I-3- La confiance protectrice
L'adhésion au préservatif est souvent
mesurée par son utilisation au premier rapport, mais ce n'est pas
toujours celui-ci qui représente un risque. Le premier rapport ne
constitue pas forcément un baromètre de l'utilisation du
préservatif, car celui-ci est parfois sacrifié justement
après le rituel du premier rapport (souvent protégé,
surtout s'il n'est pas précoce), qui symbolise la porte d'entrée
pour une relation de confiance.
Dans l'imaginaire de l'individu, l'amoureux est pur, il ne
peut constituer un danger. Ce déni du risque va de pair avec la croyance
en la fidélité et la confiance mutuelles. A l'exception de
quelques garçons, qui ont des rapports sans être amoureux de leur
partenaire, la sexualité est conçue comme une expression de
l'affectivité, un échange mutuel, un don de soi, un engagement et
une preuve de confiance.
Le préservatif est alors interprété par
les adolescents comme un geste pour " se préserver de l'autre " et une
réaction de méfiance, démarche qui est contraire à
leur représentation de l'amour. Ainsi, leurs connaissances sur les MST
ne se traduisent pas toujours en pratique rationnelle d'évitement du
risque. Le savoir reste parfois coupé de la pratique. Il n'est alors pas
rare que les multipartenaires, qui ne font pas toujours le lien entre
sentiments amoureux et pratiques sexuelles, soient ceux qui se protègent
le plus. Bien connaître son partenaire amoureux et se faire confiance
deviennent des " protections imaginaires " contre le sida.
Le préservatif devient synonyme de méfiance, de
doute, de crainte, sentiments qui sont aux antipodes de l'amour, et par
conséquent, nécessaire uniquement le temps que l'" inconnu "
devienne " connu " et que la confiance s'installe (Mendes-Leite, 1993).
I-4- une banalisation de la maladie
On constate une diminution globale de la peur suscitée
par les différents risques et maladies, sauf pour les maladies
cardiaques et celles liées au tabac ou à l'alcool. En ce qui
concerne le sida et les maladies associées, le niveau de crainte est le
plus faible enregistré depuis 1994 : moins d'une personne sur quatre
craint le VIH pour elle-même et cette proportion est plus faible encore
pour les autres IST ou la tuberculose, alors que plus d'une personne sur deux
déclare en 2004 craindre les accidents de la circulation ou le cancer
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