7-4-2-Conclusion partielle
L'analyse de la variation du prix du riz importé en
fonction des caractéristiques du ménage et des attributs du riz
importé a permis de connaître les facteurs déterminant le
choix de ce type de riz par les consommateurs enquêtés. De
façon globale, on peut retenir que les principaux facteurs affectant le
prix du riz importé sont l'absence de corps étrangers, la
disponibilité durant toute l'année, la blancheur, l'arôme,
la cohésion des grains après cuisson et le revenu total du
ménage. Ces variables autant qu'ils sont, influencent positivement le
prix du riz importé dans les marchés. Ainsi les prix marginaux
implicites sont de 45,3FCFA pour l'absence de corps étrangers, 46,24FCFA
pour la disponibilité toute l'année, 51,66 FCFA pour la
blancheur, 16,21FCFA pour l'arôme et 14,11FCFA pour la cohésion
des grains.
7-4-3-Analyse des facteurs de préférence
liés au riz local
Les résultats de la régression du modèle
(B) relatif au riz local sont présentés dans le tableau
n°7-4. L'analyse de ce tableau révèle que le modèle
est globalement significatif avec un coefficient de détermination
multiple (R2) égal à 0,30. Ce qui signifie que 30% des
variations du prix du riz importé sont expliquées par les
variables explicatives introduites dans ce modèle.
Tableau n°7-4: Résultat de
l'estimation du modèle hédonique (B) relatif au riz
local.
Ln(prix moyen d'achat du riz local en
2005)=Y
|
lprloc5
|
Coefficients.
|
[95% Conf.Interval]
|
Prix Hédonique
|
Disponibilité du riz local en période pré
récolte
|
dispo1
|
-0,1685804(3,88)***
|
-.2549653
|
-.0821955
|
-48,2402
|
Disponibilité du riz local en période de
récolte ou post-récolte
|
dispo2
|
-0,1395758(-4)***
|
-.20908
|
-.0700716
|
-39,9404
|
Riz local collant
|
atribl5
|
0,0659907(1,72)*
|
-.0103953
|
.1423767
|
18,8836
|
Riz local à forte capacité de gonflement
|
atribl8
|
0,0483815(1,67)*
|
-.0093012
|
.1060642
|
13,8446
|
Riz local à texture dure
|
atribl9
|
0,1261518(2,13)**
|
.0081928
|
.2441107
|
36,0990
|
Ln(taille ménage)
|
lcasod2
|
-0,1450048(-3,3)***
|
-.2325718
|
-.0574377
|
-7,6487
|
Niveau d'instruction du chef ménage
|
casod4
|
0,064723(1,75)*
|
0,1146968
|
0,0050507
|
18,6079
|
Ln(quantité totale riz local consommé)
|
lqttotloc
|
0,0406141(1,86)
|
-.002784
|
.0840122
|
11,6219
|
Constance
|
_cons
|
5,868164(74,2)***
|
5.71075
|
6.025578
|
-
|
Nombre d'observations (N)
|
89
|
F de Fesher ( 9; 79)
|
4,53***
|
R-carré (R2)
|
0,30
|
Source : Enquête
Cotonou-Glazoué, Juillet-Août 2006
* ; ** et *** =significatif respectivement au seuil de 10%, 5% et
1% . (.)=Robust t-statistics wise
Ce tableau indique que le coefficient des variables
disponibilité du riz local en période pré
récolte est significatif à un seuil de 1%, la
disponibilité du riz local en période de récolte ou
post-récolte à 1%, la cohésion du riz local
à 10%, le bon goût à 1% , la forte
capacité de gonflement à 10%, la texture dure du riz
local à 5%, la taille du ménage à 1% et le
niveau d'instruction du chef de ménage qui est significatif
à 10%.
> La disponibilité du riz local en
période pré récolte
Cette variable est négativement corrélée
avec la variation du prix du riz local avec un coefficient hautement
significatif. Ceci rend compte du fait que la disponibilité du riz local
pendant la période pré récolte n'a pas un impact positif
sur l'augmentation du prix d'achat, mais au contraire, il est payé par
les consommateurs enquêtés à bas prix durant cette
période. Autrement dit, le consommateur n'est pas apte à payer
pour une augmentation du prix du riz
local au cours de cette période mais plutôt pour
une baisse de prix. Ici le prix hédonique de cette variable est
négatif et égal à -48,24 FCFA. Ce prix est synonyme du
fait qu'une disponibilité du riz local en période
pré-récolte induit une réduction du prix d'achat de
48,24FCFA.
Ce résultat est contraire à nos attentes qui
étaient un effet marginal positif pour la disponibilité du riz
local au cours de cette période. Cela nous amène à
conclure que les consommateurs ne sont pas encore prêts à payer le
riz local à un prix convenable même s'il était disponible
en période de pénurie (toutes choses égales par ailleurs).
Le problème de la préférence du riz local est donc
à rechercher ailleurs.
> La disponibilité du riz local en
période de récolte ou post-récolte
Comme précédemment, la disponibilité du
riz local en période de récolte ou de postrécolte est
négativement corrélée avec le prix du riz local comme
l'indique le tableau n° 7-4. Cet état de chose trouve sa
justification dans le fait qu'au cours de cette période, les producteurs
livrent à vil prix leur produit de récolte pour se faire un
revenu pour mieux se ravitailler en d'autre produits. Aussi certains
producteurs bradent-ils leur riz au cours de cette période pour faire
face aux dépenses des fêtes de fin d'année. Ainsi les
consommateurs ne sont pas à même de payer pour un riz local cher
durant la période récolte où le riz local est
supposé facilement accessible surtout en zone de production.
Ici également le prix hédonique de même
que l'élasticité de cette variable (voir Annexe 9) sont
négatifs et respectivement égal à -39,94FCFA et -0,14. Le
premier s'interprète comme étant la réduction du prix du
riz local exprimée ou souhaitée par les consommateurs en
période de récolte et post récolte.
L'élasticité égale à -0,14 signifie qu'une
disponibilité du riz local pendant cette période engendrerait une
réduction de 14% du prix moyen.
> La cohésion du riz local
Comme au niveau du riz importé, le coefficient de la
variable cohésion du riz local est positif et significatif au
seuil de 10%. La cohésion des grains constitue l'un des principaux
facteurs d'appréciation du riz local, comme l'ont démontré
Adégbola et Diagne (2006). Ainsi les consommateurs enquêtés
se disent aptes à payer marginal pour acquérir le riz
importé à un prix élevé lorsqu'on considère
sa capacité de cohésion. Pour eux le riz local n'a rien à
envier au riz importé lorsqu'on se réfère à cette
variable. Le prix marginal implicite de cette variable est positif et
égal à 18,88FCFA.
Un essai de comparaison entre ce prix implicite et celui du
riz importé nous montre que la cohésion du riz local après
cuisson est mieux appréciée par nos enquêtés (18,88
FCFA contre 11,14 FCFA pour le riz importé).
> La forte capacité de gonflement
D'après nos enquêtes, la capacité de
gonflement est le second facteur d'appréciation du riz local
après le goût. Les résultats de l'estimation du
modèle indiquent une corrélation positive entre cette variable et
la variable expliquée (voir tableau 5-6 au chapitre 5). Avec un prix
marginal implicite égal 13,84 FCFA et une élasticité de
0,48 ; les consommateurs de notre échantillon acceptent une augmentation
du prix du riz local de 13,84 FCFA lorsque sa capacité de gonflement est
reconnue bonne. Autrement dit, un riz local de forte capacité de
gonflement peut induire un accroissement de 48% de son prix moyen.
Ce résultat vient confirmer celui de Adégbola et
Diagne (2006) qui avaient montré que la capacité de gonflement
fait partie des critères d'appréciation du riz local dans leurs
zones d'études.
> La texture du riz local
Les résultats de la régression du modèle
hédonique relatif au riz local montrent que le coefficient de la
variable binaire texture dure du riz local est positif et significatif
au seuil de 5%. Cela signifie que les composantes de notre échantillon
apprécient bien la texture dure du riz local.
> La taille du ménage
Cette caractéristique du ménage est
négativement corrélée avec l'aptitude des consommateurs
à payer cher le riz local. Ce signe négatif du coefficient
indique que plus la taille du ménage augmente, plus le revenu par membre
du ménage diminue. Ainsi, le chef de ménage sera moins
disposé à acheter cher le riz à faire consommer par les
membres du ménage. Avec une valeur implicite égale à -7,65
FCFA, il ressort qu'une augmentation d'une unité de la taille de
ménage engendrerait une réduction de 7,65 FCFA l'aptitude de nos
enquêtés à payer le riz local.
> Le niveau d'instruction du chef de
ménage
Cette variable est introduite dans le modèle pour
connaître l'influence du niveau d'instruction du chef de ménage
sur le prix d'achat du riz local.
Les résultats de la régression indiquent une
signification au seuil de 10% pour le coefficient de cette variable avec un
signe attendu. Cela signifie que le ni veau d'instruction
du chef de ménages influence positivement l'aptitude
à acheter le riz local cher. Ainsi les chefs de ménage instruits
sont prêts à acheter plus cher le riz local que les chefs non
instruits. La principale raison pouvant justifier cette attitude, est leur
niveau d'éducation leur permettant de mieux s'informer sur les atouts
dont regorge le riz local surtout ses qualités organoleptiques.
La valeur implicite étant égale à 18,60
FCFA, nous pouvons conclure que les chefs instruits sont en mesure de payer le
riz local à 18,60 FCFA plus cher comparativement aux chefs de
ménage non instruits.
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