5- Statut bioécologique des deux
échassiers étudiés dans la région de Batna et
recommandations de conservation
5.1- Statut bioécologique de la Cigogne blanche
Dans une large partie de son aire de répartition, la
Cigogne blanche a vu ses effectifs diminuer depuis les années 1930. Ce
déclin s'est accentué après les années 1950
notamment parmi la population européenne occidentale (SCHULZ, 1999).
Les résultats internationaux des deux derniers
recensements de 1996 et 2004-2005 ont révélé un
développement positif des populations de cigognes dans la
majorité des sites de sa reproduction. Selon THOMSEN et HÖTKER
(2006), les populations de cigognes blanches ont décliné de 20 %
entre 1974 et 1984 puis elles ont augmenté de 23 % entre 1984 et 1994-
95 ; la population occidentale a augmenté de 75 % depuis 1984, alors que
la population orientale a augmenté de 15 %. Aussi, les résultats
préliminaires du dernier recensement de 2004-2005, recueillis de 13
états, montrent que la population est encore en augmentation et qu'il y
a des pays où cette augmentation est de l'ordre de 100 % (THOMSEN et
HÖTKER, 2006).
Cette évolution des effectifs est constatée
aussi dans le bassin méditerranéen. En Algérie,
d'après MOALI-GRINE (2005), les récents dénombrements de
1998 et 2001, ont tous les deux confirmé la tendance à
l'augmentation de la population qui est passée de 1.195 couples en 1993
à près de 6.000 couples en 2001, ce qui rejoint les
synthèses du colloque organisé à Hambourg en 1996
concernant l'ensemble des populations de Cigognes blanches. Selon HAMDI et
al. (2007), en Tunisie, le nombre de nids est passé de 358
entre les années 1980-1999 à 489 nids en 2002-2005.
Dans la région de Batna, un recensement minutieux
réalisé récemment en 2006 par DJADDOU et BADA (2006),
donne 490 nids dont 7 nids non occupés. Deux autres recensements, aussi
exhaustifs, réalisés en collaboration entre le département
de Biologie (Association scientifique Biologie, Biodiversité et
Durabilité) et la conservation des forêts de la wilaya de Batna,
signalent un total de 593 nids occupés en 2007 et 670 nids
occupés en 2008 ; ce qui donne une densité de la population
variant de 11,5 couples/100 km2 en 2006 et 15, 9 couples/ 100
km2 en 2008.
Les résultats de ces recensements assez exhaustifs,
dénotent des lacunes observées au niveau des recensements
habituellement réalisés chaque année par les services des
conservations des forêts tant au niveau local que national ; qui
rapportent généralement des effectifs très en
deçà de la réalité. Ceci revient à dire que
l'Algérie abrite des effectifs très importants par rapport
à ce qui est signalé dans la littérature.
Aussi, nous signalons l'observation personnelle de
l'installation de nouveaux nids à Merouana, à Arris et à
El Madher (Annexe, photos 10 et 13). A M'Chounèche (W. de Biskra), nous
avons noté une première nidification de l'espèce en l'an
2009.
Ceci montre que la région des Aurès
connaît la même tendance ascendante des populations de cigognes
suite à l'implantation de plus en plus importante de nouveaux couples
dans la région.
Le cycle biologique de la Cigogne blanche dans la
région de Batna débute par les premières arrivées
enregistrées à la fin janvier et au début février,
et se termine par les départs en migration post nuptiale
enregistrés de la fin juillet jusqu' à la mi-août.
Pendant la période de son séjour, nous avons
relevé 7 milieux d'alimentation différents
fréquentés par l'espèce : les bordures d'eaux
usées, les prairies, les friches, les labours, les cultures basses, les
déchets d'aviculteurs et les milieux fauchés. Nous l'avons
également observé fréquentant les décharges
publiques en dehors des itinéraires suivis, notamment à Ain Touta
et à Arris (Annexe, photo 5).
L'étude du régime alimentaire basée sur
la décortication des pelotes de réjection de la Cigogne montre
que l'espèce est un prédateur entomophage. Elle s'alimente
essentiellement d'insectes avec un taux de 99,23 % contre 0,13 % seulement de
vertébrés.
Une sélection positive est apparue pour les ordres des
orthoptères, des coléoptères et des dermaptères
dans les trois principaux milieux fréquentés : prairie, milieu
humide et culture basse.
Parmi les familles les plus abondantes et les plus constantes
dans la composition de l'alimentation de l'espèce, nous citons les
Caelifera ind., les Scarabaeidae, les Ensifera ind.,
les Labiduridae, les Silphidae, les Tenebrionidae,
les Carabidae et les Harpalidae.
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