Avec le web 2.0, les éditeurs juridiques, qui
jusqu'alors n'avaient comme concurrents qu'eux-mêmes et l'Etat, ont
semblé se trouver confronter à de nouvelles concurrences.
Celles de leurs auteurs dont on pouvait craindre que
séduit par les promesses de liberté de ce nouveau web, ils s'en
soient détournés pour diffuser eux-mêmes leurs
écrits. Celles de citoyens lambda non nécessairement
formés au droit, que le web 2.0 aurait rendu ensemble, à
plusieurs, plus intelligents17(*) et aptes à en diffuser.
Des concurrences, d'autant plus à craindre que les
coûts élevés des éditeurs juridiques contrastent
inexorablement avec un web 2.0 essentiellement gratuit.
Pour autant, si ces craintes ont beaucoup été
formulées et exprimées lors de l'essor des blogs, elles l'ont
beaucoup moins été lors de celui plus tardif et récent des
réseaux d'échange et des réseaux sociaux. Est-ce à
dire qu'ils ne feraient pas peur aux éditeurs...?
Lorsqu'on sait qu'en mars 2010, le président de CNN
nous apprenait que « la concurrence » dont il a
« vraiment peur, [était] c'est celle des réseaux
sociaux », on ne peut que difficilement adhérer à une telle
conclusion.
« Les gens qui sont vos amis sur
Facebook, ou ceux que vous suivez sur Twitter sont des sources d'information
inspirant confiance. On clique sur les liens qu'on nous envoie et on leur fait
confiance.
Mais nous, nous voulons être le nom qui
inspire le plus confiance dans l'information. Nous ne voulons pas que les 1.000
personnes que vous suivez sur Twitter soient les sources d'information dans
lesquelles vous ayez le plus confiance. C'est un défi et nous devons
être à la hauteur »18(*).
Tout cela, ne vaudrait-il pas également pour les
réseaux d'échange et pour ces autres « organes de
presse » que sont les éditeurs juridiques...?
Ne devraient-ils pas voir dans tous ces réseaux,
« une alternative qui menace de [leur] enlever [leur]
public »?
Et dans le même temps, depuis l'essor des blogs aucun
bilan n'a été tiré.
Les craintes se sont-elles avérées ?
La spécificité de ce droit,
qu'après « cinquante » ans d'exercice, le
doyen Vedel peinait à définir, exempte-elle « ses
éditeurs » de toute craintes et concurrences possibles ?
La diffusion, l'éclairement et la connaissance du droit
peuvent-ils se passer d'éditeur ?
Sans doute faudrait-il dresser un bilan de ces quatre
dernières années19(*); du côté des éditeurs, du
côté des blogs; du côté de leurs auteurs, du
côté de leurs publics... Puis, confronter les réseaux
sociaux et d'échanges à l'offre fournie par l'édition
juridique et aux besoins de ses publics.