Du fait de l'étroitesse du commerce international du
riz (moins de 6% de la production mondiale) et du caractère
résiduel des échanges (les pays producteurs produisent avant tout
pour leur consommation interne), les prix internationaux sont soumis à
de fortes fluctuations (Ogoudedji, 2003).
Selon Hirsch (1999), cité par Adegbola et Sodjinou
(2003), «le riz est avant tout un marché de surplus, sujet à
une forte volatilité. Il est caractérisé de surcroît
par l'absence d'un véritable cours mondial de référence
remplacé (c'est une spécificité du riz) par les cotations
des principaux exportateurs. Par conséquent, il y aura autant de prix
que de contrats, chacun d'entre eux étant déterminé par
les caractéristiques physiques du riz (rond, moyen, long, extra long),
son origine qui revêt une importance croissante (Thaïlande, Surinam,
etc.), l'usinage et la transformation subis (cargo, semi-blanchi, blanchi,
poli, précuit, étuvé), le taux de brisures (de 0 à
100 % de brisures) et le conditionnement (vrac, sacs, sachets, etc.)».
Ogoudedji (2003) fait de plus remarquer que malgré
l'existence d'un contrat à terme sur le riz négocié
Chicago au "Chicago Board of Trade"(CBOT), aucun cours n'est utilisé en
référence internationale. En effet, à partir des
différents critères, on peut obtenir un nombre suffisamment grand
(voire illimité) de combinaisons. De ce fait, un cours unique du riz
n'a
donc pas une grande signification, surtout si on entend
l'utiliser comme référence pour apprécier la
«compétitivité» d'un paddy africain (Hirsch, 1999).
Dans beaucoup de pays, les prix disponibles ne concernent que
les marchés domestiques et indiquent les niveaux auxquels les
négociants acceptent d'acheter aux agriculteurs. Il existe toutefois des
indices de prix notamment pour le riz à l'exportation. Par exemple, les
cours du riz blanc (5% de brisures FAB Thaïlande) peuvent donner une
idée de l'évolution des prix à long terme.
Dans cette logique, une baisse continuelle des cours mondiaux
est observable depuis 1996. Elle résulte du double fait de politiques de
soutien aux exportations (dumping) des pays développés et de
politiques de restrictions aux importations de la part des pays importateurs,
qui contribue à maintenir une situation d'excès de l'offre sur la
demande. Ainsi, la Thaïlande, premier exportateur mondial, a mis en place
une politique d'aide aux producteurs endettés et poursuit son programme
de soutien aux exportations. Les Etats-Unis ont également
dégagé dans le cadre de leur FAIR5 d'importantes aides
budgétaires d'urgence aux producteurs de céréales pour
faire face à la chute des prix. De son côté,
l'Indonésie, premier importateur mondial, a établi d'importantes
restrictions aux importations de riz, ce qui a favorisé une nette
relance de la production nationale, avec une progression notoire des surfaces
ensemencées; en conséquence, les besoins d'importation de
l'Indonésie seraient de nouveau en baisse.
A court terme, le fait que certains pays soient virtuellement
exportateurs ou importateurs renforce l'instabilité des cours du riz. En
effet, certains gros producteurs étant à la limite de
l'autosuffisance, ils peuvent, selon les années être exportateurs,
importateurs ou les deux simultanément, avec des changements importants
dans les volumes commercialisés. A cet égard, d'autres facteurs
joueraient également un rôle notamment les changements de
politiques commerciales eu égard au soutien des filières
rizicoles dans les principaux pays producteurs; les caractéristiques du
marché international souvent considérées comme
relativement étroites; la fluctuation des taux de change et les cours du
pétrole, principale source de recettes d'exportation pour de nombreux
pays importateurs de riz. On note cependant depuis Avril 2003, une
remontée des cours mondiaux de riz en raison d'un regain de la demande
d'importation. Ainsi en Février 2006, on observe une nouvelle hausse des
prix mondiaux car avec l'arrivée progressive de la nouvelle
récolte asiatique, les grands pays
5 Federal Agriculture Improvement and Reform
(FAIR).
importateurs ont commencé à passer leurs
commandes annuelles. En somme, la situation du riz dans le monde
révèle qu'environ 90% du volume de riz est produit et
consommé par les populations d'Asie du Sud-Est. Paradoxalement, le
commerce mondial de riz a augmenté sous l'effet de l'accroissement des
importations en Afrique, tandis que les livraisons vers l'Asie sont
restées stationnaires.