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Mesure de l'efficacité technique des banques commerciales de la CEMAC (Communauté Economique et monitaire de l'Afrique Centrale )

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par Leonnel KWAYEP DIMOU
Institut sous- régional de statistique et d'économie appliquée Cameroun - Ingénieur d'application de la statistique 2007
  

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Section 2 : LES MÉTHODES D'ESTIMATION DE L'EFFICACITÉ TECHNIQUE

La première tâche à accomplir lorsqu'on désire évaluer l'efficacité technique d'une unité de production est la construction d'une frontière de production, de profit ou de coût. Dans la pratique, cette frontière de référence n'est pas connue et doit être estimée empiriquement, grâce aux données de l'échantillon observé à partir d'unités similaires placées dans les mêmes conditions que l'unité étudiée et présentant les meilleures performances. L'efficacité d'une unité de production se définit donc par rapport aux unités de l'échantillon placées sur la frontière estimée et présentant les meilleures performances. Des scores d'efficacité sont ainsi attribués à toutes les unités de l'échantillon avec comme valeur 1 pour celles situées sur la frontière. Les unités en dehors de la frontière ont des scores strictement compris entre 0 et 1. Selon Forsund et al [cités par Nabil A. et Robert R ; (2000), p.4], « La distance dont une firme se situe en deçà de sa frontière de production et de profit, et la distance dont elle se situe au dessus de sa frontière de coût, peuvent être considérées comme des mesures de l'inefficacité ».

L'estimation d'une frontière de production, de profit ou de coût nécessite l'application de méthodes appropriées. Ces méthodes sont regroupées dans la littérature en deux grandes catégories notamment les approches paramétriques et les approches non paramétriques. Les approches paramétriques spécifient une forme fonctionnelle particulière à la frontière estimée. Ces fonctions peuvent être de type Cobb-Douglas, CES, Translog, etc. Elles peuvent être déterministes ou stochastiques. Les approches déterministes considèrent tout écart entre la frontière estimée et les données observées comme découlant entièrement de l'inefficacité. Par contre, l'approche stochastique décompose l'écart entre la frontière estimée et les données observées en deux composantes dont l'une aléatoire et l'autre découlant de l'inefficacité. Les approches non paramétriques ne font aucune supposition concernant la forme de la frontière estimée. Elles se basent sur la programmation mathématique pour construire la frontière d'efficacité et sont toutes déterministes. Les principales méthodes d'estimations de la frontière d'efficacité technique qui feront ici l'objet d'une présentation sont au nombre de 3 dont 2 approches non paramétriques notamment la méthode d'enveloppement des données et le Free Disposall Hull (FDH), et une approche paramétrique notamment l'approche de la frontière stochastique.

2.1 La méthode d'enveloppement des données

Plus connue sous son appellation en anglais « Data Envelopment Analysis (DEA) », la méthode d'enveloppement des données est une méthode déterministe non paramétrique d'estimation de fonctions frontières, qui suppose l'ensemble des possibilités de production comme étant un ensemble convexe.

La mesure de l'efficacité technique par la méthode DEA peut être faite suivant deux orientations. La première orientation tournée vers la maximisation des outputs est appliquée lorsque l'on cherche à augmenter les quantités d'outputs sans changer les quantités d'inputs utilisées. Par contre, l'orientation tournée vers la minimisation des inputs est appliquée lorsque l'on cherche à diminuer proportionnellement les quantités d'inputs sans modifier les quantités d'outputs.

La méthode DEA s'appuie sur les techniques de programmation linéaire pour estimer une frontière de production d'un échantillon d'observations. Cette frontière de production se situe au sommet des observations et correspond aux unités de l'échantillon les plus performantes. Elle enveloppe l'ensemble des observations de telle sorte que les unités moins performantes se situent en dessous de l'enveloppe. L'efficacité technique d'une unité de l'échantillon correspond ainsi à la distance qui la sépare de l'enveloppe. Elle est une efficacité relative dans la mesure où elle dépend des unités les plus performantes de l'échantillon. La figure ci-dessous permet d'illustrer cela dans le cas d'un échantillon d'unités utilisant un seul input pour produire un seul bien avec les rendements d'échelle supposés non constants.

D

A

X0P XP Input (X)

B

P

C E

Figure 2.4 : Illustration de la mesure de l'efficacité technique par la méthode DEA Output (Y)

Y*P
Y0P

O

Source : Ekuh Ngwese R. et Mbaku Mbah D. [2006]

Sur la figure ci-dessus, les unités de production A, B, C, D et E constituent l'enveloppe de référence par rapport à laquelle est évaluée l'efficacité technique des autres unités de l'échantillon. Elles correspondent aux unités les plus performantes de l'échantillon observé et leur efficacité technique est par définition égale à 1. Le point P n'étant pas sur la frontière, représente une firme techniquement inefficace. En effet, à partir de la quantité d'input XP dont elle dispose, elle est techniquement susceptible de produire la quantité Y* P d'output supérieure à celle qu'elle réalise Y0 P . Son efficacité technique dans ce cas vaut Y0 P / Y* P < 1 et correspond au rapport de la quantité d'output qu'elle produit à partir de la quantité d'input XP , par la quantité maximale qu'elle pourrait produire à partir de cette même quantité d'input au regard des meilleures unités de l'échantillon. Cette façon de mesurer l'efficacité technique correspond à une orientation output. La firme peut également produire la quantité Y0 P en utilisant moins d'inputs notamment une quantité X0P < XP . Son efficacité technique dans ce cas vaut X0P / XP < 1 et correspond à une orientation input. Selon Fare et Lovell (1978) [Cités par Coelli T. (1996)], les indices d'efficacité technique orientation output et orientation input sont égaux dans le cas de rendements d'échelle constants et différents dans le cas de rendements d'échelle variables. Cependant, notons que les unités de production situées sur la frontière estimée sont les mêmes quelque soit l'orientation choisie.

Le programme linéaire permettant la construction de la frontière d'efficacité dépend du type de rendement dans lequel s'effectue la production. On distingue ainsi le modèle à rendements d'échelle constants (ou modèle CRS15) et celui à rendements d'échelle variables (ou modèle VRS16) qui sont présentés ci-dessous.

2.1.1 Le modèle à rendements d'échelle constants

Le modèle CRS (orientation input) attribué à Charnes et al (1978) est basé sur la maximisation pour une firme donnée, du ratio correspondant à la somme pondérée de ses outputs sur la somme pondérée de ses inputs et considéré comme étant une mesure de son efficacité technique. Ainsi, si on dispose d'un échantillon de N unités de production, de K inputs et M outputs, pour chacune de ces unités, la mesure de l'efficacité de l'unité " i " de l'échantillon est donnée par le programme de maximisation ci-dessous :

15 Constant Returns to Scale.

16 Variable Returns to Scale

M

>2

,

u Y

m m i

 

~ 1

Max (u, v) h i= m , i =1, ..., N

K

k i
,

v X

k

>2

k 1

Sous les contraintes

~

~

~

~

~

~

M

~ u Y

m 1

= =

1 j=1, 2, ... , N

K

~

k 1

=

vkXk, j

 

m m, j

L u , v 0

=

m k

où hi est l'indice d'efficacité de l'unité de production " i "

m et k sont respectivement l'indice des outputs et l'indice des inputs ;

Xk , i et Ym, i représentent respectivement le kième input et le mième output de l'unité " i "; Xk , j et Ym, j représentent respectivement le kième input et le mième output de l'unité " j " avec j = 1,2, ..., N ;

um et vk sont des paramètres à estimer et représentent respectivement les coefficients

de pondération des outputs et des inputs.

L'objectif de ce programme est de déterminer les coefficients de pondération um et vk qui maximisent l'indice d'efficacité de l'unité " i " en s'assurant que cet indice évalué pour toutes les autres unités avec les mêmes coefficients um et vk , est inférieur ou égal à 1 signifiant que toutes les unités de l'échantillon sont situées sur ou en dessous de la frontière estimée.

La résolution du programme ci-dessus tel qu'il a été formulé, n'est pas chose aisée. Toutefois, ce programme peut être transformé en un programme linéaire en posant pour tout i

K

k k , i

>i: v X

k=1

1 . Le programme devient alors :

 

M

Max u Y

m m , i

>

m=1

Sous les contraintes :

K

~

v X 1

=

k k,i

~~

~

k 1

=

M K

~

~

~

u Y - v X 0

=

m m,i k k,i

m 1

= k 1

=

L u , v 0

=

m k

La forme duale équivalente de ce programme linéaire, peut s'écrire :

ö i

~- + ë =

N

~ Y Y 0

m,i j m,j

j 1

=

~

N

ö ? ë =

X ~ X 0

~ i k,i j k,j

~ë = 0

Sous les contraintes

~

Min

j 1

=

~ j

Ott X est un vecteur de dimension N de coefficients à estimer ;

öi est un scalaire compris entre 0 et 1 qui prend la valeur 1 pour une unité de production

située sur la frontière. Il représente pour l'unité de production " i ", la fraction de ses ressources qu'elle utilise optimalement.

La première contrainte signifie que le choix des coefficients Xj doit être tel que la somme pondérée des outputs de toutes les unités de production de l'échantillon soit au moins égal à l'output de l'unité étudiée. La seconde contrainte quant à elle suppose que pour une unité de

production située sur la frontière ( öi =1), la somme pondérée des quantités d'inputs utilisées par toutes les unités de production est au plus égale à la quantité d'inputs de l'unité étudiée.

La valeur öi solution du programme ci-dessus constitue une mesure de l'efficacité technique de la firme " i " dans le cas d'une orientation input. Ce programme linéaire est donc résolu N fois pour chacune des unités de l'échantillon et une valeur öi est obtenue pour chaque

unité correspondant à son score d'efficacité technique.

Le programme linéaire équivalent à celui ci-dessus et permettant d'obtenir l'indice d'efficacité technique dans le cas d'une orientation output est le suivant :

Max (1 i N)

ö = =

i

~ - ë =

N

~ X ~ X 0 k,i j k,j

j 1

Sous les contraintes

=

~

~- ö + ë =

N

Y ~ Y 0

~ i m,i j m,j

j 1

=

~ j

~ë = 0

Ott 1 < öi < 8 est un scalaire tel que 1/ öi (compris entre 0 et 1) détermine le score d'efficacité de l'unité de production "i".

Le modèle CRS permet d'obtenir une mesure de l'efficacité technique totale sans distinguer l'efficacité technique pure de l'efficacité d'échelle.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand