Conclusion partielle
Au terme de cette deuxième partie consacrée aux
mécanismes d'une socialisation juridique, rappelons que le but de cette
partie était de présenter le fondement théologique de
cette socialisation ainsi qu'une approche globalisante de socialisation
juridique adaptée au contexte du Sud - Kivu.
S'agissant du fondement théologique de la socialisation
juridique, nos recherches ont montré que ce processus d'information et
de formation du peuple au droit tire son fondement du texte de
Deutéronome 6, 6-7 où, après lui avoir donné la loi
au Sinaï, Dieu demande à Moïse de la lire et de l'enseigner au
peuple pour qu'il la mette en pratique. Il est avéré donc que
depuis Moïse, l'information et la formation du peuple au droit fait partie
intégrante de la mission, non seulement des serviteurs de Dieu, mais
aussi de l'ensemble de son peuple. C'est pourquoi, dans l'Ancien Testament, la
socialisation juridique était faite par Moïse, Josué, les
juges, les rois, les conseillers du roi, les prêtres, les sacrificateurs,
les prophètes, les maîtres de la loi, les parents, etc.
Pendant la période néotestamentaire, la
socialisation juridique était l'oeuvre des Pharisiens qui, en
dépit de la contestation de leur approche par les Sadducéens (ces
derniers les accusaient d'avoir ajouté la tradition orale à
l'enseignement de la loi qui, selon eux devrait concerner seulement la loi
écrite), ont réussi à informer et former le peuple aux
lois.
Descendant de la lignée d'Esdras, les Pharisiens ont
fait des synagogues un lieu par excellence de la socialisation juridique.
Subdivisée en trois degrés, cette formation comprenait le
degré élémentaire où l'on associait l'apprentissage
de la loi à l'alphabétisation des enfants de 5-10 ans,
au-delà de 13 ans cet enseignement était approfondi au niveau des
académies. La formation des adultes était assurée dans les
synagogues et les retraites. L'impact et le succès de cette
socialisation juridique se manifestent dans l'attachement du peuple à la
loi et à l'intolérance envers quiconque enseigne ce qui est
contraire à cette loi. C'est ce qui justifie le conflit toujours
renouvelé entre Jésus et les Pharisiens d'une part et puis
l'apôtre Paul et le reste des juifs, de l'autre. L'exemple de
l'apôtre Paul qui connaît ses droits et les
revendique devant le proconsul, démontre le niveau de
l'appropriation de la loi par les juifs.
Cependant, ni Jésus, ni l'apôtre Paul ne sont contre
la loi comme telle, mais en tant que moyen du salut.
En ce qui concerne les mécanismes d'une socialisation
juridique globalisante, nos investigations ont dégagé qu'en RD
Congo, la socialisation juridique des citoyens est indispensable étant
donné que l'accès des citoyens aux lois est un droit
constitutionnel. Ainsi, le pouvoir public n'ayant pas rempli ce devoir
l'Eglise, à travers ses organisations non gouvernementales des DH, a
joué un rôle très important pour la promotion et la
protection de DH pendant la longue période de transition allant de 1990
à 2006.
Pour que la culture juridique puisse se développer dans
la Province, nous avons suggéré que le processus de socialisation
amorcé par Héritiers de la Justice soit globalisante en
atteignant toutes les couches de la population et pas seulement les
écoliers et leurs enseignants. De ce fait, l'Association devra impliquer
tous les milieux de socialisation encadrant la population dans la Province : La
famille, les confessions religieuses, l'école, les mutualités
tribalo-ethniques, les partis politiques, les médias, les syndicats et
la société civile. Sur le plan pédagogique,
l'éducation est indiquée pour les enfants, l'éducation et
l'apprentissage pour les jeunes et la formation pour les adultes sont des
approches à utiliser.
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