CHAPITRE IV : NIVEAUX ET VARIATION DE LA FECONDITE DES
ADOLESCENTES AU CONGO
Le présent chapitre donne les variations de la
fécondité des adolescentes, et des comportements proches, au
Congo selon les différentes caractéristiques retenues dans
l'étude. Ces variations permettent, en effet, d'appréhender
l'ampleur du phénomène dans chaque catégorie
d'adolescentes suivant une caractéristique donné (ethnie,
religion, niveau de vie, niveau d'instruction, sexualité précoce,
etc.).
IV.1. NIVEAUX DE LA FECONDITE DES ADOLESCENTES AU CONGO
Les niveaux de fécondité des adolescentes sont
appréhendés ici à travers, d'une part, la proportion (en
pourcentage) de jeunes filles de 15-19 ans ayant déjà
donné naissance à au moins un enfant et, d'autre part, par la
contribution des adolescentes à la l'ISF. Celle-ci étant ici
définie comme la part (%) de l'ISF provenant de la tranche d'âge
15-19 ans (celle des adolescentes). Le traitement des données de
l'EDSC-I (2005) fait observer que 22,3 % des adolescentes congolaises ont
déjà donné naissance à au moins un enfant et, la
contribution des adolescentes (15-19 ans) à l'ISF est estimée
à 14%. Dans un contexte où les adolescentes représentent
près d'un quart de la population féminine en âge de
procréer (15-49 ans) - 22,1% en considérant l'échantillon
de l'EDSC-I, 2005 - cela représente bien sûr une contribution non
négligeable au maintien de la fécondité
générale à un niveau élevé.
IV.2. VARIATIONS DES DETERMINANTS IMMEDIATS DE LA FECONDITE
DES ADOLESCENTES AU CONGO
Cette section présente les résultats de
l'analyse descriptive des comportements proches de la fécondité
des adolescentes, obtenus à partir des tableaux de contingence. En
effet, le tableau de contingence (ou tableau croisé) est une analyse
statistique bivariée (croisant deux variables), qui permet
d'étudier les relations entre deux variables nominales, et le
degré de significativité de cette relation par le test du
Khi-deux. On calcule une probabilité dont la valeur sera comparée
au seuil fixé (10%, 5% ou 1%). Si cette valeur est inférieure au
seuil, on conclut que les deux variables sont associées. Dans le cas
contraire, on dit qu'il y a indépendance entre les deux variables.
IV.2.1. Aspects différentiels de l'âge aux
premiers rapports sexuels
Comme nous l'avons signifié plus haut, l'âge aux
premiers rapports sexuels influence directement la fécondité des
adolescentes ; il convient de dégager son ampleur dans certains
groupes d'adolescentes afin de mieux comprendre leur exposition à la
fécondité.
IV.2.1.1. Environnement socioculturel et/ou
socioéconomique et première activité sexuelle de
l'adolescente
Dans l'ensemble plus de la moitié des adolescentes
(64,2%) avait déjà connu leurs premiers rapports sexuels au
moment de l'enquête et, pour 68,9% d'entre elles ces rapports ont
été précoces (tableau 15).
a) Appartenance ethnique et sexualité des
adolescentes
D'une part, c'est chez les Sangha et les Mbochi que l'on
trouve les plus fortes proportions d'adolescentes dont la première
activité sexuelle est précoce (respectivement 77,1% et 76,1%),
d'autre part, cette proportion est relativement plus faible dans le groupe
Kongo (65,1%). Cependant, les adolescentes du groupe Téké et des
autres ethnies (respectivement 72,0% et 72,5%) occupent, dans une certaine
mesure, la position assez intermédiaire. Par ailleurs, au seuil de 10%
l'intensité de la première activité sexuelle n'est pas
associée à l'appartenance ethnique ; ceci implique que
l'entrée en vie sexuelle ne varie pas selon que l'adolescente
appartienne à tel groupe ethnique ou à un autre. Et c'est
plutôt l'âge d'entrée en vie sexuelle qui est fonction de
l'appartenance ethnique.
b) Religion et sexualité des
adolescentes
La première activité sexuelle n'est pas
associée (au seuil de 10%) à l'appartenance religieuse.
Cependant, l'âge aux premiers rapports sexuels varie d'une religion
à une autre : c'est chez les adolescentes qui n'appartiennent
à aucune famille religieuse que l'on trouve la plus forte proportion des
rapports sexuels précoces (76,5%), et à l'extrême cette
proportion est relativement faible chez les autres chrétiennes
(53,1%) ; entre ces deux groupes on trouve les adolescentes des religions
traditionnelles (70,7%), les chrétiennes traditionnelles (69,9%) et les
autres religions (67,0%).
c) Milieu de socialisation et sexualité des
adolescentes
Ce sont les jeunes filles socialisées en milieu rural
(75,6%) qui ont la plus forte proportion des rapports sexuels précoces.
En revanche, cette proportion est relativement faible dans les petites villes
(56,9%) et, les grandes villes (65,9%) se situent à un niveau
intermédiaire. Nous constatons que par rapport au milieu de
socialisation, l'effet du degré d'urbanité sur l'âge aux
premiers rapports sexuels n'est pas continu (trop conservateur en milieu rural
et trop libéral dans les grandes villes). Mais l'entrée en
activité sexuelle n'est pas associée au milieu de socialisation
(au seuil de 10%), ce qui traduit que la première activité
sexuelle ne varie pas selon que l'adolescente ait grandi en milieu rural ou en
milieu urbain.
d) Milieu de résidence et sexualité des
adolescentes
D'après les résultats du tableau 15, c'est dans
le milieu rural (76,8%) que se trouve la proportion la plus
élevée d'adolescentes sexuellement précoces, tandis que
dans les grandes villes et les petites villes cette proportion est sensiblement
la même (respectivement 63,4% et 62,0%). Comme pour le milieu de
socialisation, ces résultats montrent en effet que la relation entre
l'âge aux premiers rapports sexuels et le degré d'urbanité
n'est pas continue ; de même que la première activité
sexuelle n'est pas significativement associée au milieu de
résidence.
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