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évaluation socio- économique du conseil aux exploitations agricoles mise en oeuvre par l'Association pour le Développement des Exploitations du Centre(adeac), Akonolinga (Centre Cameroun )

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par Nestor Ngouambé
Universite de Dschang - Ingénieur agronome 2008
  

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4.4 Estimation des effets du CEF sur les exploitations agricoles d'Akonolinga

Après deux ans seulement d'expérience, il est difficile de mesurer les effets du CEF sur les exploitations. Mais à partir des connaissances mises en pratiques, quelques changements sont déjà observables. Les critères d'appréciation utilisés sont qualitatifs et quantitatifs. Les critères qualitatifs reposent sur les différences observées par les paysans quant aux pratiques. Les critères quantitatifs s'appuient sur les variations des quantités d'intrants directs (semences et pesticides) en fonction des superficies cultivées au cours des années 2007 et 2008.

4.4.1 Les effets qualitatifs

L'étude montre que 10 % des paysans ayant suivi le CEF estiment que le CEF n'a apporté aucun changement dans leur exploitation. Par contre 90 % estiment que le CEF a apporté un changement dans leurs habitudes culturales et leur façon de penser. Ainsi, parmi eux, 60 % ont affirmé avoir soit augmenté la superficie des cultures rentables et réduire celle des cultures moins rentables, soit diminué le montant de crédit pris à la caisse d'épargne (grâce à la diminution de la quantité d'intrants), soit pris l'habitude d'élaborer un budget en début de campagne dans un registre où ils ont relevé les entrées et les sorties. Et 40 % ont estimé avoir soit adopté la culture pure ou l'association d'au plus deux cultures (Banane plantain et macabo), soit respecté les écartements entre les plantes surtout pour les cultures vivrières et les céréales, soit intégré les groupes de travail, soit organisé mieux leur travail en définissant les tâches à faire et en aménageant pour certains, deux jours de repos par semaine.

L'étude a également montré que parmi ces paysans ayant affirmé avoir observé un changement dans leurs pratiques, près de 25 % pratiquent déjà les cultures maraîchères (piment, tomate). Il est important de signaler que près de 80 % de ces paysans prévoient après la récolte une quantité destinée à l'auto-consommation (arachide, pistache, maïs). En ce qui concerne le macabo, le plantain et le manioc, ils délimitent dans leurs parcelles une partie réservée pour leur consommation. La récolte de cette partie se fait progressivement sauf pour le macabo qui est récolté et conservé à la cuisine dans un coin obscur. On a aussi remarqué que certains paysans ciblent les gros régimes de plantain pour vendre et ne consomment que les petits.

4.4.2 Les effets quantitatifs

Les effets quantitatifs du CEF ont été estimés en terme de performance de production, notamment les rendements obtenus en 2007, des variations des besoins en intrants entre les années 2007 et 2008 et d'élaboration du bilan (Tableau 16).

NB : Dans cette partie, nous avons utilisé les performances moyennes des différentes cultures des exploitations enquêtées pour faire les calculs à partir des données obtenues pendant les enquêtes.

Tableau 16: Performance fin 2007 des exploitations après application du CEF

Types de cultures

Minimum

Maximum

Moyenne

Ecart type

 

Superficie

 
 
 
 
 

(ha)

,00

15,00

1,8558

2,77478

 

Production

 
 
 
 
 

totale (sacs)

,00

35

2,9865

5,47952

Cacao

 
 
 
 
 
 

Production

 
 
 
 
 

vendue (sacs)

,00

35

2,9865

5,47952

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

0

1443750

134510,58

235591,232

 

Superficie

,00

3,00

,9087

,64365

 

Production

 
 
 
 
 

totale (régimes)

0

2300

678,94

509,882

Banane-

 
 
 
 
 

plantain

Production vendue (régimes)

0

2000

505,33

426,917

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

0

2000000

514365,38

450442,006

 

Superficie

 
 
 
 
 

(ha)

,00

3,00

1,1394

,81712

 

Production

 
 
 
 
 

totale (bacots)

0

120

43,12

31,772

Macabo

 
 
 
 
 
 

Production

 
 
 
 
 

vendue (bacots)

0

100

31,21

25,349

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

0

1015000

172048,08

174839,878

 

Superficie

 
 
 
 

Manioc

(ha)

,00

2,00

,2548

,52741

 

Production

 
 
 
 
 

totale (filets)

0

100

12,21

24,880

 

Production

 
 
 
 
 

vendue (filets)

0

80

9,13

20,857

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

0

800000

61413,46

162502,993

 

Superficie

 
 
 
 
 

(ha)

,00

2,50

,4808

,58336

 

Production

 
 
 
 
 

totale (filets)

0

12

3,06

3,449

Pistache

 
 
 
 
 
 

Production

 
 
 
 
 

vendue (filets)

,00

7,00

1,6731

2,04576

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

0

800000

56865,38

119323,917

 

Superficie

 
 
 
 
 

(ha)

,00

1,50

,0962

,29768

 

Production

 
 
 
 
 

totale (filets)

0

25

1,65

5,179

Maïs

 
 
 
 
 
 

Production

 
 
 
 
 

vendue (filets)

0

10

,44

1,731

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

,00

375000

24423,0769

79942,71139

 

Superficie

 
 
 
 
 

(ha)

,00

,50

,0192

,09709

 

Production

 
 
 
 
 

totale (cageots)

0

35

1,35

6,796

Tomate

 
 
 
 
 
 

Production

 
 
 
 
 

vendue (cageots)

0

30

1,15

5,826

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

0

150000

4903,85

25156,186

 

Superficie

 
 
 
 
 

(ha)

,00

,50

,0433

,13757

 

Production

 
 
 
 
 

totale (cageots)

0

25

2,06

6,521

Piment

 
 
 
 
 
 

Production

 
 
 
 
 

vendue (cageots)

0

25

1,92

6,116

 

Revenu

 
 
 
 
 

(FCFA)

0

150000

10769,23

34362,323

Bacots : appellation des sacs utilisés pour mesurer les sacs de macabo (1 bacot = 3 sacs de marché = environ 35 Kg)

Les cultures de cacao, banane plantain, macabo, manioc et pistache présentent de meilleures performances. Selon les paysans, ces rendements sont meilleurs par rapport à ceux obtenus en 2005 et 2006.

Comme autres effets du CEF, il y a le fait que les paysans se débrouillent déjà à calculer leurs revenus nets et à les répartir entre les dépenses prioritaires. Le tableau 17 ciaprès ressort un exemple du calcul du revenu disponible des paysans ayant suivi la formation en CEF

Tableau 17 : Exemple d'élaboration du bilan et estimation du revenu des paysans en CEF

Bilan : Recettes / dépensescampagne 2007

Campagne en cours (2008)

Recettes activités

Montant (en FCFA)

Dépenses activités

Montant (en FCFA)

Produits de

Minimum

0

Intrants directs

0

rente

Maximum

2300000

 

288000

 

Moyenne

654500,94

 

63722,64

 

Ecart type

490078,151

 

55772,356

Produits

Minimum

0

Intrants directs

0

vivriers et céréales

Maximum

1015000

 

225000

 

Moyenne

315433,96

 

25971,70

 

Ecart type

248124,582

 

34190,560

Produits

Minimum

0

Intrants directs

0

maraîchers

Maximum

472000

 

25000

 

Moyenne

27962,26

 

1283,02

 

Ecart type

88946,173

 

4302,849

PFNL

Minimum

0

Intrants directs

0

 

Maximum

50000

 

0

 

Moyenne

943,40

 

0

 

Ecart type

6868,028

 

0

Prêts des terres

Minimum

0

Main d'oeuvre

0

 

Maximum

0

 

300000

 

Moyenne

0

 

69245,28

 
 
 
 
 
 
 

Ecart type

0

 

61169,659

Remboursement

Minimum

0

Remboursement

crédit

 

0

dettes

Maximum

450000

 

562500

 

Moyenne

45547,17

 

16933,96

 

Ecart type

88631,164

 

80034,009

Activités extra

Minimum

0

Location

des

0

agricoles

Maximum

6000000

terres

 

35000

 

Moyenne

294528,30

 
 

660,38

 

Ecart type

849612,618

 
 

4807,620

Intérêt sur

Minimum

0

Petits

 

0

l'épargne

Maximum

100000

équipements

 

250000

 

Moyenne

3175,47

 
 

64518,87

 

Ecart type

15273,039

 
 

74406,366

Recette totale

Minimum

310000

Dépenses

 

50000

(RT)

Maximum

3168000

totales (DT)

 

843000

 

Moyenne

1185974,53

 
 

279179,25

 

Ecart type

573269,125

 
 

63848,278

Revenu

Minimum

 

151000

 
 

disponible (RD)

Maximum

 

2853000

 
 
 

Moyenne

 

910709,43

 
 

RD= RT-DT

Ecart type

 

492064,193

 
 

Les cultures les plus rentables des exploitations enquêtées sont les cultures de rente mais il est important de mentionner que ce montant élevé est dû au revenu obtenu de la vente du plantain qui représente environ 79 % du montant global. C'est pour cette raison que la plupart des exploitations augmentent les superficies de plantain chaque année (de 0,8 ha en 2007 et à 1,2 ha en 2008). Nous remarquons également que les paysans intègrent progressivement les cultures maraîchères dans leurs pratiques. En 2007, les paysans ont cultivé de petites superficies des cultures maraîchères qu'ils ont augmentées en début de campagne de l'année 2008 (voir tableau annexe 4)

4.5 Mesure de l'impact du CEF

4.5.1 Impact Social

Le CEF à Akonolinga a un impact positif sur l'organisation sociale et le renforcement de la solidarité. Grâce au CEF, ADEAC a organisé les femmes pour qu'elles puissent discuter de leurs problèmes. Cette organisation est rendue possible grâce à la création en 2006 d'une cellule féminine dans les zones de Mvan, Ndibidjeng, Ndéllé et Ondeck ayant pour objectifs d'aider les femmes à développer les AGR au sein de leurs ménages. En effet, selon les responsables de l'ADEAC, lors de la présentation du CEF au Nord Cameroun, les présentateurs ont montré que le regroupement des femmes au Nord a permis à ces dernières de résoudre certains problèmes (scolarité des enfants, nutrition etc) de leurs ménages. C'est grâce à cette présentation qu'ils ont eu l'idée de regrouper les femmes de leur zone d'intervention. En vue de réduire la pénibilité du travail et constituer une main d'oeuvre permanente, le CEF a favorisé la création des groupes d'entraide au sein des communautés. L'aide apportée à chacun ne se limite pas aux activités des champs car selon eux en cas de problème ils ont d'abord recourt à un membre du groupe ou de la caisse. Par exemple certains paysans permutent les tours de travail en fonction des activités culturales. Cette attitude renforce la solidarité au sein des communautés.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld