6- Migration et hivernage en Afrique
6.1- Migration
Le phénomène grandiose et passionnant de la
migration s'effectue chaque année entre la fin du mois de juillet et la
deuxième décade du mois d'août, où les cigognes
quittent leur lieu de reproduction et se rendent en Afrique pour y passer
l'hiver (SCHIERER, 1963 ; GORIUP et SCHULZ, 1991 ; ISENMANN et MOALI, 2000 ;
JONSSON et al., 2006).
Cependant, METZMACHER (1979), DUQUET (1990) et SKOV (1991a)
signalent que quelques individus s'attardent jusqu'à la mi-octobre. SKOV
(1991a), signale encore qu'il y a des cas très rares de cigognes qui ne
migrent pas et passent l'hiver sur les lieux de reproduction et supportent
même des températures de -25 °C au Danemark, c'est la cas
d'une cigogne mâle observée pendant les hivers 1985-86, 1986-87 et
1987-88.
Les cigognes blanches d'Europe se scindent en deux parties
bien distinctes pour migrer (Fig. 2), l'une suivant une voie orientale passant
par le Bosphore, la Turquie et la Palestine pour rejoindre l'Est africain (les
plateaux de l'Ouganda), l'autre emprunte une voie occidentale passant par la
France, l'Espagne, le détroit de Gibraltar survole le Maroc, puis la
Mauritanie pour qu'elle aboutit et se dissémine entre le Cameroun et le
Sénégal (DORST, 1962 ; SCHÜZ, 1962 ; THOMAS et al.,
1975 ; GRASSE, 1977 ; GEROUDET, 1978 ; WHITFIELD et WALKER, 1999). Une zone de
démarcation qui traverse les Pays-Bas et l'Allemagne occidentale,
sépare les deux courants migratoires et au milieu de laquelle passe une
ligne virtuelle où le partage se fait à 50 % (DORST, 1962).
Le départ des lieux de reproduction vers les aires
d'hivernage a lieu au Maroc et en Algérie au début d'août,
époque semblable à celle observée en Europe centrale (HEIM
DE BALSAC et MAYAUD, 1962).
La migration des cigognes d'Algérie semble se faire sur
un large front à travers le Sahara, bien qu'il se dégage une voie
privilégiée empruntant l'est de l'Algérie par El
Goléa, Ain Salah, Arak et Tamanrasset pour rejoindre le Sahel (ISENMANN
et MOALI, 2000). L'espèce a aussi été signalée,
parfois avec des effectifs importants, dans l'ouest du Sahara algérien,
notamment à Tindouf (HEIM DE BALSAC et MAYAUD, 1962).
Après un séjour de quelques mois sur le
continent africain, l'instinct rappelle peu à peu les cigognes vers le
Nord et la migration reprend. Les voies de retour sont sensiblement les
mêmes que celles de l'automne que ce soit à l'Est ou à
l'Ouest (GEROUDET, 1978).
Ces différentes voies de migration sont
constatées dans les premières études par les
méthodes basées sur le baguage. Les études récentes
utilisent le suivi satellitaire et arrivent à des résultats
beaucoup plus détaillés. Par exemple, BOSSCHE et al.
(2002), signalent que la période de vol varie de 8 à 10 heures
par jour séparées par des périodes de repos de 14 à
16 heures.
La région d'Israël-Palestine est une importante
voie de migration des oiseaux de l'Europe vers l'Afrique (Cigognes,
Pélicans...). A cet effet, les Israéliens ont
développé différents systèmes tels les radars pour
la prédiction des différentes altitudes des vols des
oiseaux migrateurs. Le plus récent "The convection
model ALPTHERM" est développé pour éviter les
éventuels accidents aériens avec les avions militaires qui sont
en permanence dans cette région. "The convection model ALPTHERM",
basé sur les conditions climatiques et les données de la
topographie, montre que la Cigogne blanche, lors de sa migration, atteint des
altitudes variant entre 488 m et 1.615 m (SHAMOUN-BARANES et al.,
2003).
En Espagne, GORDO et al. (2007), ont essayé de
modéliser la migration de cette espèce tout en reliant ce
phénomène aux conditions de l'environnement, aux conditions
géographiques et notamment aux comportements sociaux de l'espèce,
mais leurs résultats restent encore embryonnaires.
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