 2004. Sa valeur est relativement élevée dans la mesure où elle se situe au dessus de 0,5 sur toute la période de l'étude. Cette constance de l'indice d'efficacité technique pure montre que les pratiques de gestion des banques n'ont pas beaucoup varié durant la période de l'étude.

Par ailleurs, le niveau moyen d'efficacité technique totale dont la valeur est restée toujours inférieure à 0,5 décroît considérablement entre 2001 et 2003 avant de connaître une remontée moins que proportionnelle entre 2003 et 2004. Le niveau moyen d'efficacité d'échelle quant à lui, a connu une évolution quasiment identique à celle du niveau moyen d'efficacité totale sur toute la période de l'étude. On peut donc affirmer au regard de ces constats que l'efficacité d'échelle explique pratiquement à elle seule, l'évolution de l'efficacité technique totale des banques sur la période de l'étude.

Les banques commerciales de la CEMAC ont beaucoup plus souffert entre 2001 et 2004 de problèmes d'inefficacité d'échelle19 que de mauvaises pratiques de gestion. Leurs sous productions sont beaucoup plus liées à un problème d'échelle sous optimale qu'à un problème de mauvaises pratiques de gestion. Il ressort du tableau 3.3 ci-dessous que le niveau moyen d'inefficacité totale sur toute la période s'est établi à 0,631 signifiant que sous hypothèse de

19 Indice d'inefficacité = 1- indice d'efficacité

rendements constant, les banques commerciales de la CEMAC auraient pu accroître proportionnellement leur volume de crédit de 171 %20 en maintenant le niveau des dépôts constant. Sous hypothèse de rendements variables, cet accroissement s'élève plutôt à 44,3 %.

Tableau 3.3 : Score d'inefficacité moyen entre 2001 et 2004

Période

Totale

Pure

Echelle

2001

0,549

0,307

0,340

2002

0,615

0,300

0,432

2003

0,741

0,343

0,605

2004

0,618

0,277

0,469

2001-2004

0,631

0,307

0,462

Source : COBAC, nos calculs

L'inefficacité d'échelle quant à elle, s'est établie sur la période de l'étude à 0,462 signifiant que les banques déclarées techniquement efficaces sous hypothèse de rendements variables, pourraient accroître leur volume de crédit de 85,8 % sans changer la quantité de dépôts utilisés si elles opéraient à rendements constants.

Graphique 3.2 : Evolution des scores moyens annuels d'inefficacité

Score moyen d'ineffficacite

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0

2001 2002 2003 2004

Année

Inefficacité totale Inefficacité pure

Inefficacité d'échelle

Source : COBAC, nos calculs

20(0,631/0,369)*100=171

A la lumière de ce graphique, il ressort que c'est en 2003 que les banques de la CEMAC ont été en moyenne plus techniquement inefficaces car c'est l'année où toutes les courbes du graphique atteignent leur maximum. Il ressort également de ce graphique que l'inefficacité pure n'a pas beaucoup varié sur toute la période d'étude avec une valeur relativement faible et oscillante autour de 0,3. Ce qui témoigne le fait que les pratiques de gestion des banques n'ont presque pas changé tout au long de la période. L'inefficacité pure a atteint sa plus grande valeur en 2003 et sa plus petite valeur en 2004. C'est donc en 2003 que les banques de la CEMAC ont enregistré les plus mauvaises pratiques de gestion contrairement à 2004 où les pratiques de gestion ont été les plus bonnes.

L'inefficacité d'échelle a été croissante de 2001 à 2003 où elle a atteint son point culminant avant de décroître de 2003 à 2004. Ce qui veut dire qu'en moyenne entre 2001 et 2003, le rythme de croissance des crédits a été inférieur à celui des dépôts, en étant lui même décroissant. Autrement dit, le rythme de croissance des crédits en 2001 a été inférieur à celui des dépôts en 2001. De même, le rythme de croissance des crédits en 2002 a été inférieur à celui des dépôts en 2002, et également inférieur au rythme de croissance des crédits de 2001. Enfin, le rythme de croissance des crédits en 2003 a été inférieur à celui des dépôts en 2003, et également inférieur au rythme de croissance des crédits de 2001 et 2002. La décroissance de l'inefficacité d'échelle observée entre 2003 et 2004 signifie que le rythme de croissance des crédits en 2004 a été supérieur à celui de 2003.

L'inefficacité totale présente une évolution semblable à celle de l'inefficacité d'échelle sur toute la période. L'évolution de l'inefficacité pure étant pratiquement constante sur toute la période, l'évolution de l'inefficacité totale est en grande partie expliquée par l'évolution de l'inefficacité d'échelle.

Le graphique ci-dessous donne l'évolution des scores moyens mensuels d'efficacité technique pure et d'échelle pour l'ensemble de l'échantillon sur toute la période.

Graphique 3.3 : Evolution des scores moyens mensuels d'efficacité

0,9

0,8

0,6

0,4

0,3

0,2

0,0

0,7

0,5

0,1

Technique pure Echelle

M o is

Source : COBAC, nos calculs

Il ressort de ce graphique qu'à l'exception des mois d'avril 2002 et de septembre 2003 où l'on observe quelques variations brusques, le score moyen mensuel d'efficacité technique pure a connu une évolution presque stationnaire tout au long de la période, oscillant entre 0,6 et 0,8. Ce qui confirme le fait qu'entre 2001 et 2004, il n'y ait pas eu un grand changement au niveau de la gestion des ressources bancaires dans la CEMAC. Les pratiques de gestion sont restées presque les mêmes tout au long de cette période. La meilleure performance du système a été réalisée en décembre 2004 avec un score moyen de 0,8 contrairement à septembre 2003 où le système a connu sa plus faible performance avec un score moyen qui s'est établi à 0,44.

Ce graphique laisse également entrevoir que le score moyen d'efficacité d'échelle a connu une évolution presque stationnaire durant l'année 2001, avant de chuter en janvier 2002 où sa valeur s'est établie à 0,55. Son évolution a été également presque stationnaire durant l'année 2002 avec une valeur toujours comprise entre 0,5 et 0,6 et signifiant une contre performance des banques comparativement à l'année 2001. C'est en 2003 que les banques commerciales de l'échantillon ont beaucoup plus souffert de problèmes d'inefficacité d'échelle avec un score oscillant autour de 0,4 et atteignant sa plus faible valeur 0,36 en septembre 2003. En 2004, le score a évolué presque stationnairement avec une valeur toujours comprise entre 0,5 et 0,6 sur toute l'année.

On constate ainsi que c'est en septembre 2003 que les banques commerciales de l'échantillon ont été le plus techniquement inefficaces dans la transformation de leurs ressources. Elles ont réalisé un score d'efficacité totale de 0,2 signifiant qu'en septembre 2003, les banques de l'échantillon n'ont produit en moyenne que 20 % de ce qu'elles auraient pu produire à partir de leurs ressources si elles opéraient toutes à rendements d'échelle constants.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo